La crise sanitaire n’épargne pas les catholiques, obligés d’affronter des restrictions injustes pour les uns, normales pour les autres. Le catholicisme français en ressortira renforcé s’il accepte la confrontation interne des analyses, mais surtout en se renouvelant en profondeur.Perplexité. Voilà le premier mot qui vient à l’esprit en contemplant, puis en essayant d’analyser les réactions des uns et des autres face aux décisions sanitaires prises par le gouvernement français en général, et en particulier face aux cultes. La première leçon à tirer de tout cela est sans doute que si le coronavirus ne fait point mourir tout le monde, tout le monde en est atteint, au moins psychologiquement.
À quel saint se vouer ?
Dans les rangs catholiques, et je m’inclus dedans, on ne sait plus trop à quel saint se vouer. Les autorités de l’Église elles-mêmes semblent sidérées (au sens strict du mot). Comment le troupeau ne le serait-il pas aussi ? Politiquement, le catholicisme français montre à la fois une certaine capacité de résistance — nonobstant les éventuels dégâts collatéraux que le bras-de-fer pourrait produire. Cela peut réjouir. Politiquement aussi, il n’est jamais apparu aussi publiquement désuni. Entre les consignes épiscopales d’obéissance… et aussi de résistance. Entre les tenants des manifestations publiques, et ceux de la forte prière et de la pénitence personnelles pour réclamer à Dieu son aide…
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L’image qui vient à l’esprit est celle de Jeanne d’Arc. Les catholiques de l’époque étaient tout aussi divisés politiquement — elle en paiera le prix le plus élevé. Or, c’est l’humble Jeanne que Dieu suscitera pour affermir le royaume de France. Aujourd’hui encore, c’était le sens de ma dernière tribune, il est à parier que le salut viendra d’une source inconnue, voulue de Dieu, dans l’inattendue de sa sainte Volonté. Serons-nous prêts à accepter ce futur, inconnu, qui, peut-être, nous bouleversera dans nos modes de pensées ? C’est en vivant profondément notre foi, au quotidien, dans toutes ses exigences, en méditant la parole de Dieu que nous nous y préparons, aidés aussi, et bien sûr par les sacrements !
Un effet positif
Sur ce dernier point, la crise actuelle développe un effet positif indéniable sur les catholiques. Elle aura permis un rappel impérieux de la nécessité de la sainte messe dans la vie du baptisé. Pas de vie chrétienne sans une participation physique réelle à l’Eucharistie. Affirmer le contraire serait une pure et simple négation de l’Incarnation du Verbe. Dieu a voulu se faire chair parmi la chair et, dans son immense bonté, pour nous accompagner en ce pèlerinage terrestre, Il veut se donner à nous, sous l’humble apparence du Pain et du Vin, son Corps et son Sang livrés pour nous. Plus encore, par le renouvellement non sanglant, mais réel de son Sacrifice à chaque messe, sur chaque autel, il nous rend participant de toute son Incarnation. Cela est vital. Que le peuple des fidèles se réapproprie aujourd’hui ces vérités essentielles, qui avaient été peut-être un peu délaissées au profit de la « messe-rassemblement-festif-du-peuple-de-Dieu », voilà une bonne nouvelle. Voilà la source d’un profond renouvellement possible.
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Appel au renouvellement
Par définition, une crise ne peut que produire du désarroi, de la perplexité. Par définition aussi, la sortie de crise n’est jamais un retour à la situation antérieure. Le propre de l’homme sage, est dans sa capacité d’analyse et plus encore d’adaptation. Le catholicisme français ressortira renforcé de cet épisode en acceptant la confrontation interne des analyses, mais surtout en se renouvelant en profondeur, en s’adaptant à cette nouvelle donne, à la mesure des dons et des inspirations de l’Esprit saint.
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