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L’arbitraire de certains qui s’impose à la liberté des autres

PMA PARIS

LIONEL BONAVENTURE I AFP

Manifestation pour l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, Paris.

Jean Duchesne - publié le 21/09/21

Partout en Occident, les droits à l’IVG, à la PMA, au mariage gay et à l’euthanasie sont imposés aux dépens des débats où s’exercent et sont respectées les libertés de tous.

Pour prendre la mesure des temps actuels, on peut se demander ce qu’il y a de commun entre l’avortement, la procréation artificielle, les comportements sexuels minoritaires et l’euthanasie ou le suicide assisté. On peut s’apercevoir que la défense, maintenant la promotion et bientôt l’imposition de tout cela par des lois relève d’une même logique folle et mortifère.

De la conception à la “fin de vie”

Répertorions les faits. Un peu partout en Occident (pas seulement en France et au Parlement européen, mais aussi au Mexique, en Argentine…) des législations visant à faciliter l’interruption volontaire de grossesse ou à contourner la stérilité sont saluées dans les médias comme des victoires confirmant des droits fondamentaux. En Italie, le Vatican s’inquiète d’un projet de loi contre l’homophobie et les “discriminations sexuelles”, qui risque d’interdire de parler de la distinction et de la complémentarité entre l’homme et la femme. L’Union européenne menace de sanctions économiques ses six membres (tous à l’Est) qui n’ont pas instauré le mariage gay. Les esprits “éclairés” se félicitent qu’aux Pays-Bas, en Belgique, en Suisse et en Espagne, il soit déjà légal d’”aider à mourir“.

Toutes ces pratiques saluées comme des progrès se situent dans des domaines assurément fort divers, qui vont de la conception à la “fin de vie” en passant par les amours. Elles partagent cependant de se présenter comme des remèdes à des détresses : celles d’être enceinte sans être mariée ou (symétriquement) de ne pas pouvoir enfanter, ou bien d’être rejeté(e), voire persécuté(e) en raison d’une sexualité particulière, ou encore d’être diminué(e) au point de préférer en finir ou d’inspirer à ses proches d’arrêter les frais.

Quand l’exception dicte la règle générale

La compassion pour ces souffrances s’enlise néanmoins dans la contradiction. On en vient en effet à déclarer que sont normales, banales, ordinaires, sans conséquences et à mettre en œuvre de façon routinière des solutions expéditives à des problèmes qui, si réels et graves qu’ils soient, n’ont pas le caractère véritablement massif ou généralisé qui ferait que tous devraient se sentir concernés et juger ces solutions conformes aux “valeurs” qui les unissent.

Achever les mourants ou se donner la mort n’a jamais été accepté comme quelque chose que chacun pouvait envisager sans scrupules.

Or, au dire même des promoteurs de sa légalisation il y a bientôt cinquante ans, l’avortement devait rester exceptionnel. Par ailleurs, achever les mourants ou se donner la mort n’a jamais été accepté comme quelque chose que chacun pouvait envisager sans scrupules. De plus, la médecine est ébranlée dans son fondement lorsqu’elle tue au lieu de soigner. Il n’est enfin pas évident que, pour un enfant, “deux papas” ou “deux mamans” ne fasse aucune différence par rapport à “un papa et une maman”. 

La masse immergée de l’iceberg

Si l’on y regarde de plus près, le nombre d’IVG (plus de 200.000 par an en France) marque seulement d’abord que la contraception n’est pas la panacée et ensuite (plus profondément) que, dans la culture contemporaine, l’activité sexuelle est décorrélée de la vie de couple stable et fidèle et de la procréation, pour devenir une fin en soi, d’ordre ludique — un simple jeu auquel on aurait tort de ne pas au moins s’essayer. Ce qui suscite des conformismes à la permissivité ambiante, profite essentiellement aux prédateurs en tout genre et soulève de sérieuses questions de philosophie anthropologique, sociale et morale. L’avortement n’est ainsi qu’une facette de la partie émergée d’un iceberg dont affleurent aussi d’autres dimensions : les abus de mineurs, le harcèlement et la propagation de la prostitution et de la pornographie grâce à Internet et aux portables.

D’un autre côté, il n’y a eu en France ces dernières années qu’un peu moins de 7.000 mariages entre personnes de même sexe. Il semble que cette solution ne réponde pas aux besoins de tou(te)s les homosexuel(le)s. On peut même considérer le désir qu’ont certains couples homosexuels d’”avoir” et d’élever des enfants comme une reconnaissance implicite et involontaire de ce que fonder une famille est une aspiration universelle et un critère d’humanité épanouie parce que féconde dans ses amours. Quant à l’euthanasie, elle est, selon l’Institut national d’études démographiques (Ined), la cause de pas plus de 0,2% des décès dans notre pays.

Absence de débats

C’est donc sur la base de phénomènes que l’on peut qualifier de marginaux ou périphériques que la lutte, qui (sans doute sincèrement) se veut philanthropique, contre des détresses et des discriminations impose subrepticement à tous de redéfinir le bien commun qui doit établir le consensus vital pour toute culture, civilisation ou société. On dira peut-être que ces cas extrêmes sont représentatifs, si ce n’est décisifs, en raison des principes fondamentaux qui sont en jeu, et qui ne sont rien de moins que ceux de la devise républicaine : “Liberté, égalité, fraternité”. C’est bien vrai, mais cela requiert de s’entendre sur ces idéaux.

Remarquons pour commencer que le combat pour la justice sociale et la démocratie à l’ère de l’industrialisation a été motivé par le scandale d’oppressions et de misères non pas particulières mais de masses (notamment ouvrières). Notons ensuite et surtout que les débats qui seraient nécessaires aujourd’hui autour de l’IVG, de la PMA, du “mariage pour tous” et de la liquidation en “fin de vie” n’ont pas lieu, parce que les objections sont immédiatement jugées irrecevables.

Réfléchir ensemble pour vivre ensemble

L’exemple le plus net est l’intention affichée de priver les personnels soignants du droit d’invoquer la “clause de conscience” garantie par les lois pour refuser de procéder à des avortements ou euthanasies. On y oppose deux arguments. D’une part le mourant ou celle qui attend un enfant sans l’avoir désiré est en désarroi, et donc une victime à secourir d’urgence sans se demander si le moyen offert est le seul et le meilleur. D’autre part l’affirmation : “Mon corps m’appartient”, qui fait de la volonté individuelle de l’instant un absolu intangible, imposé à ceux qui, parce qu’ils ont une conception moins étroite, moins égocentrée du “sacré” ou de l’inviolable, ne sont pas d’accord pour pratiquer sur ce corps des opérations niant sa dignité qui est innée et reçue avant d’être appropriée.

C’est l’arbitraire de certains qui s’impose à la liberté des autres.

On comprend dès lors qu’il faille des lois pour non seulement protéger le droit d’accomplir des actes que beaucoup désapprouvent, mais encore y contraindre en excluant tout dissentiment public. C’est l’arbitraire de certains qui s’impose à la liberté des autres. C’est aussi, du coup, une remise en cause de la démocratie. Celle-ci n’est-elle que le système qui permet à la majorité politique du moment — et donc à ceux qui savent manipuler l’opinion — d’ignorer les objections des minorités, de les réduire au silence à la façon de Big Brother ? Il est instructif de se rappeler que le premier pays au monde à légaliser l’avortement a été la Russie léniniste en 1920. Il ne s’agit pas de méconnaître des souffrances et encore moins de juger et condamner quiconque, mais de s’interroger et de réfléchir ensemble.

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