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Le New Age est-il encore dangereux ?

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Père Bernard Bastian - publié le 09/10/21

Le New Age est né de l'influence croisée de la vague du développement personnel, de mouvements ésotériques et de spiritualités asiatiques. Il n'est plus tellement à la mode, mais cette pensée a infiltré d’innombrables domaines de la vie courante et elle conduit l'homme à des impasses.

Le New Age est le fruit de la contre-culture des années soixante-dix. Venue des États-Unis, celle-ci propose une vision renouvelée de l’homme et de son rapport au monde. Elle avance que le monde serait entré dans une nouvelle ère : celle du Verseau succédant à celle du Poisson. L’ère du Poisson étant celle des deux mille dernières années, c’est-à-dire celle correspondant à l’apparition du christianisme. Une manière de s’opposer dès le début à la révélation chrétienne ! Le Verseau — Wassermann en allemand — qui signifie littéralement qui « verse de l’eau » est le seul symbole astrologique qui soit humain. Cela dit quelque chose de ce qu’est profondément le New Age : le règne de l’Homme (avec un grand H) ! Le New Age postule, en effet, que c’est l’homme qui va verser l’eau de la connaissance sur la terre, une manière de signifier qu’il va être lui-même source de la connaissance. Parmi les traditions qui fondent le New Age, on peut citer : les pratiques occultes de l’Égypte ancienne, la kabbale, le gnosticisme des premiers siècles du christianisme, le soufisme, le savoir druidique, le christianisme celtique, l’alchimie médiévale, l’hermétisme de la Renaissance, le bouddhisme zen, le yoga, etc. Le New Age est un syncrétisme de diverses sources ésotériques d’Orient et d’Occident, qui conduisent à une vision du monde très répandue qui soutient que le moment est venu d’un changement radical des individus, de la société et du monde.

Ésotérisme et occultisme

À l’origine de ce mouvement, il y a quelques ténébreux promoteurs de l’ésotérisme. Ainsi Paul Le Cour, astrologue français, auteur en 1937 de L’Ère du Verseau considéré plus tard comme l’un des textes fondateurs du New Age. Avant lui, il y eut Hélena Petrovna Blavatski, fondatrice de la Société Théosophique, syncrétisme visant à unifier les ésotérismes orientaux et occidentaux. Cette femme était une véritable spirite qui vivait des transes et autres états de conscience modifiée. La mouvance New Age a tenté en vain d’annexer Rudolf Steiner, philosophe occultiste, membre de la Société Théosophique, avant de s’en séparer et de fonder Anthroposophie, un « chemin de connaissance » visant à « restaurer le lien entre l’homme et les mondes spirituels ». Steiner avait ainsi reconstitué la Trinité en y incluant Lucifer et en expliquant que ce dernier était tour à tour un ange bon et mauvais selon la personne à qui il s’adressait. Bien que les anthroposophes aient toujours considéré le New Age comme un invraisemblable bric-à-brac, de nombreux « new-agers » en ont adopté les principes en médecine, éducation, agriculture, etc.  Enfin, il y a un homme comme Benjamin Creme, auteur New Age écossais du XXe siècle, rendu populaire à la suite d’un battage médiatique autour de sa prophétie au sujet de la seconde venue du Christ. Il disait de lui-même qu’il était le nouveau Jean-Baptiste précurseur du Retour du Christ. Autant de leaders certes charismatiques, mais également de véritables gourous pratiquant l’occultisme comme une voie normale d’accès à la connaissance.

