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Malgré tous les périls rencontrés en chemin sur la route de la Hongrie où il se rend à la suite d’un songe, malgré un entretien avec le diable venu en personne pour l’effrayer, Martin finit par atteindre Sabaria mais, dans sa ville natale, tout ne va pas aussi bien qu’il l’espérait. Certes, sa mère l’écoute et réclame le baptême, mais son père, qui, autrefois, l’a renié et livré à la police militaire, est en vieillissant resté aussi entêté dans sa haine des chrétiens et n’a rien voulu avoir à faire avec ce fils décevant qui n’a même pas été assez habile, en reniant les vieux dieux, pour adhérer à l’arianisme que professe l’empereur. D’ailleurs, après quelques mois, contrariées de voir Martin ramener trop de gens à la foi catholique, les autorités le font expulser de Sabaria après l’avoir fait battre de verges en place publique.
Exilé sur une île déserte
Martin repart vers la Gaule, mais, arrivé à Milan, il y apprend que son évêque, Hilaire, champion de la lutte contre l’hérésie arienne, a été déposé et exilé en Orient. Dans ces conditions, pourquoi retourner à Poitiers ? Il s’installe à Milan et tente de relever le courage des catholiques, persécuté par l’évêque officiel, l’arien Auxence. Il ne faut pas longtemps à celui-ci pour s’offusquer de la prédication de ce nouveau venu et réclamer son bannissement de sa ville.
Se souvenant de la promesse du Christ aux disciples, affirmant qu’ils pourraient prendre les serpents à mains nues et boire sans danger du poison, Martin s’agenouille et se met à prier ardemment.
Volontairement, ou plus sûrement par condamnation juridique, Martin et un prêtre milanais catholique sont expédiés sur une île du Golfe de Gênes, Galinaria, îlot pelé, peuplé seulement d’oiseaux de mer. Les deux clercs s’en consolent en se disant qu’ils échappent ainsi à la fréquentation des hérétiques et qu’ils vont pouvoir mener en cet endroit une vie comparable à celle des pères du désert égyptien dont l’Église fait si grand cas. Pour avoir lu la Vie de saint Antoine Ermite, le best-seller de l’évêque Athanase d’Alexandrie, Martin sait comment vivaient ces amis de Dieu : dans la prière continuelle, la macération et le jeûne, qu’ils ne rompaient que pour absorber quelques légumes bouillis sortis de leurs potagers.
Une salade d’hellébore
Il n’y a pas, hélas, de potager à Galinaria, et il faudrait du temps pour en faire pousser. Alors, comme en attendant il faut bien se nourrir, ils cueillent et mangent ce qu’ils peuvent trouver sur l’île. Citadins tous les deux, Martin et son ami ne connaissent rien à la botanique et ils ramassent au petit bonheur la chance toute herbe qui leur semble comestible. Non sans risques… Un jour, Martin fait ainsi une salade d’hellébore, herbe médicinale qui, à haute dose, se révèle toxique. Peu après, bien entendu, il se tord de douleurs abdominales, plié de nausées, baigné de sueur, en proie à de terribles vertiges. Empoisonné et mourant… Un autre aurait paniqué. Pas lui. Se souvenant de la promesse du Christ aux disciples, affirmant qu’ils pourraient prendre les serpents à mains nues et boire sans danger du poison, Martin s’agenouille et se met à prier ardemment. Et les effets toxiques de l’hellébore se dissipèrent sans lui nuire.