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Si vous avez du mal à formuler des vœux, pensez à ceci

HOPE

Photo by Lina Trochez on Unsplash

Jean Duchesne - publié le 04/01/21

Les traditionnels "Meilleurs vœux" et "Bonne année, bonne santé" peuvent être de pures convenances de saison. Ils peuvent être aussi, en période troublée, une manière de vivre intensément l’instant présent, et porteurs de vrais engagements.

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C’est la saison des vœux, comme à chaque changement de millésime. Cette fois-ci, même le banal : « Meilleurs vœux !« , qui laisse supposer qu’il y en a de moins bons, prend du sens, puisque tout le monde espère bien que 2021 ira mieux que 2020. Le populaire « Bonne année, et surtout bonne santé ! » a un peu plus de consistance que d’habitude, car il y a une priorité : on s’entre-souhaite d’abord d’échapper au virus qui n’a pas l’air près de renoncer à nous gâcher la vie, et continue même à en priver les plus fragiles et les plus imprudents. On aurait tort de présumer que cette formule, même si elle paraît moins conventionnelle qu’à l’accoutumée, reste bien vague et trop ordinaire pour répondre à un besoin pressant.

Questions sans réponse

Ce qui rend difficile de concevoir et d’exprimer adéquatement ce que l’on désire, aussi bien pour soi que pour les autres, alors que cette crise sanitaire n’en finit pas, c’est que l’horizon est bouché par une masse opaque de questions sans réponse : combien de temps cette menace va-t-elle encore peser ? Le vaccin sera-t-il efficace ? L’activité reprendra-t-elle comme avant et tous retrouveront-t-ils leur place et leur gagne-pain ? Comment seront remboursées toutes les largesses consenties pour compenser tous les manque-à-gagner ? Le ciel se dégagera-t-il si tout cela s’arrange d’une manière ou d’une autre, puisque, comme l’a dit un sage bien oublié de la IVe République, « il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout » ?


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Il y a pourtant quelques leçons à retenir de l’année qui vient de s’écouler et que le célèbre hebdomadaire américain Time a qualifiée de pire depuis des lustres. La première est que tout le monde a été pris de court par cette pandémie : personne n’a pensé il y a un an à souhaiter que ça n’arrive pas. La deuxième est que notre science et nos technologies peinent toujours, et les politiques encore plus. La troisième est que, bien qu’il soit vraisemblable que des négligences ont permis au mal de se répandre, on n’a pas trouvé de coupable à mettre au pilori et que donc « la nature » (comme on appelle la Création quand on y met Dieu entre parenthèses) n’a même pas besoin qu’on la violente pour être cruelle sans projet ni raison discernable.

Sans recul ni perspective

Sommes-nous donc condamnés à une impuissance passive, dont nous fait prendre conscience un germe pathogène, finalement bien moins méchant que celui de la peste, qui tua un tiers de la population européenne à la fin du Moyen Âge, ou de la grippe dite espagnole qui, juste après la Grande Guerre, fit plus de victimes que celle-ci ? Ce qui empêche la plupart de nos contemporains (mais pas tous) de sombrer dans la déprime est une formidable capacité d’esquive des questions qui pourraient contrarier les appétits en tout genre. Cet art de l’évitement n’engendre pas le silence, mais l’étouffe sous des tonnes de discours provoquant des sensations perpétuellement à renouveler.

Cette faculté sans doute sans précédent (sauf peut-être pendant la décadence de l’Empire romain) a été suscitée et nourrie par des décennies de sécurité et de confort croissants qui ont repoussé les limites du possible, jusqu’à — a-t-on pu délirer — un « transhumanisme » qui améliorerait indéfiniment les performances et éliminerait le vieillissement. Ce qui rend supportables les frustrations actuelles, c’est l’absence de recul aussi bien que de perspective : forcément, « ça ira mieux après » — sans que cet « après » ait une figure sensiblement différente du passé récent d’ »avant », idéalisé parce que les frustrations y étaient moins massives et sont perdues de vue.

Une autre manière de vivre au présent

Dans ce contexte où l’on s’efforce de se convaincre que ce n’est qu’un mauvais moment à négocier, la foi ne permet pas simplement de voir plus loin que le bout de son nez. Car elle y oblige, en exigeant une réponse personnelle, existentielle, intime et pas uniquement théorique ou de principe à une seule question : qu’est-ce qui fait qu’une vie humaine n’est pas qu’un accident ponctuel et oubliable ? Cette interrogation fait entrevoir qu’il y a une Histoire, qu’elle est déjà longue et qu’elle aura une fin, mais pas quand ni comment cela arrivera. Et ce dépassement de l’immédiat donne d’être en attendant un peu plus que le pur produit de toute une gamme de conditionnements. Ce que révèlent la Bible, l’Évangile et la Tradition de l’Église, c’est que la vie ne s’approprie pas mais est reçue et s’épanouit à la mesure où elle est remise à la disposition du Donateur pour lui être unie et ainsi offerte à d’autres. C’est la voie qu’a frayée sur terre le Fils de Dieu fait homme.

Tout se joue chaque jour, en même temps concrètement et intérieurement.

Il s’agit là d’une manière tout autre de vivre intensément au présent. Tout se joue chaque jour, en même temps concrètement et intérieurement. Car la foi qui ne se traduit pas en actes de charité altruiste n’est qu’illusion ou mensonge. Et la charité sans autre espérance qu’une image flatteuse aux yeux de tous en commençant par soi-même ne vaut pas tellement mieux. Les chrétiens n’ont certes pas (Dieu merci !) le monopole de l’entraide ni de « l’humanitaire ». Mais ils ont le privilège de savoir n’être pas supérieurs, parce qu’ils apprennent d’abord n’être pas de purs esprits qui pourraient mépriser les gens et les choses de ce monde, et ensuite que le bien qu’ils peuvent y faire n’est pas dû à leurs seuls mérites ni même aux hasards des circonstances.

La « cœur » et la parole

Ceci signifie que tout ne se joue pas à la surface des phénomènes sociaux observables de l’extérieur. Il y a du vrai dans ce que le renard dit au Petit Prince de Saint-Exupéry : « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux. » Encore faut-il mettre au clair ce que l’on entend par « cœur ». Il ne s’agit pas seulement de sentiments réactifs ni d’aspirations spontanées. Il y a aussi une vision, une visée même, qui entraîne plus loin qu’on ose l’imaginer et reste de ce fait pour une bonne part inexprimable, parce qu’elle appelle au renoncement à la maîtrise manipulatrice, à l’ambition du verbe instantanément et infailliblement « performatif » qui permet de se substituer à Dieu et de se passer de lui.


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C’est pourquoi il est si difficile de formuler des vœux qui n’aient pas l’air de platitudes. Ce n’est pas une raison pour s’en abstenir. Car ce qui compte n’est pas ce qui est proféré et perçu, mais bien ce qui est voulu au fond de soi-même et exige d’être partagé. La pauvreté du « Bonne année, bonne santé » n’est pas vaine si ce qu’essaie de dire la parole demeure vif dans le « cœur ». Non parce que cela en viendrait, et plutôt parce c’est « l’essentiel » : la vie reçue qui est vécue pour autant qu’elle est transmise. Les souhaits du premier de l’an et de la rentrée de janvier, si maladroits qu’ils soient, contiennent implicitement une mobilisation : l’engagement à porter quotidiennement dans l’assistance et l’intercession, et sans qu’il soit besoin de le redire chaque fois, celles et ceux dont il nous est donné d’être solidaires.

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