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Le carême est un temps de prise de conscience de notre péché. Le chrétien est appelé à s’amender et à porter sa part du fardeau qui pèse sur l'humanité à cause du mal qui se commet sous le soleil et auquel il est rarement étranger. Le pénitent coopère au Salut du monde par l’effort exercé sur lui-même, par exemple en luttant contre ses penchants à la concupiscence.
Mais ici se pose une question : comment les pécheurs que nous sommes parviennent-ils à prendre toute la mesure du mal qu'ils commettent ? En effet, le péché nous aveugle et nous rend peu à peu insensibles à la gravité des dégâts qu’il occasionne. De plus, nous nous complaisons souvent dans ses eaux troubles. Dans ces conditions, comment pouvons-nous saisir toute la gravité du mal que nous hébergeons en nous ? Il faudrait pour cela nous tirer par les cheveux, comme le baron de Münchhausen, afin de surmonter notre état peccamineux et nous en extraire. Or une telle entreprise est vouée à l’échec en raison même du péché. Que faire ?
Le Christ nous donne son Cœur pour notre pénitence
Tout simplement la même chose que nous poursuivons lorsque nous désirons bonifier nos bonnes actions en leur conférant le « plus » de la charité divine : nous greffer sur le Christ. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Christ sans péché est le seul à pouvoir nous aider à faire correctement pénitence ! En effet, la pénitence n'est pas simple regret de nos fautes, mais aussi reprise de notre être par en dessous, à partir d'un point que le mal n'a pas corrompu, érodé, pour tenter de nous purifier, nous ressaisir et nous conformer de la sorte au Christ. C'est seulement si nous pouvions nous arcbouter sur ce socle intact que notre pénitence serait assurée de succès. Or, en nous, ce point est trop altéré, à cause de notre péché, pour nous appuyer dessus. Nos regrets, nos remords sont entachés de trop d'incomplétudes, mêlés de troubles complaisances, pour que nous puissions nous régénérer par nous-mêmes. Voilà pourquoi nous avons besoin du Christ. Seul son Cœur, pur de toute compromission avec le mal, est en mesure de rendre le nôtre ardent à rejeter le péché et à réparer nos manquements. Car ce Cœur pur, Jésus nous le donne parce qu'il est vrai homme et qu'il a tenu à faire corps avec nous. Ce qui est à nous est à lui, et inversement ! Il a le même cœur que le nôtre, à la différence (considérable !) près que le sien est intact de tout péché. Aussi est-ce à partir de son Cœur que les nôtres feront efficacement pénitence.
Jésus, solidaire de notre pénitence
En tenant à recevoir le baptême de Jean-Baptiste, Jésus a manifesté la preuve de sa solidarité envers nous dans nos efforts pénitentiels. Non qu'il ait eu besoin de confesser la moindre faute pour lui-même. Mais par ce geste déconcertant, il désirait nous aider dans nos efforts de repentir. Jésus a fait davantage que vivre la même existence que la nôtre. En plongeant dans les eaux du Jourdain au début de son ministère public, il est devenu l’auxiliaire de notre pénitence. Sa volonté persévérante d’accueillir les pécheurs à sa table, en plus de mettre en lumière nos manquements et de stimuler notre désir de changer nos comportements, nous livrait le modèle parfait d’une vie charitable. C'est la raison pour laquelle notre pénitence doit prendre appui sur son Cœur pur et miséricordieux. Notre repentir possède maintenant son point d'Archimède pour nous soulever de l’intérieur : le Christ lui-même qui s'est mêlé aux pécheurs afin qu'à son contact ils deviennent purs et aimants.
Dès le temps dévolu à la pénitence, nous avons besoin de lui pour parvenir jusqu'à la Résurrection. Jésus n'est pas seulement le but : il est aussi la voie qui y mène.
Faire pénitence isolément est une entreprise vaine. « Avec toi, nous irons au désert » chantons-nous au début du carême. Ce n'est pas seulement après Pâques que nous sommes greffés sur l'être de Jésus. Dès le temps dévolu à la pénitence, nous avons besoin de lui pour parvenir jusqu'à la Résurrection. Jésus n'est pas seulement le but : il est aussi la voie qui y mène. « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » dit-il (Jn 14, 6). Voilà pourquoi il est notre premier compagnon de carême.