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Les “minorités créatives” ne fonctionnent pas comme les “minorités actives”

versaillais prient devant l'église saint louis à versailles

© Capture vidéo Twitter @gabriellecluzel

Des Versaillais prient devant la cathédrale Saint-Louis pour demander le retour des messes, le 8 novembre 2020.

Henri Quantin - publié le 11/11/20

Déçus par la suspension administrative du culte public, les catholiques ne mettent pas leur espérance dans l’activisme du nombre. L’espérance créative des « églises domestiques » privées de messes se creusera dans la « faim eucharistique ».

Le conseil d’État a donc provisoirement tranché : la suspension de la liberté de culte n’est pas disproportionnée. Le gouvernement n’est pas tenu d’accorder aux confinés les mêmes droits qu’aux prisonniers de guerre. La pétition pour le retour de la messe n’a, à ce jour, pas connu plus de succès. La déception peut être grande pour les affamés de Dieu, mais elle permet d’éviter un malentendu : les “minorités créatives”, que Benoît XVI appelait de ses vœux pour exhorter les catholiques à ne pas pleurer sur le cruel souvenir de leur gloire passée, ne peuvent être confondues avec les “minorités actives”, qui s’agitent un peu partout pour réclamer de nouveaux droits.  

Faire croire qu’elles sont majoritaires

Les minorités actives cherchent avant tout à gagner du terrain législatif, pour faire croire qu’elles sont majoritaires. C’est même leur obsession. Elles sont en guerre permanente contre le monde d’avant et contre le monde d’aujourd’hui qui est encore trop d’avant. Les minorités actives veulent en découdre avec les oppresseurs supposés, colonisateurs, homophobes, catholiques, chasseurs, Blancs de Blancs, tous les complices de l’axe du mâle et du pâle. Elles maîtrisent toutes les techniques pour l’emporter : elles ont la nouvelle bonne presse avec elles ; elles censurent aisément ; elles font trembler les gouvernements et les bouchers qui ne vendent pas encore de viande artificielle. Et, bien sûr, leurs pétitions ont de l’effet.  




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Il est tentant pour les « minorités créatives » de jalouser, voire de singer les minorités actives. Les chrétiens pourraient se mettre à déboulonner les statues de Voltaire ou à envoyer des hosties barrées à tous les députés. Les disciples du Christ, pourtant, n’agissent pas ainsi. À l’occasion, ils peuvent signer des pétitions. Ils ne le font pas pour étendre leurs droits, mais pour éviter qu’on ne piétine la loi naturelle. Ils ne mettent leur Espérance ni dans les pouvoirs publics, ni dans l’augmentation du nombre de signatures.

Une autre logique

Devant les 100.000 signatures obtenues en sept jours pour le retour de la messe, l’impression est la même que dans un refrain qui fut jadis dans toutes les bouches : “C’est beaucoup et c’est bien peu.” Bien peu, en regard des 25% de la population française qui allaient à la messe tous les dimanches au début des années 1960. Beaucoup, si les 100.000 signataires sont tous prêts à être des ouvriers de la moisson, qui ouvrent une logique jamais réductible à l’ère des nombres qui font la loi. Dans Le soir approche et déjà le jour baisse (Fayard), le cardinal Sarah regrette que nous soyons à ce point préoccupés par le nombre de prêtres, alors que “les douze apôtres ont bouleversé le monde”. Les ouvriers, ajoute-t-il, “ne furent jamais en nombre tel que le jugement humain l’aurait cru suffisant”. N’eût-elle obtenu que douze signatures, la pétition aurait porté la même bonne nouvelle : une poignée de disciples du Christ n’ont pas mis sous le boisseau cette demande divine inouïe : “Prenez et mangez tous”. 

Si légitime soit-elle — et nous pensons qu’elle l’est —, la pétition pour la messe ne prendra donc pleinement son sens qu’en creusant en chacun des signataires la faim eucharistique.

Creuser la faim eucharistique

Si légitime soit-elle — et nous pensons qu’elle l’est —, la pétition pour la messe ne prendra donc pleinement son sens qu’en creusant en chacun des signataires la faim eucharistique. Celle-ci ne s’obtient pas en un « clic », mais notamment par l’adoration devant le tabernacle des églises ouvertes. Puisque le conseil d’État précise que les ministres du culte peuvent se rendre au domicile des fidèles, rien n’exclut sans doute d’accueillir chez soi le Pain de Vie, pour L’adorer avant de Le consommer. L’autre nom des minorités créatives serait alors “églises domestiques”, dont l’unique Espérance est le Christ eucharistique. Non pas dans un “entre-soi” que certains dénoncent, mais pour le monde qui nous entoure. Non pas pour “gagner du terrain”, mais pour sanctifier la terre, dont il s’agit d’être le sel. Cela suppose de puiser sa force à la source. 


messe télévisée

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L’événement central

Benoît XVI le notait dans Lumière du monde (Bayard) : “S’il est vrai, comme nous le croyons, que le Christ est réellement présent dans l’eucharistie, il s’agit tout simplement de l’événement central. Pas seulement l’événement d’une seule journée, mais celui de l’histoire du monde dans son ensemble, en tant que force décisive d’où peuvent ensuite venir des transformations.” Le Saint-Père en tirait une conclusion simple : “C’est la raison pour laquelle les grands personnages qui ont accompli de véritables révolutions du Bien tout au long de l’histoire sont les saints qui, touchés par le Christ, ont lancé de nouvelles impulsions dans le monde.” Unies au Messie qui continuent à s’offrir et fortes de l’exemple des saints, les minorités créatives savent toujours se nourrir du Christ et le porter aux autres, même quand les gouvernements sont inaptes à comprendre leurs raisons.




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