Aleteia logoAleteia logoAleteia
Mardi 23 avril |
Saint Georges
Aleteia logo
Au quotidien
separateurCreated with Sketch.

“Chic, un conflit” : les disputes, une occasion de faire grandir son couple ?

PROBLEM W RELACJI

fizkes | Shutterstock

Claire de Campeau - publié le 26/01/21

Après quelques années de mariage, il arrive que les conjoints n’aient plus rien à se dire, à partager. Seuls les conflits, les critiques ou encore l’indifférence font vibrer le couple. Comment en arrive-t-on là et comment y remédier ? Marie Vautherin, conseillère conjugale et thérapeute Imago avance des éléments de réponse.

“On n’a plus grand chose à se dire”. Cette remarque, explique Marie Vautherin, renvoie directement à ce qui se passe dans l’espace couple, l’espace “entre nous” : qu’est-ce qu’on met dans cet espace ? Prenons-nous soin de cet espace ? Quand on se rencontre, on tombe amoureux, il y a une première phase, “l’amour romantique”. Cette phase dure entre trois jours et trois ans. Tout se passe bien, on a le sentiment de s’être toujours connu, on se sent pleinement vivant, chacun se montre sous son meilleur jour. Durant cette phase, ce n’est pas le vrai amour, on est sous l’effet des hormones que notre corps produit, on agit et réagit comme si nous étions sous l’effet d’une drogue.

Le vrai amour vient après, lors de la phase de la “lutte de pouvoirs”, c’est là que s’ouvre le vrai amour. Chacun redevient soi-même, avec toutes les blessures du passé, les armures construites au fil du temps. C’est dans la relation amoureuse qu’on peut guérir : notre partenaire, notre conjoint est le meilleur recrutement qu’il soit pour nous révéler. Dans la relation amoureuse il y a un enjeu de guérison : derrière chaque conflit, il y a un trésor, une occasion de mettre du baume sur une blessure qui se révèle à ce moment-là. L’espace “entre”, lors de cette deuxième phase, devient un travail à part entière. Si on n’entretient pas cet espace, alors le couple risque d’en pâtir et d’en arriver à ne plus rien partager, ne plus rien à voir à se dire.

La société nous véhicule de faux messages : “Ils se marièrent, eurent des enfants et vécurent très heureux”, c’est faux, explique Marie Vautherin. D’ailleurs, avant même “Ils se marièrent” il faudrait déjà ajouter “ils se disputèrent” ! Il ne suffit pas de se marier et d’avoir des enfants pour être heureux. Ces fausses croyances mettent à mal le couple qui se désespère de vivre des conflits alors que ceux-ci sont normaux : ils sont même de vrais défis de croissance. Les adeptes de la méthode Imago aiment dire “chic-un conflit !”. Aimer est un verbe d’action : “je veux t’aimer”. Aimer ce n’est pas le sentiment amoureux, insiste Marie Vautherin.

Avoir un espace « entre nous » agréable pour se parler

Marie Vautherin incite à se poser la question : « Maintenant, qu’est-ce que je fais pour aimer l’autre et qu’est-ce que je mets dans l’espace entre nous ? ». Si je n’y mets rien, au bout de quelques années je réalise qu’il est vide et que je n’ai aucune envie d’y aller. Si je n’y mets que jugements, sarcasmes, critiques, si cela devient un espace désagréable, aucun des deux conjoints n’aura envie de s’y rendre. L’un ira à la place faire du sport, l’autre faire du shopping, ou encore aller prendre un verre avec des amis. L’espace « parent-enfant » pourra aussi prendre toute la place et capter tout l’intérêt d’un conjoint, en lui faisant oublier l’espace « entre nous » du couple. Les partenaires finiront par trouver inconsciemment tous les prétextes pour fuir cet espace du couple.


COUPLE

Lire aussi :
Peut-on tout dire à son conjoint?

A contrario, reprend Marie Vautherin, si cet espace est choyé, nettoyé régulièrement, si on demande à l’autre ce qu’il veut y mettre, si on enlève ensemble les mauvaises herbes, si on plante et on travaille ensemble à la beauté de cet espace, alors on s’y rendra évidemment avec plus de plaisir. Les fuites vont se fermer, on n’aura plus besoin d’aller chercher ailleurs ce qu’on ne trouve pas dans sa relation. Cet espace est comparable à un pont entre les deux cœurs. On tombe de ce pont, et c’est normal, on se relève, et on tombe à nouveau. Tous les couples tombent de ce pont, il faut arrêter de croire que cela n’est pas normal et que ce n’est pas le cas dans les autres couples.

Le langage des cœurs et des corps

KŁÓTNIA MAŁŻEŃSKA
fizkes | Shutterstock

« Dans un couple, si on prend les moments de dispute, c’est génial on a toujours plein de choses à se dire ! » s’exclame Marie Vautherin. Selon elle, le conflit est un trésor pour le couple, à condition de ne pas rester chacun buté mais d’avoir les outils pour avancer. Derrière un conflit, il y a souvent un magnifique trésor. « On n’a plus rien à se dire » signifie aussi que chacun des conjoints s’est noyé ailleurs en fuyant le couple : bricolages, sorties, divers engagements… Ces saines activités se sont transformées en fuite de la relation. Au lieu de mettre sa propre énergie dans l’espace entre nous, les partenaires la déversent ailleurs. La relation extraconjugale est une des fuites « catastrophiques » pour le couple car toute l’énergie est investie en dehors de l’espace du couple.