Une confusion entre le psychologique et le spirituel

Lapensée New Ageprône une nouvelle époque où plus rien ne sera comme avant. Ce que Marilyn Ferguson dans son livre Les Enfants du Verseau appelle le « Nouveau paradigme ». Un Nouveau paradigme pour un Nouvel homme. Il appelle l’homme à travailler à son développement personnel par toute une série de techniques et de pratiques médicales souvent liées aux médecines parallèles. Il postule ainsi que la médecine officielle (allopathique) ne traiterait que des symptômes particuliers, isolés, sans chercher à avoir une vue d’ensemble de l’état de santé de l’individu, donnant lieu bien souvent à une insatisfaction compréhensible. A contrario, les thérapies alternatives connaîtraient un réel succès, car elles considéreraient l’individu dans son ensemble et chercheraient à guérirplutôt qu’à soigner. Cette confusion a été reprise par le Mouvement du Potentiel Humain venu de Californie dans les années 60. Il en est de même avec la psychologie transpersonnelle, fortement influencée par les religions orientales et par C. G. Jung, qui propose un parcours contemplatif où la science et le mysticisme se rencontrent. L’accent mis sur la corporéité, la recherche de techniques d’élargissement de la conscience et l’intérêt porté aux mythes de l’inconscient collectif sont autant d’incitations à rechercher en soi le « Dieu intérieur ». Pour réaliser son potentiel, l’homme doit dépasser son ego et devenir le dieu qu’il est au fin fond de lui-même. Et pour cela, il lui faut choisir la thérapie appropriée : méditation, expériences parapsychologiques, etc.

Banalisation et infiltration

Le plus dangereux avec le New Age est que cette pensée est désormais très répandue dans de nombreux domaines de la vie. Une banalisation d’autant plus dangereuse que personne ne s’en rend plus compte. Le New Age entre dans notre vie à la faveur d’une lecture sur le développement personnel ou d’une pratique médicale visant à développer son potentiel énergétique, etc. La meilleure illustration, c’est encore ce que M. Ferguson déclarait dans son manifeste Les Enfants du Verseau lors de sa publication en 1999 : « Quelque chose de remarquable est en cours et se développe à une vitesse vertigineuse. Mais ce mouvement n’a pas de nom, il échappe à toute description. À mesure que nous découvrons l’existence de nouvelles organisations, de groupes dont l’intérêt converge dans les nouvelles approches de la santé, de l’éducation humaniste, de la nouvelle politique et de la gestion […]. Ses auteurs et ses acteurs se recrutent aussi bien auprès des conservateurs que parmi leurs adversaires. En quelques années, le mouvement a contaminé par ses implications la médecine, l’éducation, les sciences sociales, les sciences exactes et même les gouvernements. » Tout est dit.

Nous pressentons que derrière un relativisme religieux de façade, se cache une intolérance redoutable rejetant a priori toute forme de croyance qui n’entre pas dans le schéma de la religiosité naturaliste dite primordiale.

Une forme de panthéisme

Le New Age est une religiosité naturaliste relativiste.Selon le New Age, il suffirait de soulager les diverses religions de leur aspect dogmatique et hiérarchique pour découvrir, derrière ce fatras « exotérique », la véritable doctrine ésotérique. Au lieu de s’en tenir à une religion particulière, qui risque bien vite de devenir aliénante, il vaut mieux remonter jusqu’à la racine ou la source commune de toutes les religions appelée la « Tradition primordiale » à laquelle tous les fondateurs de religions auraient puisé l’essentiel de leurs enseignements. Selon Aldous Huxley, un tel syncrétisme, loin d’être réducteur, mettrait tout au contraire en commun le « meilleur » de chaque religion. Pour les adhérents au New Age, il ne fait aucun doute que cette « Tradition primordiale » est une religion naturaliste (qui divinise la nature ou naturalise Dieu). Le fait que ce panthéisme soit incompatible avec la conception du Dieu Créateur transcendant professé par le judéo-christianisme ne les trouble pas, car selon eux le transcendantalisme des religions juive et chrétienne résulte d’une dénaturation, par des disciples peu éclairés, d’enseignements originellement naturalistes. Il en va de même pour tous les autres points incompatibles : tous sont dénoncés comme des erreurs de la doctrine exotérique du christianisme qui a occulté les véritables enseignements du Christ. Nous pressentons que derrière un relativisme religieux de façade, se cache une intolérance redoutable rejetant a priori toute forme de croyance qui n’entre pas dans le schéma de la religiosité naturaliste dite primordiale.

