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L’autel bouddhique du père Pierre Fage

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Autel funéraire familial, butsudan, dédié à Nichiren Shonin Fin du 19e siècle, Japon Bois laqué, métal, papier.

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Bérengère de Portzamparc - publié le 03/07/21
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Le Musée des Confluences de Lyon présente une exposition “regards missionnaires” jusqu’au 8 mai 2022. Des centaines d’objets du bout du monde, datant du XIXe siècle et rapportés par des missionnaires aventuriers, y sont exposés. Aleteia vous propose de découvrir l’histoire de sept d’entre eux. Aujourd’hui, l’autel bouddhique d’une famille japonaise convertie rapporté par le père Pierre Fage (7/7).

En 1898, le père Pierre Fage, des Missions étrangères de Paris (MEP) et alors procureur de la mission de Kobe au Japon, envoie à Lyon cet autel bouddhique, butsudan, appartenant à une famille japonaise convertie au christianisme. Placé par la suite dans la salle du Conseil du musée de la Propagation de la Foi, rue Sala, cet autel en bois laqué composé de divers accessoires, vase, encensoir, coupelles ainsi qu'un recueil, kakochō, contenant les noms et dates des ancêtres décédés. Dédié au moine Nichiren Shonin (XIIIe siècle) placé au centre, l’autel était utilisé pour rendre des cultes au Bouddha et aux morts à des heures et des dates fixes. 

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C’est le 6 décembre 1893 que Pierre Fage, tout juste ordonné prêtre pour les MEP, part à Osaka pour vivre sa vie de missionnaire. Après les premières initiations indispensables dont l’apprentissage du japonais, il est chargé du district de Fukuyama, puis l’année suivante, il devient procureur de la mission à Kobe. Tout en assurant ses fonctions de procureur, le Père Fage assume le ministère auprès de la paroisse européenne, des établissements des religieuses et des hôpitaux. Il lance la construction d'une nouvelle église dédiée au Sacré Cœur, qui sera achevée et bénite par l’évêque d’Osaka, Mgr Castanier le 9 décembre 1923. 

Sous l'épiscopat de Mgr Castanier, ce sont douze nouveaux postes de missions qui seront ouverts, l'évêque invitant plusieurs congrégations féminines et masculines à venir travailler chez lui, notamment dans le domaine de l'enseignement. Le nombre de prêtres passe ainsi de trois en 1918 à quatorze en 1943. En septembre 1940, Mgr Castanier doit donner sa démission, comme tous les autres ordinaires et supérieurs du Japon, pour laisser la place à un Japonais, ainsi que le veut la nouvelle loi japonaise. C'est l'abbé Paul Yoshigoro Taguchi (ordonné en décembre 1928) qui est choisi pour lui succéder. Devant la nombreuse assistance venue à la messe dans la cathédrale de l'Immaculée-Conception d'Osaka, l'évêque partant expliquera ainsi avoir rempli son but d’installer une Église particulière autochtone et s'agenouillera aux pieds de son successeur. 

S’il reste toutefois au Japon, il se retire et meurt de maladie trois ans plus tard. Il est enterré au cimetière des étrangers de Kobe en 1943. Quant au père Pierre Fage, il trouvera la mort en 1945, lors de la fin de la guerre du Pacifique. En effet, le 5 juin 1945, des avions américains bombardent le port et la ville de Kobe et le père Fage court se réfugier dans son église. Mais il périt dans l'incendie de celle-ci provoqué par le bombardement. Les quelques ossements retrouvés seront placés dans la tombe de Mgr Castanier. Ainsi va la vie des missionnaires, au cœur des aléas de la mission et de l’Histoire. 

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