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Bienfaits et risques du cododo

Isabelle du Ché - publié le 12/12/20

Le cododo, kesako ? S’il désigne la pratique de faire dormir son bébé dans son lit, il indique aussi un petit berceau à trois côtés collé au lit de ses parents. Si ces deux modes confèrent des facilités pour s’occuper de son nouveau-né, ils ne sont pas sans conséquences sur l’équilibre du couple et la santé de l’enfant. « Nous avons choisi le cododo, petit berceau près de notre lit, pour m’éviter de me lever la nuit pour allaiter mon bébé », confie Camille, nouvellement maman. C’est évident, tendre simplement les bras sans poser les pieds par terre pour nourrir plusieurs fois par nuit son nourrisson permet à la mère de se rendormir facilement. Le nouveau-né reste aussi dans un climat nocturne : pas de bruit, pas de lumière, la respiration régulière du père endormi à côté. Thibaut, jeune papa, témoigne à juste titre avoir été rassuré par la présence de son bébé tout près de sa femme : « Préoccupé par les risques de mort subite du nourrisson, je me redressais souvent sur un coude pour vérifier que ma fille respirait bien. Cela m’a retiré un grand stress ». Si c’est un premier enfant, l’avoir près de soi permet aussi d’apprendre à repérer son fonctionnement et d’être donc plus détendu.

A la maternité, le personnel déconseille fortement aux mères de prendre dans leur lit leur nouveau-né, pour éviter les risques d’écrasement et d’étouffement. La possibilité de l’avoir tout près de soi, mais dans son propre berceau – le cododo – offre alors une alternative intéressante.

Un risque de fusion ?

Pour Christine Bouvier-Muh et Brigitte Blanquet, co-directrices de la chaire éducation – petite enfance à l’université catholique de Lyon (UCLY), « le cododo renvoie à une pratique qui doit nous interroger. En installant l’enfant à portée de main, ne risque-t-on pas d’en faire le prolongement des parents ? Bien que l’attention à l’enfant soit nécessaire, la sur-attention pose problème. Le risque de fusion ou de faire de l’enfant un objet et non plus un sujet – appartenant à une autre génération – n’est pas loin ». En revanche, cette pratique est bonne si elle est au service de l’enfant, afin de répondre à ses besoins fondamentaux : se nourrir, dormir, être en sécurité.

Selon la qualité de sommeil des parents, un nouveau-né collé à leur lit peut les perturber. Petits bruits de succion, cris ténus, pleurs sporadiques avant l’heure de la tétée sont autant de parasites pour un sommeil réparateur. De plus, la proximité de la mère allaitante et notamment l’odeur de son lait peuvent susciter plus fréquemment une sensation de faim chez le nourrisson. C’est pourquoi, selon les besoins de chacun, l’usage du cododo ne saurait être prolongé au-delà de trois, voire six mois.


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En effet, « le bébé a besoin de moments de solitude pour se construire », précise le professeur en psychopathologie et psychologie clinique Brigitte Blanquet. Pour Christine Bouvier-Muh, enseignant-chercheur en philosophie et psychanalyste, il faut aussi « laisser le bébé exprimer ses besoins sans que ses parents les anticipent systématiquement », augmentant de ce fait le risque de maintenir l’enfant dans un état de totale dépendance. Cet état, en se prolongeant, contribue malheureusement à faire de l’enfant un tyran. De plus, pour l’équilibre du couple, cette fusion ne doit pas perdurer afin que la mère redevienne femme et amante au bout de quelques mois. Le père en effet peut se sentir exclu d’une telle relation fusionnelle. « La mère doit se sevrer du désir de son bébé », précise Brigitte Blanquet. Enfin, faire le choix du cododo n’est pas anodin. S’il est fait dans le but de servir le développement de l’enfant, les parents auront davantage confiance dans les potentialités de leur bébé. N’est-ce pas là le leitmotiv de toute éducation ?


JOANNA BERETTA MOLLA
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