Antichristianisme

Le New Age tire son inspiration de multiples traditions et rejette violemment la transcendance judéo-chrétienne. Son naturalisme s’inspire principalement des traditions orientales, redécouvertes à la fin du XVIIIe et tout au long du XIXe siècle. Puis dans la seconde partie du XXe siècle, les religions non chrétiennes hawaïennes, précolombiennes, amérindiennes, celtiques font également leur entrée. De la fusion de ces sources multiples émerge un syncrétisme que l’on pourrait définir comme un « émanationnisme énergétique », totalement incompatible avec le créationnisme judéo-chrétien et appelé à supplanter définitivement ce dernier. Au fil des années, le rejet du transcendantalisme judéo-chrétien n’a rien perdu de sa virulence. Un auteur aussi influent que Aldous Huxley ne se lasse pas ainsi de dénoncer les méfaits d’une religion dévouée à un Dieu personnel, citant l’exemple du Dieu « presque infra-humain » de l’Ancien Testament, « ce remarquable résumé de littérature de l’âge de Bronze », qui permet au croyant de « se justifier de donner cours à ses pires passions, par la réflexion qu’en agissant ainsi, il fonde sa conduite sur celle d’un Dieu qui éprouve de la jalousie et de la colère, qui est incapable de maîtriser sa rage, et se conduit en général comme un tyran particulièrement féroce. La fréquence avec laquelle les hommes ont identifié les incitations de leurs propres passions avec la voix d’un Dieu, hélas, trop personnel, est véritablement effrayante ». Ce mot d’ordre de l’un des maîtres à penser du Nouvel Âge peut expliquer les retours incessants dans toutes discussions avec le christianisme, sur les exactions dont cette religion se serait rendue coupable tout au long de son histoire, sans bien sûr qu’il ne soit jamais question des actions héroïques de charité accomplies par les saints au nom de ce même Dieu personnel.

L’homme n’a pas besoin de Salut

Pour le New Age, le monde créé est de l’ordre de l’illusion. Nous serions tous une seule et même réalité spirituelle à l’intérieur de laquelle chacun de nous existe. C’est ce que l’on appelle une vision « moniste » du monde. Dans ce monde, l’homme nouveau serait appelé par son intelligence et sa conscience à acquérir une nouvelle perception afin de se renouveler totalement. Cette vision du monde est très inspirée de la pensée ésotérique selon laquelle il faut accéder à une réalité cachée pour entrer dans une sorte d’éveil permettant l’accès à la vraie connaissance. Dès lors, l’homme n’a plus besoin d’être sauvé, il est simplement appelé à se développer et accède petit à petit à cet état de conscience supérieur. L’homme est libéré de la culpabilité de faire le mal et n’a plus besoin de relation personnelle avec Dieu. Si, pour nous chrétiens, la relation à Dieu est centrale et notre joie est de nous adresser à Jésus, au Père et au Saint Esprit, pour les adeptes du New Age il n’en est rien. D’une certaine façon il n’y a plus d’autre. La transcendance n’est plus un autre, mais une énergie impersonnelle. Le New Age conduit en fait à un orgueil très simple mais bien réel. Un orgueil spirituel qui fait dire à la personne qu’elle a tout en elle. Il y a dans le New Age une posture luciférienne, presque diabolique.

Le problème du New Age est qu’il n’a rien de rationnel. Il est généralement expérimental. Les fameuses énergies dont parle ce dernier n’ont jamais été découvertes par la médecine officielle…

