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Comment la concurrence joue le rôle de régulateur

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Xavier Fontanet - publié le 04/01/22

L’ancien chef d’entreprise Xavier Fontanet fait l’éloge de la concurrence. Dans une économie de liberté, dit-il, la concurrence joue un rôle de régulateur. Elle promeut également la vertu d’humilité.

Concurrence ! Voilà encore un mot qui n’a pas bonne presse. Si on demande dans la rue ce qu’elle évoque, la plupart des gens interrogés vont répondre : “C’est la loi du plus fort.” Simone Weil considérait qu’elle était, plus encore que la quête du profit, responsable de la souffrance des ouvriers des grandes manufactures. Comment peut-on dans ces conditions se faire l’avocat d’un tel prévenu dont l’image est mauvaise dans le public, face à un procureur si respecté ? La récente grève de la SNCF serait-elle en train (!) de venir au secours de la concurrence ?

Les dégâts du monopole

La grève, heureusement de courte durée, a été la dernière manifestation des méfaits d’un monopole et de la puissance qu’il donne aux acteurs de cette entreprise. On n’est pas dans le cas d’une direction qui profite de la position de l’entreprise afin de tirer des profits excessifs pour l’actionnaire mais dans une configuration ou les syndicats prennent en otage les clients, pour contraindre la direction à octroyer des avantages supplémentaires alors que tout le monde s’accorde à dire que le personnel est déjà très bien traité. Elle est mal passée dans le public du fait qu’on menaçait de pourrir les vacances de nos citoyens fatigués par une longue épidémie.

Le manque de gratitude et d’élégance est révoltant quand on sait que le pays vient de reprendre la dette de l’entreprise (38 milliards d’euros). Ceci équivaut à une somme de 250.000 euros par employé et revient pour un ménage avec deux enfants à une augmentation d’impôt de l’ordre de 2.500 euros, bonne mesure des dégâts économiques que peut causer un monopole dans une société ! Seul le recours à une saine concurrence permettrait de maîtriser une telle situation : à la fois assurer un équilibre sain entre les différents moyens de transport (avion, route, fluvial et rail) et, à l’intérieur du rail, permettre à d’autres sociétés d’exploiter le réseau ferroviaire. Dans une économie de liberté, seule la concurrence contrôle les méfaits d’un monopole, rétablit la justice, protège le consommateur et joue un rôle de régulateur. 

La vertu d’humilité

Mais ce ne sont pas les seuls attributs bénéfiques de la concurrence. Elle est aussi générosité, puisqu’elle fait baisser les prix et repasse au consommateur les gains de productivité. Elle promeut la vertu d’humilité puisqu’avoir face à soi, tous les jours, un concurrent qu’on ne peut empêcher d’être intelligent, vous oblige à vous remettre en question continuellement. Mais la meilleure justification de la concurrence nous est probablement donnée par les très grands champions sportifs. Donnons l’exemple de Roger Federer : interviewé alors il venait de perdre une finale de Wimbledon contre Novak Djokovic (après avoir eu deux balles de match !) il rendit un hommage vibrant à son concurrent dans les termes suivants :

Je viens de voir passer ce magnifique titre mais je n’aurais jamais atteint un tel niveau de tennis sans Novak Djokovic et sans Rafaël Nadal ; bien sûr j’ai perdu un certain nombre de parties contre eux, mais la qualité qu’a atteint notre jeu enchante le public et développe notre sport partout dans le monde.

Cette saine concurrence, qui suppose un haut niveau d’éthique des acteurs, est un formidable facteur de progrès et couvre bien d’autres domaines que l’économie ou le sport. Aurions-nous eu Einstein sans Niels Bohr ? Michel-Ange sans Raphaël ? Newton sans Leibnitz et Van Gogh sans Monet ? Bien comprendre l’efficacité de la concurrence permet de grandir et de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. En vérité, la concurrence est dans le domaine économique l’expression la plus pure de la… liberté ! Ce n’est pas parce qu’il a des dérives regrettables, dues avant tout à des personnes, qu’il faut la remettre en cause et la vouer sans cesse aux gémonies.

Tags:
Bien communEntrepriseethique
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