Le carême touche à sa fin.
N’oubliez pas Aleteia dans votre offrande de Carême,
pour que puisse rayonner l’espérance chrétienne !
Soutenez Aleteia !
(avec déduction fiscale)
Poète et romancier, Francis Jammes passe la majeure partie de sa vie dans son Béarn natal, dont la nature verdoyante demeure sa principale source d’inspiration. Cependant, ses textes d’après sa conversion en 1905, à l’âge de 37 ans, grâce à Paul Claudel, sont fortement marqués par ce bouleversement spirituel. Si certains critiques estiment qu’il ne s’agit que d’un retour à la foi, dans la mesure où Francis Jammes avait reçu une éducation religieuse, le poète basque témoigne que cet événement fut aussi bouleversant que la conversion d’un hérétique et qu’il en sorti transformé, né à nouveau. Ce dont Gide s’est moqué en le traitant de « brebis facile à ramener au Seigneur ». Francis Jammes a composé quelques prières, notamment à Marie, mais aussi à saint Joseph dans un long texte dont voici un extrait, destiné aux « ouvriers de bonne volonté ».
« Vous m’êtes témoin, ô Saint Joseph ! Que les seules vraies joies que j’ai goûtées, c’est dans l’ombre quand je me sens avec vous. Lorsque l’on est privé d’honneurs, combien il est doux d’aimer son métier, de se dire que l’on travaille sur votre établi et que notre famille contemple notre œuvre du moins avec l’œil bienveillant de la foi !
Qu’Ils en ont vu, Jésus et Marie, d’hommes qui vous tenaient pour peu de chose, qui dressaient en face de votre boutique aux meubles simples et honnêtes leur art décoratif ! Ce n’est pas chez vous qu’un Pilate eût commandé son lavabo, Hérode son lit, César sa chaise. Ils s’adressaient aux fournisseurs officiels qui en recevaient de la gloire.
Mais vous, Patron bien-aimé, vous avez déposé dans le cœur des ouvriers de bonne volonté, à qui ne vont point les faveurs des puissants de ce monde, cette graine cachée qui s’appelle l’amour et qui ne se vend ni ne s’achète. Cette graine, vous la faites tant fructifier en moi, et embaumer, que ma bouche ne sait vous dire mon allégresse. Donnez-moi l’ombre, sinon mon amour est mort. »
Francis Jammes