Depuis quelques jours, le sanctuaire du dépouillement d’Assise accueille un flot de pèlerins venus vénérer le corps de Carlo Acutis, qui sera béatifié ce 10 octobre. Devant la normalité déconcertante de la vie du jeune Italien féru de technologies, la sainteté devient soudain accessible.Des familles nombreuses, un couple de personnes âgées ou encore des adolescents dissipés… Le profil des fidèles qui poussent la porte du sanctuaire du dépouillement connu comme le lieu où saint François a délaissé ses habits opulents devant son père, est aussi varié qu’éclectique. « Il y a des gens du coin mais aussi des personnes extérieures, qui viennent de loin en Italie, la plupart d’ailleurs », estime Luigi, volontaire pour gérer le flux des pèlerins. À l’écouter, l’église accueillerait chaque jour quelques milliers de personnes.

Par petits groupes, fidèles dévots ou simples curieux viennent se recueillir quelques minutes sur le petit banc en face du tombeau moderne qui comporte des parties en verre laissant apparaître le corps de Carlo. La dépouille de ce dernier a été « traitée pour être exposée », explique l’évêque d’Assise, Mgr Domenico Sorrentino, à plusieurs médias. Il souhaite ainsi mettre fin à certaines rumeurs indiquant que le corps de l’adolescent avait été retrouvé intact. Le visage de Carlo, abîmé au moment de sa mort, a en effet été reconstitué grâce à un masque en silicone. Un fait étonnant doit cependant être relevé : alors que l’Italien est mort il y a 14 ans, son corps une fois exhumé présentait tous ses organes.

« Le plus important, ce n’est pas son corps mais les miracles que Dieu peut réaliser à travers lui », tranche Luigi qui n’a que faire des propos autour de l’ « enveloppe » de Carlo Acutis. Quel que soit le caractère miraculeux ou non de la préservation de la dépouille de l’adolescent, il est indéniable qu’une paix transparaît de ses traits apaisés. « On dirait seulement qu’il dort », glisse une fillette à son père toute émue. Ce qui frappe, c’est aussi la manière dont est vêtu le futur bienheureux, qui a gardé son sweat et ses baskets.
Un parcours de digital native
En réalité, l’exposition du corps du jeune Italien renvoie les nombreux visiteurs à la poignante simplicité de sa vie, traversée par la présence de Dieu. Comment ne pas se reconnaître dans cet adolescent à la vie somme toute banale ? « Il n’avait rien de plus que moi », s’enthousiasme Carla. De passage dans la cité ombrienne pour le mariage de l’un de ses amis, cette trentenaire a souhaité s’arrêter dans la petite église pour vénérer le futur bienheureux. « Sa vie était plus que normale, je ne vois rien d’extraordinaire. En somme, il a simplement fait ce qu’il avait à faire », ajoute-t-elle, faisant remarquer à ses amis qu’il est de la même année de naissance qu’elle.

Bien dans son époque, l’adolescent plutôt débrouillard a su mettre sa passion pour les nouvelles technologies au service de sa foi, créant notamment un site internet consacré aux miracles eucharistiques. Un parcours qui inspire bon nombre de fidèles comme ce couple venu le vénérer et à l’origine de la création d’une chaîne YouTube dédiée à des témoignages chrétiens. Pour eux, la toile est le principal vecteur d’évangélisation d’aujourd’hui et Carlo Acutis peut être en ce sens un vrai modèle.

La renommée du premier bienheureux du 21e siècle s’est d’ailleurs propagée comme une traînée de poudre grâce aux réseaux sociaux. « Je l’ai connu via YouTube et soudainement j’ai ressenti le besoin de venir, ces chose-là ne s’expliquent pas », confie une mère de famille qui a fait le déplacement depuis Rome. Institutrice, Frederica voit quant à elle en Carlo un exemple pour éduquer ses élèves à l’utilisation des réseaux sociaux : « son exemple peut les faire réfléchir car c’est un saint de leur âge ». À ce titre, explique-t-elle, les groupes de prières s’inspirant de la figure de Carlo Acutis ne cesse de se multiplier en Italie.
Ce 10 octobre, la cité ombrienne devrait accueillir plus de 3.000 pèlerins pour la béatification du jeune italien. Désormais, il ne manque plus que la reconnaissance d’un nouveau miracle pour que ce dernier soit canonisé.
