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Aloysius Schwartz, le superhéros des bidonvilles de Busan

Aloysius Schwartz

© The Sisters of Mary | Fair Use

Aliénor Goudet - publié le 19/09/21 - mis à jour le 18/09/23

La vie d’Aloysius Schwartz (1930-1992), dit Père Al, est digne des films de Marvel. Né le 18 septembre 1930 à Washington, il est Issu d’un milieu pauvre et hostile. Il demande après son ordination à être envoyé “au pire endroit sur terre.” On l'envoie dans la Corée du Sud d’après-guerre où son œuvre fait des merveilles.

Corée du Sud, 1957. L’aube se lève à peine sur les bidonvilles de Busan. Mais déjà le père Aloysius Schwartz peut contempler les scènes cauchemardesques qui se présentent à lui. On ne peut ici garder les yeux ouverts sans voir une image sortie d’une dystopie. 

Dans une rue, des lépreux menacent de contaminer un passant s’il ne leur donne pas d’argent. Des prostituées de tous âges attendent désespérément des clients au bord des grandes routes. Une bande d’enfants avec la peau sur les eaux fouillent le cadavre d’un défunt. Le tout dans l’odeur nauséabonde des piles de déchets et de pourriture dans les égouts improvisés. 

La pauvreté, la douleur, le crime, le désespoir… Tout le mal-être du monde s’est incarné en ce lieu de misère. C’est comme si Dieu n’existait pas ici. La nausée monte à la tête du père Al. Il se détourne, secoué par un haut-le-cœur. Aucun être humain ne peut vivre dignement dans cet endroit si hostile. 

Son corps tremble alors que tout instinct lui hurle de s’enfuir loin d’ici. Pourtant, un petit rire, à la fois nerveux et sincère, échappe au jeune prêtre. Il contemple à nouveau le paysage inhospitalier.   

– Alors c’est cela, l’essence de ma nouvelle demeure ? dit-il. Puisque tu m’as envoyé ici, Marie, c’est ici que j’apprendrai l’espoir. 

Père des orphelins et businessman

Le père Al s’installe au coeur des bidonvilles pour commencer sa mission. Dans ce lieu sans eau courante ou électricité, il faut d’abord s’occuper des nécessités. C’est-à-dire créer des maisons d’accueil pour les plus démunis. Mais le monde ne fonctionne pas sans argent. Alors il fonde l’association « Korean Relief » aux États-Unis pour lever des fonds. 

La liste des besoins Père Al s’allonge toujours. Il faut aussi des hôpitaux, des orphelinats, et des écoles. Ce qui l’attriste le plus, ce sont les nombreux orphelins de guerre, livrés à eux même. Après quelque temps, la solution lui paraît évidente : il faut des mères à ces enfants. 

Il demande alors l’aide de femmes de la région. La providence lui sourit, et rapidement lui viennent en aide de jeunes Coréennes. Leur présence permet d’opérer immédiatement une vraie différence. Elles donnent aux orphelins un cadre nécessaire à leur éducation et à leur développement. En 1964, ces femmes deviendront la Congrégation des sœurs de Marie

Une nouvelle idée germe alors dans l’esprit du père Al. Il a remarqué depuis son arrivée l’unique et jolie broderie des femmes coréennes. Il leur demande de broder des handkerchiefs ou mouchoirs de poche. Ils sont ensuite envoyés aux États-Unis avec les lettres de demande de don de « Korean Relief. » Les mouchoirs y connaissent un succès phénoménal. Surnommé « Opération Hanky », cela permet au père Al de disposer des fonds nécessaires pour continuer son œuvre et d’employer 3.300 femmes.

Dix ans après son arrivée, les bidonvilles sont méconnaissables. Là où s’entassaient les déchets se trouve un hôpital. Là où les mendiants se battaient pour une carcasse de rat, se trouve une école. C’est un véritable village de charité qu’à construit le père Al. 

Père Al contre la mafia et la corruption

Mais la mission n’est pas de tout repos. Outre ses soucis de santé qui l’ont parfois obligé à rentrer aux États-Unis se reposer, le père Al affronte de nombreux adversaires. Parmi les plus rudes, se trouve son propre évêque. Dans les années 1970, le père Al réalise que ce dernier utilise les dons de « Korean Relief » comme il l’entend.

Quand le père Al tente de récupérer le contrôle des finances, son évêque, furieux, s’empresse de salir le nom du prêtre américain auprès de ses semblables coréens. On essaye de le destituer, de l’expulser du pays, de le discréditer. Mais les témoignages et l’humilité du père Al sont sa meilleure défense. L’évêque rancunier ira jusqu’à faire libérer un mafieux pour se débarrasser du père Al. Plusieurs fois, ce dernier se fait attaquer. Mais chaque fois, il parvient à s’enfuir, notamment grâce à ses jambes de marathonien et la providence divine. Jamais il ne songe un seul instant à partir.

– Marie m’a confié une mission, répond-il quand on le lui suggère. Je reste. 

En 1989, les villages du père Al s’étendent aux Philippines. À cette époque, le père Al apprend souffrir d’une sclérose latérale amyotrophique (SLA). Mais rien ne le détourne de sa mission. En fauteuil roulant et tandis que ses médecins ne lui donnent que quelques mois à vivre, il établit un village au Mexique ! Il y a tant d’orphelins à secourir des réseaux de prostitutions, de drogues et de trafics humains. 

Le père Aloysius Schwartz s’éteint le 16 mars 1992 à Manille. Il est déclaré vénérable en 2015 par le pape François. Les sœurs de Marie se trouvent aujourd’hui en Corée, au Brésil, aux Philippines, au Mexique et en Tanzanie. Au lieu d’une cape et de collants, ce héros-là se contentait de la soutane et du chapelet.

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