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Nouvelle traduction du Missel : un regard neuf sur le mystère de l’Eucharistie

MESSE EUCHARISTIE
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Bernadette Mélois - publié le 24/11/21
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La directrice du Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle, Bernadette Mélois, présente la nouvelle traduction du Missel romain. Elle nous explique pourquoi celle-ci, dans sa triple fidélité, va nous aider à redécouvrir le mystère de la messe, car tous les mots comptent dans notre vie de foi et de prière.

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À partir du premier dimanche de l’Avent 2021, les catholiques francophones du monde entier utiliseront une nouvelle traduction du Missel romain. Aleteia en a fait une présentation détaillée le 27 octobre dernier, notamment des « dix points qui changent ». Je voudrais plutôt livrer ici quelques réflexions d’ensemble sur cet événement considérable pour les fidèles de langue française.

Pas de messe… sans missel

Nous avons ou aurons très bientôt devant nous un beau missel d’autel, relié de cuir rouge, à la couverture gravée d’un Christ bénissant. Ma première pensée devant cet ouvrage, dense et épais (1.421 pages), est de remercier pour vingt années de travail, des milliers d’heures de soin de la part des évêques, liturgistes, traducteurs, relecteurs, éditeur. L’Église nous offre un cadeau exceptionnel ! Pourtant, le Missel romain, quoiqu’indispensable à la célébration, est un livre discret : il n’est pas encensé comme l’évangéliaire, ou porté solennellement par le diacre au chant de l’alléluia. Tout juste voit-on les servants d’autel le déplacer, aller et retour, du siège de présidence à l’autel, ou bien le prêtre en tourner les pages pendant la prière eucharistique.

Malgré cette discrétion, ce livre est indispensable pour célébrer la messe. Il n’est pas seulement le livre du prêtre, mais celui de toute l’assemblée chrétienne, et contient à son intention un vrai trésor : les prières prononcées par le célébrant principal au nom de tous les fidèles rassemblés, les paroles des dialogues, les acclamations que nous chanterons, les bénédictions que nous recevrons, etc. 

Même en bon français, un langage qui ne serait pas facilement adoptable par les fidèles ne servirait à rien.

Cette publication va nous aider, tous et chacun, à mieux comprendre et mieux aimer les paroles et les gestes de la célébration eucharistique. Recevoir une nouvelle traduction d’un livre liturgique est toujours une étape importante dans la vie de l’Église. Et même, dans ces temps difficiles pour l’Église de France, ce Missel, comme l’a dit Mgr Éric de Moulins-Beaufort en conclusion de l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes, s’offre comme la chance « de redécouvrir le sens de ce que nous célébrons, non seulement dans les rites, mais dans notre vie… » Comment ne pas rendre grâce pour ce beau livre !

Traduire mieux pour prier mieux

La deuxième pensée qui me vient concerne le souci constant des auteurs de cette nouvelle traduction à la « triple fidélité » que rappelait le pape François en 2017. Certainement, il faut être le plus fidèle possible à l’édition typique latine, le texte-source établi à Rome, et dans une époque plutôt individualiste, il est bon de posséder désormais un texte dont la traduction dans toutes les langues est la plus semblable pour servir aux communautés de rite romain.

Mais les traducteurs ont aussi visé une deuxième fidélité : le respect de la langue française ! Dans une traduction, les tournures ne doivent pas « sentir » la langue originale. Un vrai défi ! Enfin, la troisième fidélité, plus délicate encore, est celle de l’intelligibilité pour les priants d’aujourd’hui. Même en bon français, un langage qui ne serait pas facilement adoptable par les fidèles ne servirait à rien. Pensons, par exemple, à la formule d’introduction de la préface. La nouvelle traduction devait certes rendre mieux compte de la richesse (quatre adjectifs !) de la phrase latine, mais asséner en série lesdits quatre adjectifs en français aurait été « imbuvable ». L’art de traduire bien, pour prier bien, a été cette trouvaille heureuse : « Vraiment il est juste et bon, pour ta gloire et notre salut » Il y a bien d’autres exemples heureux du même genre.

Une traduction ou une théologie ?

Je souligne un dernier point qui fera bien comprendre pourquoi les fidèles doivent se pencher sur ce Missel romain français de 2021, regarder de près les changements et les méditer. Il me semble, en effet, qu’une traduction liturgique a toujours à faire avec la théologie. Nous prions ce que nous croyons, ce que nous espérons aussi, et donc tous les mots comptent. Par exemple, dans l’intercession pour les défunts de la IIe prière eucharistique, le texte actuel : « Reçois-les dans ta lumière auprès de toi », fait place à celui-ci, plus proche de l’original latin : « Accueille-les dans la lumière de ton visage ». Le visage ? La face de Dieu, le face-à-face final ? Sans doute ce mot « visage » deviendra-t-il précieux pour notre foi et notre prière.

Un autre exemple serait celui du passage, dans la préparation pénitentielle de la messe, de la formule « nous sommes pécheurs » à la formule : « Nous avons péché ». Il y a plus qu’une nuance. Le nouveau texte (qui traduit littéralement le verbe actif latin) ne dit plus que nous sommes dans une « condition » de pécheurs, dans une « structure de péché » environnante, mais confesse que chacun de nous a commis des actes de péché. On peut discuter ces choix mais, on le voit, les mots ont leur poids. 

Désormais, nos célébrations vont être nourries par cette nouvelle traduction du Missel romain, et même s’il nous faudra un peu de temps pour nous en approprier les changements, je suis sûre qu’elle permettra un regard neuf sur le mystère de l’Eucharistie, ce mystère du Christ qui se rend présent au milieu de nous, pour nous faire vivre et faire de nous ses témoins.

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