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« Elle laisse tout passer », « il est trop strict » : comment s’entendre pour éduquer un enfant

Parents - Child - Education - Argument

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Claire de Campeau - publié le 11/10/20 - mis à jour le 21/04/22

Dans un couple, des mésententes peuvent survenir concernant les différentes sphères éducatives : autorité, place de l’enfant au sein de la famille, rythme… Comment se mettre au diapason avec son conjoint et trouver un équilibre ?

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Devenir parents s’apprend au fur et à mesure que les enfants grandissent. Si la mission peut paraître insurmontable au début, elle s’apprivoise et se remplit finalement de manière assez naturelle. Une rétrospection se fait forcément, de façon plus ou moins consciente, sur l’éducation reçue enfant : que voulons-nous garder dans l’éducation que nous avons reçue, qu’est ce qui nous paraît nécessaire d’ajuster, qu’est-ce qui nous a déplu et qu’est-ce que nous souhaitons éviter de reproduire ?

Si cette réflexion se fait individuellement, il paraît important de la mettre en commun avec son conjoint afin de trouver le bon ajustement. Chacun ne part pas dans sa vie de parent avec le même sac à dos : famille unie, monoparentale, parents poules ou plutôt absents, parents stricts adeptes des punitions ou au contraire hyper tolérants. Des différences existent inéluctablement entre les familles.

Accepter que l’autre ait une vision différente

À partir de ce constat, il s’agira d’accepter que l’autre n’ait pas les mêmes réactions face à telle situation ou au sujet de tel point éducatif. L’empathie joue un rôle fondamental : accepter ses différences, comprendre que les repères dans la mission parentale sont différents. Régulièrement, il paraît judicieux de faire le point, échanger, partager pour trouver ensemble une conclusion qui semble juste et adaptée pour la famille. Si le passé est important, le couple se doit de regarder vers l’avant : il ne s’agit pas de calquer un modèle ni de le rejeter en bloc mais bien de construire un nouvel édifice en partant de bases différentes.

Les réactions de son conjoint peuvent surprendre, parfois même choquer : parce qu’on ne les a pas connues enfant ou, a contrario, parce que cela a été très mal vécu étant petit. Une femme qui n’aura pas grandi avec une figure paternelle pourra avoir du mal à situer la place de son conjoint dans la famille et à accepter la figure du père de famille, ne l’ayant pas connu elle-même. Une personne ayant grandi dans une famille nombreuse peinera à comprendre les réactions de son conjoint, lui-même enfant unique. Les cas de figure sont nombreux, les situations familiales multiples et c’est au nouveau couple parental formé de s’adapter et de poser des choix.

Laisser l’autre être le parent qu’il souhaite être est un exercice périlleux mais non moins essentiel.

Car oui, éduquer nécessite de poser des choix : quelles sont les valeurs fondamentales que je souhaite transmettre à mes enfants ? Quel rapport ai-je avec la notion d’autorité ? Le concept de la punition est-il cohérent pour moi ? Qu’est ce que j’attends de l’autre en tant que parent ? Toutes ces questions peuvent être notées, abordées chacun de son côté, pour ensuite être mises sur la table conjointement et débattues, non pas à vif lors d’un problème rencontré mais au calme, dans un lieu et un moment propices à la discussion.

Ces discussions éducatives devraient avoir lieu, dans l’idéal, loin des enfants : ces derniers pourront davantage comprendre les règles familiales si elles entrent dans une cohérence parentale. Un enfant comprendra bien vite si maman est plus détendue à ce sujet ou si papa est plus à même d’accepter telle requête ou comportement de sa part… Les parents ont ainsi tout intérêt à faire bloc pour rassurer l’enfant et l’aider à grandir, rôle premier de la mission éducative. Laisser l’autre être le parent qu’il souhaite être est un exercice périlleux mais non moins essentiel. Si certains points peuvent être discutés, d’autre peuvent être compris, acceptés. L’intérêt premier devant toujours être, dans la mesure du possible, celui de l’enfant et non notre intérêt propre.

Quand l’éducation est source de conflits dans le couple

Sur plusieurs aspects éducatifs, certains seront tentés de changer le point de vue de l’autre. C’est le cas de Camille, fervente adepte de la parentalité respectueuse et très soucieuse du respect du développement de l’enfant. Cette dernière n’en démord pas, elle sortira son mari des vestiges de son éducation « classique ». Elle témoigne : « Heureusement il aime débattre. Il a commencé à changer de paradigme progressivement grâce aux passages que je lui faisais lire, aux débats (dans lesquels je reconnais être assez radicale), et aux expériences émotionnelles qu’il peut vivre avec les enfants… » Cette prise de position peut être bénéfique si le conjoint est réceptif et ouvert au changement. Elle peut être plus houleuse si les deux conjoints ont des avis très tranchés, pour ne pas dire définitifs.

