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“Traditionis Custodes” : la difficile épreuve de l’obéissance

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Fred de Noyelle / Godong

Joseph Challier - publié le 26/07/21

Si le désarroi, l’incompréhension et même la colère de certains fidèles de sensibilité traditionaliste peut s’entendre, il revient à tout catholique de chercher à comprendre ce que le Pape veut dire et de tenter de vivre l’unité.

Pour de nombreux catholiques attachés à la forme extraordinaire du rite romain, le motu proprio Traditionis Custodes constitue une épreuve douloureuse. L’usage de la forme liturgique qui a leur préférence est désormais soumis à des règles plus strictes. Comment accepter, comprendre et vivre ce décret pontifical, en demeurant dans la justice et la paix, avec amour de l’Église ? Voici quatre réponses aux questions que l’on se poser pour bien accueillir cette décision du Pape appelant à l’unité.

1Le motu proprio du pape François annule-t-elle celui de Benoît XVI ?

Le motu proprio de 2007 Summorum Pontificum était un acte d’audace, typique de la liberté du pape Benoît. Une main tendue pour l’unité. Le motu proprio de 2021  est un acte d’autorité, typique de la même liberté de François. Une main ferme pour l’unité. Nous voyons dans les deux gestes, et plus encore dans le lien entre eux, ce même désir d’unité. Pour rappel, un motu proprio n’engage pas l’infaillibilité du pape. C’est une orientation pastorale et un exercice d’autorité, pour le temps d’aujourd’hui. François peut donc revenir sur une décision de Benoît XVI. Tout comme un pape reviendra sur certaines directives de François. Il ne s’agit pas de doctrine, mais de discipline. Il est facile d’opposer les deux papes qui, si l’on regarde de plus près, agissent avec une surprenante continuité. Dans la barque de l’Église, Benoît et François n’utilisent pas chacun leur rame pour se taper dessus… mais pour avancer, ensemble, selon ce qui leur paraît bon pour le peuple de Dieu.

2Qu’a voulu faire le pape François avec ce motu proprio ?

François n’interdit pas la messe en forme extraordinaire. Mais devant un risque de division qu’il pressent (et c’est son rôle que de le voir), il restreint l’usage de cette forme, annonce qu’à terme sa fin est préférable (aura-t-elle lieu, c’est une autre histoire). Pour cela, une fois de plus dans son pontificat et selon la logique de Vatican II, il s’appuie sur le charisme de discernement des pasteurs locaux : les évêques. Le ton sévère, peu employé ces dernières années, surprend mais ne doit pas nous faire oublier ce qu’est un motu proprio : le pape agit ici en chef et pasteur. Que nous dit la fermeté de ce motu proprio ? Que le risque de division paraît important. Pour le pape François, l’unité de l’Église semble nécessiter ce rappel à l’ordre.

3Comment accueillir cet acte d’autorité appelant à l’unité ?

Si l’on peut reconnaître une rudesse dans le ton choisi (mais depuis quand le prophétisme est-il tendre ?), si l’on peut comprendre l’incompréhension face à un surprenant changement (mais tout observateur de la vie ecclésiale en France comprend les raisons de ces craintes), il revient toujours à tout catholique d’accueillir un texte du pape, selon son degré d’importance. De chercher à le comprendre et tenter de le vivre.

Le temps est un allié, tout comme l’humilité, la prière.

Pour les catholiques attachés à la forme extraordinaire du rite romain, ce texte est clairement une mise à l’épreuve. Il leur est aujourd’hui demandé de choisir l’obéissance. Il leur est demandé d’engager leur confiance dans leurs pasteurs, c’est-à-dire leurs évêques, dont le premier, le successeur de Pierre. Tous sont descendants des apôtres, chargés de la plénitude du sacerdoce, dotés du charisme de discernement… et tout à fait humains ! Il devient alors logique de prier pour son évêque, de l’écouter avec discernement et de le suivre avec confiance. Ou de lui parler fraternellement (ce qui permettrait peut-être d’oublier l’apostolat de la pétition, le sacrement de la calomnie et la béatitude de l’insulte). Et s’il tient une position contraire à la sienne… bienvenue dans l’épreuve de l’amour de l’Église ! La vie communautaire est à ce prix. Chaque chrétien porte en lui des convictions. L’imposer à l’autre ne construit en rien la communauté. Il vaut mieux apporter humblement ce que nous portons, renoncer à l’imposer, accueillir ce que porte l’autre et accepter l’autorité régulatrice. Si l’Église est notre mère, je l’aime même lorsqu’elle me corrige. Il sera bon de redonner sa chance au temps. Ainsi l’obéissance, comme deuil de ma volonté propre, pourra reprendre les étapes du déni, de la colère, du marchandage, de la dépression puis de l’acception. Le temps est un allié, tout comme l’humilité, la prière.

4Quelle place donner à la prière dans l’épreuve ?

Dans la prière, nous pouvons demander la grâce d’accueillir les grâces nécessaires pour vivre cette épreuve. Aux catholiques attachés à la forme ordinaire du rite, il est aussi donné de prier : prier pour ses frères dans l’épreuve, prier pour l’unité, l’apaisement, la communication et les renoncements. Car l’unité est une vieille dame fragile, qui avance sur ses deux jambes, celle de l’accueil de l’autre et du renoncement à son vouloir-propre. Un bel acte de charité serait aussi d’écouter et ne pas échauffer les esprits. De se taire peut-être à certains dîners. Et puis aussi de se remettre en question (vivons-nous Vatican II ou un pastiche ?) Peut-être le temps est-il venu d’en finir avec nos querelles de rite et que la messe soit dite. Pour aller annoncer l’Évangile aux nations.

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