Tout n’est qu’illusion

Le problème du New Age est qu’il n’a rien de rationnel. Il est généralement expérimental. Les fameuses énergies dont parle ce dernier n’ont jamais été découvertes par la médecine officielle, c’est-à-dire par la médecine allopathique. Certes, l’on sait qu’il y a des énergies dans le corps qui peuvent être enregistrées par divers appareils (ECG, EEG par exemple) mais l’on ne peut pas en déduire qu’elles prouvent l’existence des énergies décrites par le New Age. Le drame c’est que pour le grand public, tout cela est vrai. Pourtant, l’une des grandes limites de la pensée New Age est qu’elle n’a aucune cohérence intellectuelle. La seule chose qui soit cohérente dans le New Age, c’est son monisme panthéiste, cette vision du monde selon laquelle tout serait un et cet un serait Dieu, ce qui fait que les réalités visibles ne seraient que des apparences fragmentées de ce grand tout. Mon meilleur ennemi (c’est affectueux sous ma plume) sur ce sujet est le docteur Woestelandt. Dans son livre De l’homme Cancer à l’homme Dieu, il explique que si vous examinez un arbre, une fleur ou un chien, si vous prenez le microscope le plus puissant, vous constatez que tout cela n’est que particules nucléaires qui vibrent. Il va du coup, jusqu’à affirmer : « Nous voilà donc avec l’illusion d’avoir une montagne, un arbre, une fleur ou un chien devant nous. » Avec le New Age tout n’est qu’illusion, tout n’est qu’énergie, tout n’est que vibration. Le rationalisme moderne est critiqué en particulier pour sa tendance à la fragmentation : il traiterait les ensembles organiques comme des mécanismes et réduirait l’esprit à la matière.

Une vision du monde qui entraîne à l’égocentrisme

Pour le New Age, c’est en développant notre potentiel humain que nous pouvons entrer en contact avec notre dieu intérieur et avec certaines parties de nous-mêmes qui ont été aliénées ou supprimées. Il postule ainsi qu’en cas de maladie, c’est en nous-mêmes que se trouve la source de la guérison et que nous pouvons l’atteindre en nous mettant en contact avec notre énergie intérieure ou énergie cosmique. Le Nouvel Âgefait ainsi la publicité d’un large éventail de pratiques telles que l’acupuncture, le biofeedback, la chiropraxie, la kinésiologie, l’homéopathie, l’iridologie, les massages et différentes sortes de techniques corporelles (comme l’ergonomie, le Feldenkrais, la réflexologie, le rolfing, le massage en polarité, le toucher thérapeutique, etc.), la méditation et la visualisation, les thérapies nutritionnelles, les traitements psychiques, différentes sortes de médecine des plantes, la guérison par les cristaux, les métaux, la musique ou les couleurs, les thérapies de la réincarnation ou enfin les programmes en douze étapes et les groupes de réalisation de soi. Selon le New Age, quand on est en harmonie avec soi, avec les autres et avec la nature, on peut s’attendre à avoir une bonne santé et même la prospérité matérielle.

Pratiques occultes

Le New Age conduit aux pratiques occultes. Il incite en effet ses adeptes à avoir recours à des personnes qui auraient la faculté de pénétrer dans l’au-delà : les médiums. Ces médiums affirment être sous l’emprise d’une autre entité pendant les transes, et ce par un phénomèneappelé channeling, au cours duquel le médium peut perdre le contrôle de son corps et de ses facultés. Ceux qui ont assisté à ces séances n’ont généralement pas de mal à admettre que ces manifestations sont bien de nature spirituelle mais qu’elles ne proviennent pas de Dieu, en dépit du langage d’amour et de lumière qui est presque toujours utilisé. Toutes ces pratiques occultes fonctionnent de la même manière. Elles font entrer les personnes en contact avec des soi-disant « anges de lumière » qui sont en réalité autant d’esprits mauvais qui lient petit à petit la personne sans qu’elle s’en rende compte et lui font perdre sa liberté. Avec ce type de pratique, les gens peuvent complètement décoller du réel. Car tous ces arts jouent souvent sur un désir de fuite de la réalité. Dans ma vie, j’ai rencontré des hommes et des femmes qui sont réellement devenus psychotiques avec ce genre de pratique. J’ai ainsi souvenir d’une femme m’ayant confié que son mari avait lors d’une séance de channeling reçu comme mission de fonder un Centre New Age international à New York. Il a pris le message au pied de la lettre et a laissé instantanément son épouse et ses quatre ou cinq enfants. Cet homme ne va pas être enfermé en psychiatrie et pourtant il y a là quelque chose qui relève de la santé mentale. Aujourd’hui, la plupart du temps, le New Age avance masqué. Et c’est là l’un de ses grands dangers.

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