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De nombreux couples en témoignent : leur vision de l’éducation est la source de nombreux conflits au sein de leur ménage. Là encore, la communication et l’explication semblent de mise : si un principe éducatif est justifié et argumenté il peut davantage convaincre que s’il est attesté en tant que vérité sine qua none.

Damien a longtemps souffert de la relation très exclusive qu’entretenait son épouse avec ses enfants : très présente, trop laxiste à ses yeux il explique à quel point son agacement grandissait d’années en années : « Au début, les enfants étaient petits et je comprenais ce lien très fusionnel mais les enfants ont grandi et je ne trouvais pas ma place dans leur relation avec leur mère. Il me semblait ne plus y avoir de place pour moi, leur père, son époux. De plus, elle leur autorisait tout, ou presque : rien n’était jamais assez beau pour eux et toute son énergie était consacrée à eux, à mes dépens. » Il a fallu quelques séances chez un conseiller conjugal pour apaiser la situation et désamorcer le conflit grandissant : « Aller voir quelqu’un ensemble nous a forcés à parler. J’ai mieux compris son omniprésence maternelle quand je l’ai entendue parler, pour la toute première fois si précisément, de la désinvolture de sa propre mère, de ses absences répétées pour le travail, pour les sorties… C’était son père qui avait tout géré au quotidien. Elle s’était mis un point d’honneur à être là pour eux, et elle en avait certainement un peu trop fait, en tous cas à mes yeux. »

Les bienfaits de la complémentarité quand elle est assumée

« Éduquer ce n’est pas remplir des vases mais c’est allumer des feux », disait Montaigne. Quand les tempéraments sont différents, une répartition des rôles peut se mettre en place. C’est le cas chez Amélia : « Je suis la méchante, il est le gentil : nous faisons le tandem classique des interrogatoires de police. Mais quand je suis à bout, je les préviens, leur père se fâchera ! Nous avons volontairement instauré ce système pour que la figure du pater familias reste celle qui incarne l’autorité même si mon mari est une crème au beurre dans la vie ! ». L’enfant s’adapte volontiers aux adultes qui s’occupent de lui : généralement, il apprend très vite à adopter le comportement adéquat avec son professeur, ses oncles et tantes, les inconnus, selon les codes et les messages qu’on lui a transmis, de façon verbale ou non.

Si papa est plus strict que maman ou si maman passe son temps à les reprendre sur leur tenue à table et que papa est plus détendu à ce sujet : ce n’est pas grave ! Il y a un apprentissage très important sous-jacent : l’adaptation. La complémentarité des parents, si elle est assumée et si l’un ne reprend pas l’autre à chaque fois, peut être parfaitement bien vécue, voire sublimée, par les enfants. Elle peut être d’ailleurs source d’une grande richesse : chaque parent apporte à l’enfant une part de lui et lui montre qu’il n’y a pas un chemin unique tout tracé pour lui dans la vie. Les parents donnent des bases aux enfants afin que ces derniers, en grandissant, posent leurs propres choix et développent leur libre-arbitre et leur autonomie. Avec deux modèles, même un peu antinomiques, un enfant se retrouve confronté à l’auto-réflexion, à la comparaison : qu’est-ce qui, moi, me paraît plus juste ? Dans quelle voie est-ce que je me retrouve le plus ?


FAMILY, HAPPY, OUTDOOR

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Tant pis si avec papa les enfants se couchent une heure plus tard que quand maman est là. Les enfants composeront avec ce qu’ils reçoivent de leurs parents et il paraît juste nécessaire de s’accorder pour qu’au quotidien les désaccords n’amènent pas des tensions dans le noyau familial. Un enfant confronté à la rationalité de son père et la sensibilité de sa mère va pouvoir tirer le meilleur de ses parents et se nourrir de ce qu’ils ont à lui apporter de différent, quelle richesse ! Entre compromis, empathie et accord des violons, le projet parental se construit et n’a de cesse d’évoluer, ce qui le rend aussi passionnant que vertigineux. L’éducation ne s’apparente visiblement pas à une science exacte mais plutôt à un perpétuel questionnement.

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