Une nouvelle législation, dite "des battements de cœur", vient d’entrer en vigueur le 1er septembre au Texas. Elle interdit toute interruption volontaire de grossesse (IVG) après la sixième semaine de grossesse, c’est-à-dire quand les premiers battements de cœur de l’embryon sont généralement détectés. Depuis 1973, l’arrêt de la Cour Suprême "Roe v. Wade" garantissait à toutes les femmes de tous les États de pouvoir avorter jusqu’à 22 ou 24 semaines, tant que le fœtus n’était pas viable. Récemment, certains États ont fait marche arrière, comme l’Alabama en 2019 où l’avortement est maintenant passible de la peine de mort, et l’Arkansas qui a voté cette année son interdiction.
Le Texas n’a pas été aussi radical. Il avait déjà supprimé en 2017 l’IVG de l’Assurance maladie. Il est ainsi le premier État à appliquer la "loi des battements de cœur" pour protéger l’enfant à venir. Désormais, ce nouveau texte limite le droit à l’avortement à six semaines, tout juste le temps aux femmes de savoir qu’elles sont enceintes, "même en cas de viol ou d’inceste", et avec une exemption prévue en cas de danger pour la santé de la femme si le fœtus est porteur de malformations. En cas de violation de cette loi, quiconque aide une femme à avorter pourra être poursuivi en justice.
Selon les chiffres de l’agence fédérale des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, 619.000 avortements ont été pratiqués en 2018 aux États-Unis : 77,7% à 9 semaines ou moins de gestation, 92,2% à 13 semaines ou moins. Sachant qu’il faut attendre 24h après l’arrivée dans une clinique, autant dire que le délai est court. Ainsi, les jours précédant la mise en application de la loi, les cliniques texanes étaient prises d’assaut. La veille même, l’importante clinique Whole Woman’s Health de Fort Forth était pleine : 67 avortements y ont été pratiqués. La directrice des services cliniques a témoigné que "la clinique devait pratiquer huit avortements par heure avec un seul médecin de garde, octogénaire, qui travaillait depuis 7 heures du matin".
La loi fait débat et l’administration Biden a même dû promettre de protéger les cliniques en cas d’agression. Le ministère américain de la Justice "fournira l’appui des forces de l’ordre fédérales si une clinique pratiquant des avortements est attaquée", "nous ne tolérerons aucune violence, aucun empêchement physique et aucune atteinte matérielle contre les personnes cherchant à obtenir ou à fournir des services de contraception".