On connaît la célèbre abbaye de Sylvanès située au cœur de l’Aveyron. Autrefois grande abbaye cistercienne du Midi de la France, elle est aujourd’hui célèbre pour accueillir chaque année un grand festival de musique sacrée au rayonnement international. L’acoustique exceptionnelle de son abbatiale n’y est pas pour rien !
Mais ce que l’on sait moins c’est qu’à seulement 4 kilomètres de là, un autre joyau mérite le détour. Pour le découvrir, les plus curieux n’ont qu’à emprunter un petit sentier qui mène tout droit jusqu’à sa cachette. Arrivé au pied, c’est la surprise. Toute de bois vêtue avec des bulbes et ses clochetons, une petite chapelle nous transporte directement dans le grand froid glacial de la Russie. Simple pastiche commandé par des fidèles orthodoxes ? Pas du tout. La chapelle de Sylvnanès est une vraie chapelle russe ! Construite en Russie dans la région de Kirov, elle a été entièrement démontée et transportée en France en 1994 selon le vœu du père André Gouzes, puis remontée à l’identique par des jeunes charpentiers russes au milieu de la forêt aveyronnaise.
Réalisée en pin extrêmement solide, la technique de construction reprend des traditions très anciennes remontant au VIIe siècle. Les rondins de bois sont empilés les uns sur les autres de façon ingénieuse afin d’empêcher l’eau de s’y infiltrer. Composée de 2.500m2 de bois, cette église a parcouru pas moins de 4.000 km en train jusqu’à la gare de Millau pour arriver à Sylvanès, située à une cinquantaine de kilomètres. À l’intérieur, tapis et icônes plongent le visiteur dans l’atmosphère typique des églises orthodoxes. À gauche, une petite chapelle est aménagée comme une église catholique avec un grand Christ tandis qu’à droite s’expose une grande iconostase. Une manière de relier symboliquement les églises d’Orient et d’Occident comme le désirait son commanditaire.
Pourquoi une église russe à Sylvanès ?
Enfant de la région, le dominicain André Gouzes, célèbre compositeur liturgique et à l’origine de la renaissance de l’abbaye de Sylvanès, était particulièrement sensible à la musique sacrée russe. Au cours d’un de ses voyages, il est tombé sous le charme de ces églises en bois, attiré par leur beauté et leur simplicité. Lui vient alors l’idée d’en construire une chez lui, dans sa région natale, dans le but de créer un lien privilégié entre les églises orthodoxes et latines. Bien qu’elle ne soit pas consacrée, cette chapelle est ouverte à la visite et accueille, une fois par mois, les fidèles chrétiens pour des temps de prière.
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