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Pour une biodiversité intégrale

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© Nikolay Litov - Shutterstock

Tugdual Derville - publié le 09/09/21

Organisé à Marseille depuis le 3 septembre, le Congrès mondial de la nature tient lieu de sommet sur la biodiversité. Pour Tugdual Derville, la perte de biodiversité doit être regardée dans une perspective plus large d’écologie humaine.

S’il est un défi mondial incontestable, c’est celui de l’érosion de la biodiversité. En France, elle saute aux yeux pour tout amateur d’insectes ou d’oiseaux. Le déclin d’une espèce emblématique comme le Râle des genêts est la face émergée d’un iceberg, car ce sont des écosystèmes entiers qui s’effondrent, faune et flore ensemble. Pour la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, on n’en est pas encore à la sixième extinction de masse (disparition brutale des trois quarts des espèces), mais l’alerte est sonnée. 

10 millions d’espèces inconnues

Et, cette fois, les activités humaines sont en cause : des décennies de pollution, de déforestation, d’artificialisation des sols, de surpêche, auxquelles s’ajoutent l’introduction d’espèces « invasives » et les bouleversements climatiques. Le morcellement des zones naturelles, isolées par l’urbanisation, est aussi pointé, car on ne raisonne plus en écosystèmes statiques : le déplacement des espèces doit être préservé.

Peut-on favoriser des comportements responsables dans une atmosphère défaitiste ? 

Ironie du sort, c’est quand on réalise à quel point la biodiversité est menacée qu’on mesure combien elle reste à découvrir : 90% des quelque 10 millions d’espèces existantes seraient encore inconnues, sans compter les micro-organismes ! Loin d’avoir fini de répertorier les animaux et les plantes, l’homme se sent déjà responsable de leur survie, qui peut conditionner la sienne. Mais peut-on favoriser des comportements responsables dans une atmosphère défaitiste ? 

Des initiatives exemplaires

Le constat de l’étonnante résilience de la nature est encourageant, à condition qu’il ne déresponsabilise pas : on découvre qu’au cœur de zones agricoles saturées de pesticides, les bordures vertes qui longent nos autoroutes sont d’improbables refuges de biodiversité et même des couloirs de déplacement pour certaines espèces. Surprenant, alors que leur construction dégradait de précieux écosystèmes.

Saluons aussi les initiatives exemplaires. Au sud de Marseille, où se tient le sommet de la biodiversité, sous l’égide de l’Union internationale pour la conservation de la nature, la baie du Prado était dévastée par des décennies d’intense pollution à cause des rejets industriels et urbains. Sur un espace marin désormais sanctuarisé, quatre cents récifs artificiels de six types différents sont immergés depuis 2008, à trente mètres de profondeur : cachettes, corridors de déplacement, lieux de reproduction… Aujourd’hui, les dauphins y chassent à nouveau !

Biodiversité culturelle

Mais attention ! La perte de biodiversité doit être regardée dans une perspective plus large d’écologie humaine. L’homme est incarné ; il fait aussi partie de la nature, et la crise touche tout autant les milieux humains. Malgré une démographie en berne, trente mille hectares de nos terres agricoles ou boisées sont artificialisés tous les ans. À la périphérie des villes, s’étendent des zones commerciales dénuées de caractère, desservies par un système routier dévoreur d’espace. Désertés, les centres de nombreuses petites cités dépérissent, et avec elles l’identité de nos territoires. Faute d’enracinement et de relations communautaires, la biodiversité culturelle est menacée. Or, « la disparition d’une culture peut être aussi grave ou plus grave que la disparition d’une espèce animale ou végétale » (Laudato si’, 145). À ce titre, la protection de la nature doit être conciliée avec le droit des peuples autochtones d’en tirer leur subsistance.

Embellir la planète

Certes, ces défis dépassent en complexité ce que chacun peut faire seul. Il faut se relier et agir au plan local, national et international. Mais chaque être humain, dans sa façon de concevoir son habitat, son travail, ses achats, ses loisirs, son jardin, peut choisir d’être un réparateur plutôt qu’un destructeur. Embellir la planète pourrait être notre maître mot. Cela suppose de nous émerveiller des trésors qu’elle nous offre, et donc, de s’intéresser à tous les organismes vivants, sans négliger la beauté et la dignité uniques de chaque être humain. À nous de léguer aux générations futures une biodiversité intégrale !

Tags:
biodiversitéÉcologieLaudato si
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