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Qui sont les chrétiens d’Irak ?

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Claire Guigou - publié le 03/03/21
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Lors de son voyage en Irak du 5 au 8 mars, le pape François va se rendre au chevet de la population chrétienne du pays éprouvée par les guerres successives.Pour son 33e voyage apostolique hors d’Italie, du 5 au 8 mars, le pape François a choisi de se rendre au chevet d’une population chrétienne durement éprouvée par les guerres successives : les chrétiens d’Irak. Voici les cinq choses à savoir sur cette communauté qui représente moins de 2% de la population irakienne.

Une présence antérieure à celle des musulmans

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© I.MEDIA/Hugues Lefèvre

Il faut rappeler les racines bibliques de cette terre. Abraham – père des croyants monothéistes, est originaire d’Ur en Chaldée. Ensuite, l’évangélisation de la Mésopotamie, actuelle terre d’Irak, date du 1ersiècle après Jésus-Christ. L’une des communautés chrétiennes les plus importantes – aujourd’hui connue sous le nom d’Église chaldéenne – a été fondée par saint Thomas. Vers 90, cette communauté catholique autrement appelée Église d’Orient croît progressivement jusqu’à atteindre son apogée au VIe siècle, époque durant laquelle elle envoie des missionnaires jusqu’en Inde et en Chine. Si la présence des petites églises chrétiennes s’explique par certaines migrations plus récentes, la large majorité des fidèles Irakiens descend directement des populations qui vivaient en Mésopotamie antérieurement à l’ère chrétienne.


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Il existe une mosaïque de chrétiens en Irak

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Jean-Matthieu GAUTIER I CIRIC

La réalité des chrétiens d’Orient est multiple. Plus importante en nombre, l’Église chaldéenne, aujourd’hui dirigée par sa béatitude le cardinal Louis Raphael Sako, revient dans le giron de Rome en 1553 lorsque le moine Jean Simon Soulaka est reconnu comme patriarche des Chaldéens. L’actuelle Église assyrienne d’Orient est quant à elle constituée des chrétiens qui n’ont pas reconnu Rome. Il existe également une Église syriaque qui rompt très tôt avec Rome et Constantinople en raison de son appartenance au nestorianisme, aujourd’hui connue sous le nom de l’Église syriaque orthodoxe dite jacobite. Avec Ignace André Akhidjan, élu patriarche en 1662, une partie de cette Église se rattache à Rome et prend le nom d’Église syriaque catholique. En plus de ces quatre communautés principales, notons la présence d’une communauté arménienne divisée entre orthodoxes et catholiques, d’une petite Église latine d’Irak, de quelques fidèles coptes, protestants, et enfin de chrétiens appartenant aux Églises grecque-orthodoxe ou encore melkite.


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Les chrétiens sont dix fois moins nombreux qu’il y a vingt ans

Les violences, les discriminations et la conjoncture économique ont conduit des centaines de milliers d’Irakiens à quitter leur pays. Alors qu’on comptait près d’un million et demi de chrétiens en 2000, ils seraient aujourd’hui moins de 300.000. Certains affirment même qu’il n’en resterait plus que 150.000. Cependant, il existe quelques raisons d’espérer. Alors que la plaine de Ninive avait été entièrement vidée de ses chrétiens de 2014 à 2017, beaucoup de réfugiés ont entrepris d’y retourner – 40% selon certaines estimations. Qaraqosh, ville qui comptait 50.000 chrétiens avant Daech, a retrouvé plus de la moitié de ses habitants aujourd’hui. Cependant, si quelques familles réfugiées à l’étranger sont revenues dans la plaine de Ninive, il est peu probable que le mouvement se généralise.

Les catholiques ont une influence culturelle notable dans le pays

 

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© I.MEDIA/Hugues Lefèvre

Le pays compterait encore 250.000 fidèles catholiques unis à Rome et un peu plus de 150.000 fidèles non catholiques. Sur 100 habitants, le ratio de catholiques s’élève ainsi à 1,5, précise pour sa part le Saint-Siège dans un communiqué publié le 2 mars 2021. Les Églises catholiques irakiennes ne comptent que 19 évêques, 113 prêtres diocésains, 40 prêtres religieux et 20 diacres. Enfin, 32 séminaristes attendent d’être ordonnés. Bien que le nombre de catholiques soit relativement faible, Mgr Pascal Gollnisch souligne toutefois à quel point leur influence culturelle est grande dans le pays. De nombreuses structures dépendent à ce titre de l’Église catholique qui gère pas moins de 55 écoles primaires et maternelles, 4 écoles secondaires et 9 universités.



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Les chrétiens ont souffert durant deux décennies

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OLYA MORVAN / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Une famille fuit Mossoul (Irak) en 2016. (Photo d’illustration)

Les appels à la réconciliation et à la fraternité des responsables actuels des Églises en Irak sont édifiants lorsqu’on connaît la souffrance qu’elles ont dû supporter, particulièrement ces deux dernières décennies. Après la chute de Saddam Hussein en 2003, une grande vague d’insécurité a ébranlé le pays. En 2006, 36 églises ont été attaquées rappelle un récent rapport de l’AED. Deux ans plus tard, l’archevêque chaldéen de Mossoul était assassiné. En 2010, un attentat dans la cathédrale syriaque catholique de Bagdad provoque la mort de 58 personnes. En 2014, l’organisation État islamique envahit la plaine de Ninive dans laquelle vivaient près de 150.000 chrétiens. Tous fuient se réfugier d’abord au Kurdistan irakien.

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