L’espace entre nous demande du travail. Vivre une sexualité conjugale quand on a des enfants, un travail prenant, une maison à s’occuper, cela ne va plus forcément se faire en un clin d’œil. Cela demande de poser du temps. Prendre rendez-vous pour vivre un moment à deux. On n’a plus rien à se dire mais qu’est ce qu’on se dit sur notre sexualité ? qu’est ce qu’on se dit de notre couple, de notre espace à nous ? questionne la conseillère. La question du désir se pose trop peu dans l’espace du couple : ce qui m’attire, ce qui éveille mon désir, ce qu’il me faut pour me sentir en sécurité, ma représentation de l’amour physique.


COUPLE

Lire aussi :
Planifier les relations sexuelles avec son conjoint, bonne ou mauvaise idée?

Dans un couple, un langage est à cultiver : celui des cœurs. L’intimité dans le couple se nourrit grâce à notre vulnérabilité. Cela n’est pas donné à tout le monde, certains ont très peur d’y aller suite à de mauvaises expériences ils se protègent. Souvent dans un couple, l’un y va très facilement, l’autre beaucoup moins, on doit s’aider. Pour communiquer et avoir envie de se parler, il est nécessaire de créer de la sécurité entre nous. Cela peut passer par le langage corporel : comment on se prend dans les bras, comment on se touche, comment on se regarde ? Un langage corporel bénéfique pour un couple sera par exemple de poser un regard bienveillant sur son conjoint, un regard de curiosité, un regard qui signifie : « j’ai tellement envie de te connaitre tellement plus encore ». On n’a jamais fini de se découvrir ! « Je la connais par cœur » c’est faux, cela nous enferme !

Trouver un sujet, un lieu sur lequel on se retrouve : cela peut être un cinéma, une ballade, un bricolage, du jardinage ensemble. Nos agendas sont plein de rendez-vous d’obligations en tous genres : il y a quoi pour notre couple ? Si on ne se donne pas ce temps, si on ne le fixe pas, il peut être difficile de l’avoir. Il y a toujours autre chose dans lequel se donner à corps perdu : les amis, les sorties, les engagements à la paroisse, le bénévolat…

Si on se disait ce qui va bien ?

KISS
Wavebreakmedia - Shutterstock

Il est bon de remettre le beau à sa place. Quand un couple va mal, on a souvent l’impression, à les entendre, que rien ne va entre eux. En réalité, il y a souvent que 20 à 30% qui ne vont pas. Mais on ne voit que ce petit pourcentage. Prendre du temps pour le couple mais aussi, personnellement, se demander quel merci je pourrais lui dire aujourd’hui ? Quelle attention pourrais-je avoir à son égard ? Quand on est dans l’amour romantique, les mots doux pleuvent : « Merci mon chéri pour le café ». Une fois dans la phase de lutte de pouvoir, on ne se dit plus que le négatif ! C’est un vrai travail que de se partager des appréciations positives. Pour récupérer l’effet d’une réflexion négative, il faut cinq réflexions positives, souligne Marie Vautherin. C’est très facile de se critiquer, beaucoup moins d’être élogieux et reconnaissants.


LOVE

Lire aussi :
Couple : est-il bon de vouloir changer l’autre ?

Il ne s’agit pas de nier ce qui ne va pas, ni de nier ce que je vis intérieurement ! Il ne faut pas les réprimer. Mais de commencer par voir le beau, avant de traiter ce qui ne va pas. En avançant dans les années de vie commune, le conjoint peut ressentir l’envie de changer l’autre. Marie insiste sur le fait que non, cela n’est pas possible. En revanche chacun a le pouvoir de faire un petit pas de côté qui va faire que la relation change. Il y a des répercussions sur l’espace entre nous. Pourquoi est-ce qu’on n’a plus rien à se dire : temps passé ? qualité de l’espace entre nous ? la sécurité de cet espace ?

Ce qui importe n’est pas ce qui se raconte mais ce qu’on partage ensemble. Si ne sont pas créés des contextes particuliers, des occasions, alors le couple n’aura plus rien à se dire. L’autre est avant tout un meilleur ami. Dans l’enfance, nous recevons beaucoup de conseils (tenue à table, travail scolaire, etc) mais très peu sur la relation avec l’autre. Cela s’apprend, quelquefois tardivement. Le muscle du cœur se muscle, se travaille et l’espace entre nous se jardine et se cultive.


KŁÓTNIA MAŁŻEŃSKA

Lire aussi :
Couple : être attentif à l’autre au quotidien, c’est savoir regarder autour de soi

Tags:
CoupledisputeMariage
Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)
Pave-Aleteia-Ictus-V2.png
Le coin prière
La fête du jour





Top 10
Afficher La Suite
Newsletter
Recevez Aleteia chaque jour. Abonnez-vous gratuitement