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Il y a 100 ans, la lecture de Thérèse d’Avila achevait de convertir Edith Stein

EDITH STEIN

Public Domain

Denis Lensel - publié le 25/04/21

Il y a cent ans, un soir du printemps 1921, la jeune philosophe juive Édith Stein se lance dans la lecture de l’autobiographie de sainte Thérèse d’Avila. Pour elle, ce fut un chemin de conversion qui la mènera au Carmel, lieu d’union de l’âme à Dieu, avant sa mort à Auschwitz.

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Édith Stein s’est rapprochée de la religion catholique par étapes successives, au fil d’un long itinéraire. D’abord, au cours de ses études à l’université de Göttingen, elle suit les conférences du soir du philosophe Max Scheler sur des questions spirituelles : homme à la vie personnelle tourmentée — il est divorcé remarié — il vient de se convertir du judaïsme au catholicisme. La ferveur de son enseignement amène certains étudiants à faire de même. 

Autre jalon, dans la cathédrale de Francfort, Édith aperçoit une femme qui passe faire une courte prière, comme pour une visite personnelle : c’est un nouveau regard sur la foi, pour elle qui ne connaissait que les offices des synagogues. En 1915, quand son professeur et ami Reinach meurt à la guerre, elle est profondément marquée par l’acceptation héroïque que sa veuve Anna puise dans sa propre foi chrétienne. De 1916 à 1921, au cours d’une longue recherche, elle étudie les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola, L’École du christianisme de Kierkegaard, et Les Confessions de saint Augustin.

Docteur en philosophie

Née le jour du Yom Kippour dans une famille juive très pratiquante de Breslau, cadette de huit enfants, Édith Stein a perdu la foi à l’adolescence. Mais elle respecte la piété de sa mère, qui aura beaucoup de mal à accepter sa conversion au christianisme. Engagée dans un mouvement féministe, elle milite pour le droit de vote des femmes, et pour leur présence dans la vie professionnelle. Étudiante, elle devient la meilleure élève de Husserl, le penseur de la phénoménologie, dont elle sera bientôt la principale collaboratrice. En 1916, elle est la seule femme d’Allemagne à obtenir un doctorat de philosophie, sur le thème de l’empathie : on lui décerne la mention la plus élevée, summa cum laude. Mais, femme juive dans un pays en proie à la montée du nazisme, elle n’obtiendra jamais l’habilitation à enseigner à l’université. 

Devant une flamme intérieure

Un soir de mai 1921, elle choisit de lire l’autobiographie de Thérèse d’Avila, la réformatrice du Carmel. Elle s’y plonge toute une nuit. À l’aube, elle se dit qu’elle a trouvé la vérité, dans cette vie consacrée à une flamme intérieure faite pour ne jamais s’éteindre. Édith Stein demande le baptême dans l’Église catholique le 1er janvier 1922. Elle choisit une marraine protestante, Hedwige Conrad-Martius, de son cercle d’amis philosophes, avec le consentement de l’évêque. Elle communie chaque jour, après avoir reçu le sacrement de confirmation en la fête de la Présentation de Jésus au Temple, sous le signe de la prophétie de Siméon à Marie sur le salut de l’humanité…

Comme Karol Wojtyla, Édith Stein se penche ensuite sur les rapports entre foi et raison à la lumière de saint Jean de la Croix, dont elle traduit elle-même l’œuvre à la fois théologique et poétique.

Elle fait l’expérience d’une vie de prière intense : « Je rencontre dans mon être un autre Être qui n’est pas le mien, mais qui est le support et le fondement du mien, en soi inconsistant et instable. » Elle va enseigner pendant dix ans chez des dominicaines : appréciée de tous pour sa grande proximité avec ses élèves, elle est chargée de la formation des novices, et du discours d’accueil pour la visite du nonce Pacelli, le futur Pie XII… Elle traduit les œuvres du cardinal Newman. Puis elle s’initie à l’étude de saint Thomas d’Aquin : elle y trouve une formation complémentaire de la phénoménologie, comme le futur Jean Paul II vingt ans après elle… Et toujours comme Karol Wojtyla, Édith Stein se penche ensuite sur les rapports entre foi et raison à la lumière de saint Jean de la Croix, dont elle traduit elle-même l’œuvre à la fois théologique et poétique.

Elle s’offre à Dieu pour Israël

Au-dessus de son bureau, elle regarde souvent le crucifix. Un jour, on l’entend murmurer : « Ô combien mon peuple devra souffrir, avant qu’il ne se convertisse. » Mais d’avance elle s’offre à Dieu pour la conversion d’Israël. En 1933, elle rencontre Jacques et Raïssa Maritain à un colloque philosophique en France. Le 14 octobre, elle entre enfin au Carmel de Cologne, à l’âge de 42 ans : elle y reçoit l’habit sous le nom de Thérèse-Bénédicte de la Croix. De 1934 à 1936, elle écrit son traité Être fini et Être éternel.

À la veille de 1939, Édith Stein doit fuir l’Allemagne nazie. Elle trouve refuge au carmel d’Echt en Hollande. Sa sœur Rosa va l’y rejoindre. En 1941-42, dans La Science de la Croix, elle écrit ces mots : « L’homme nouveau garde une douloureuse nostalgie de la plénitude de vie, jusqu’à ce que lui soit permis d’accéder par la porte d’une mort corporelle véritable à la lumière sans ombre. » Le 2 août 1942, arrêtées par la Gestapo en représailles après une déclaration des évêques hollandais contre les persécutions antisémites, Édith Stein et sa sœur Rosa sont déportées à Auschwitz : elles seront gazées le 9 août. Édith Stein a été canonisée par Jean Paul II en octobre 1998 et proclamée copatronne de l’Europe l’année suivante.

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