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Pourquoi il faut regarder vers le Ciel avant d’agir

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Public Domain

The Ascension by Pietro Perugino, 1510

Jean-François Thomas, sj - publié le 02/05/21

Comme les apôtres regardent Jésus s’élever vers le Ciel avant d’aller porter la Bonne Nouvelle, la mission du baptisé commence par la contemplation.

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Si les Actes des Apôtres commencent par l’Ascension de Notre Seigneur, ce n’est point un hasard bien sûr. Le dernier événement terrestre de la vie du Christ ferme le couronnement de la Révélation et, désormais, selon l’ordre donné par le Maître aux apôtres à cette occasion, s’ouvre le temps de la mission et de l’évangélisation, ceci jusqu’aux extrémités de la terre.

Le lieu de l’Ascension est ce même Mont des Oliviers qui connut le début de la Passion. Il domine Jérusalem et l’esplanade du Temple. La Nouvelle Alliance regarde l’Ancienne Alliance, commençant par elle la propagation de l’annonce de la Résurrection. Cette terre est la première qui connut un élan missionnaire. Bien des siècles plus tard, celui qui va être à l’origine d’un des grands ordres missionnaires de l’Église au moment de la découverte du Nouveau Monde, saint Ignace de Loyola, ne s’y trompera pas, puisque, avant de mettre en place son projet religieux, étant pèlerin en Terre sainte aux mains des infidèles, il s’attacha plus spécialement aux traces subsistant de ce mystère de gloire. À l’époque son intention était de demeurer en Palestine, mais les franciscains, gardiens des lieux saints, mirent fin à son projet. Alors, avant de quitter Jérusalem, il échappa à la vigilance des guides qui protégeaient aussi les pèlerins contre les Turcs, et retourna au lieu de l’Ascension où s’élevait la petite église médiévale qui s’y trouve encore (mais désormais transformée en mosquée). Il donna le canif de son écritoire aux gardes afin de pouvoir entrer et faire ses dévotions, recevant « une grande consolation ». 

Puis, après être allé à Bethphagé, il précise dans son Autobiographie qu’il retourna au sanctuaire de l’Ascension car « il se souvint qu’il n’avait pas bien regardé sur le Mont des Oliviers de quel côté était le pied droit et de quel côté le pied gauche ». Cette fois, il sacrifia les ciseaux de son écritoire pour pouvoir entrer. Entretemps, les franciscains avaient envoyé un émissaire le chercher, inquiets. Lorsque ce dernier le retrouva, il fut très en colère car saint Ignace n’avait pas respecté les règles de sécurité et il menaça de le bastonner. Mais le pieux et désobéissant pèlerin précise qu’il « reçut de Notre Seigneur une grande consolation : il lui sembla voir le Christ sans cesse au-dessus de lui. Et cela, jusqu’au moment où il arriva au monastère, dura toujours, en grande plénitude ».

Contempler avant d’agir

Tout le programme missionnaire de la future Compagnie de Jésus est inscrite en ces paroles et trouve racine au lieu de l’Ascension…

Cet épisode de la vie de saint Ignace n’est point anecdotique, sinon il ne l’aurait point reportée dans ses Mémoires par ailleurs très succinctes. Cela signifie que ce fut un moment essentiel de son évolution spirituelle. En ce lieu, il médita sur les dernières paroles du Sauveur aux apôtres : « Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé : et voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle » (Mt 28, 19-20) ; « Allez dans tout l’univers, et prêchez l’Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé : mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Mt 26, 15-16) ; « Mais vous recevrez la vertu de l’Esprit saint, qui viendra sur vous, et vous serez témoins pour moi, à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac1, 8).

Tout le programme missionnaire de la future Compagnie de Jésus est inscrite en ces paroles et trouve racine au lieu de l’Ascension : enseigner et baptiser toutes les nations, se soucier du salut des âmes car il s’agit de la bataille rangée entre Satan et le Christ, agir en sachant que le Seigneur est Celui qui mène la barque par sa présence promise. Les Actes des Apôtres signalent que les disciples, demeurant sur place à regarder le ciel où Jésus avait disparu, sont alors rappelés à la réalité par deux anges : « Hommes de Galilée, pourquoi vous tenez-vous là, regardant au ciel ? » (Ac 1, 11) Les Onze ont commencé par contempler, avant de repartir vers Jérusalem et ensuite de rayonner dans toute la terre connue. Saint Ignace fera de même et conseillera aux jésuites de procéder de même : contempler avant d’agir, afin que toute l’action soit nourrie des fruits de cette contemplation et se transforme elle-même en une contemplation. Il est donc non seulement légitime, mais nécessaire de contempler le Ciel, sans relâche et sans pour autant en oublier les tâches terrestres pour la gloire de Dieu.

La première basilique constantinienne de l’Ascension, détruite par les Perses au VIIe siècle, comportait une coupole à ciel ouvert car il est dit que, lors de sa construction, il fut impossible de fermer la voûte et de recouvrir de dalles le sol où le Christ s’était tenu sur terre pour la dernière fois. Demeurèrent les marques des pieds du Christ, ceci même après les guerres et l’invasion musulmane. Ces marques saintes furent l’objet de la vénération des pèlerins et saint Ignace y attacha une attention particulière puisqu’il voulut constater par lui-même ce que le Sauveur contemplait alors qu’Il s’élevait vers le ciel. Regardait-Il l’Orient ou l’Occident ? Cela décida sans doute de son zèle missionnaire vers les Indes et au-delà dans cet Extrême Orient si méconnu. Saint François-Xavier est un fruit du pèlerinage de saint Ignace en Terre sainte !

Nos yeux sur le Ciel

Quelle est la morale de l’histoire ? Il faut regarder le Ciel, contempler, afin d’agir pour Dieu, et non pas simplement pour des occupations uniquement humaines. L’Église, depuis l’Ascension, est missionnaire. Il serait dommage qu’elle perdît peu à peu de son dynamisme apostolique alors que des mondes ne connaissent pas encore le Christ ou Le refusent. Paul Verlaine, presque à la fin de sa vie plutôt tumultueuse, écrit dans Ascension :

Jésus au ciel est monté, / Mais en nous laissant son ombre : / L’Évangile répété / Sans cesse aux peuples sans nombre.

Jésus au ciel est monté / Pour mieux veiller, Lui, fait homme, Sur notre fragilité / Qu’il éprouva… Mais nous, comme

Jésus au ciel est monté / Notre nuit n’y pourrait suivre / Avant la mort sa clarté : / Ah ! d’esprit allons y vivre !

Le Christ de l’Ascension, Celui qui envoie dans le monde entier pour l’annonce du salut, ne cesse de veiller sur ses enfants dans la détresse. L’Église est son instrument privilégié pour nous soulager de notre fragilité. Fixer nos yeux sur le ciel nous aide ensuite à découvrir les pas du Christ sur la terre.

Tags:
Ascension
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