À Cruas, en Ardèche, des archéologiques de l’Inrap ont mis au jour un complexe abbatial dont l’histoire se conjugue avec celle des inondations du ruisseau de Crûle.
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En novembre 2020, des fouilles archéologiques, menées dans le cadre du réaménagement d’un espace public dans la ville de Cruas (Ardèche), ont permis la découverte exceptionnelle d’éléments de maçonneries dans les caves de maisons, construites au XIXe siècle, vouées à la destruction. À en croire les vestiges retrouvées, tout laisse à penser qu’il s’agit des ruines de l’ancienne abbaye romane qui jouxtait l’abbatiale Sainte-Marie toujours debout. “Ces découvertes inédites vont nous permettre d’en savoir un peu plus sur la topographie du site”, confie à Aleteia Guillaume Martin, l’archéologue en charge du chantier de fouilles.
Cette abbaye, abandonnée à l’époque des guerres de religions, avait été construite sur les ruines d’un édifice paléo-chrétien. En analysant les vestiges retrouvés — qui se composent principalement de maçonneries et d’éléments lapidaires — les archéologues ont constaté que l’abbaye avait souffert pendant longtemps d’inondations à répétitions. En cause, le ruisseau de Crûle dont les caprices torrentiels ont mené la vie dure à l’abbaye. Les reconstructions multiples constatées pendant la fouille et les couches d’alluvions qui ont recouvert petit à petit les maçonneries permettent de reconstituer le passé tortueux de l’abbaye.
Pour tenter de limiter l’impact des crues, l’abbaye s’est adaptée en bouchant certaines parties de la bâtisse comme en témoignent l’élévation constante du niveau de circulation au fils des siècles.
Il faudra attendre 1875 pour que la ville de Cruas entreprennent de grands travaux de canalisation. Au XIXe siècle, en plein essor urbain, de nombreux éléments lapidaires du monastère en ruines sont réemployés dans les fondations des maisons d’habitation. La démolition de l’îlot a permis de dégager de beaux spécimens, notamment des chapiteaux et retombées de voûtes provenant du cloître de l’abbaye. “Ces éléments vont désormais être analysés en laboratoire et contextualisés à la lumière des sources d’archives”, a indiqué Guillaume Martin.