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Qu’est-ce qui distingue l’homme de l’animal ?

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Travel man / Shutterstock

Jean Duchesne - publié le 30/09/20

Qu’est-ce qui distingue l’homme de l’animal ? Bien des choix faits aujourd’hui répondent à cette question sans la poser. S’interroger permet de reconnaître ce qu’ont de décisif la Bible et l’Évangile.

Qu’est-ce qui constitue la dignité de l’homme et l’empêche de faire n’importe quoi de lui-même et de ses semblables (en se débarrassant de l’enfant à naître ou du vieillard, en reniant la parole donnée dans le mariage, en refaisant l’histoire, etc.) ? C’est une question à laquelle il existe de multiples réponses. Tellement, d’ailleurs, qu’elles se font concurrence et qu’on ne peut s’appuyer sur rien qui fasse l’objet d’un consensus suffisamment large. Ce qui permet à chacun de ne pas s’encombrer de principes intangibles et de caler tranquillement ses croyances qu’il affiche sur les pratiques qui l’arrangent.

Droits de l’homme ? Supériorité sur l’animal ?

Pour les uns, qui ne tiennent pas à s’empêtrer dans de fumeuses spéculations, l’homme a des droits, qui font l’objet de déclarations « universelles », en théorie non seulement acceptables, mais encore contraignantes pour tout le monde. L’ennui est que tous les pays membres de l’ONU n’interprètent pas ces textes de la même façon que les Occidentaux. Ceux-ci insistent sur les libertés individuelles. D’autres considèrent que seul l’État ou le gouvernement (au nom de Dieu ou d’une idéologie) peut assurer le bien-être des personnes.

De manière plus scientifique, on peut relever que l’homme élabore des savoir-faire lui permettant de domestiquer son milieu et de prendre soin de lui-même comme aucun autre animal n’est capable de le faire. L’ennui est ici que certains animaux aussi savent concevoir des outils et s’en servir, aménager leurs tanières, s’organiser entre eux, etc., si bien que la différence n’est que de degré dans l’inventivité et l’habileté. Et le problème est surtout qu’on découvre maintenant que les bipèdes peu velus et confortablement vêtus saccagent leur environnement au point de compromettre leur avenir sur terre.

La culture ou la religion ?

Dira-t-on alors que ce qui distingue l’homme et fait sa grandeur, c’est sa capacité à rendre son existence plus intense par des comportements non nécessaires à sa survie, comme le culte du beau et l’amour désintéressé ? Mais bien des animaux connaissent et recherchent la jubilation du jeu et font preuve d’abnégation dans la solidarité. Une des audaces de Darwin — et non la moindre — a été de faire admettre que les sentiments et même la pensée ne sont pas des privilèges exclusifs de l’espèce humaine.

Ne reste-t-il alors plus que ce fait que l’homme apparaît comme le seul animal au monde qui soit religieux ? L’indice qui montre qu’un squelette très ancien n’est pas celui d’un singe est en effet la trace de rites funéraires dénotant l’intuition d’un au-delà. Cependant, toute incontestable qu’elle soit, cette caractéristique unique n’a plus valeur péremptoire de nos jours. D’aucuns estiment en effet que l’humanité est en train de s’affranchir enfin des superstitions de sa préhistoire, la sécularisation étant proclamée un progrès dans le cours irrésistible de l’évolution de l’espèce. 

Il y a deux choses dont aucun autre animal que l’homme n’est capable. La première est de pardonner. La seconde est de promettre.

Il y a pourtant deux choses dont aucun autre animal que l’homme n’est capable. La première est de pardonner. La seconde est de promettre. L’une et l’autre ont un rapport avec la liberté et avec le temps. Pardonner ou être pardonné, c’est n’être pas prisonnier, soit comme victime soit comme coupable, des torts subis ou commis dans le passé. Et s’engager à une fidélité dans l’avenir, c’est ne pas se soumettre d’avance à l’imprévisible de circonstances ultérieures qui dicteront leurs lois aveugles. Cette double capacité a été mise en lumière par Hannah Arendt (1906-1975), une philosophe juive allemande émigrée aux États-Unis, connue pour ses analyses pénétrantes des totalitarismes antisémites qui ont sévi au XXe siècle. Et cela se trouve dans sa Condition de l’homme moderne 

Bien qu’elle ne fût pas croyante, il n’est pas difficile de voir (et d’ailleurs elle ne nie pas) que la capacité de promettre est entrée dans l’histoire humaine avec l’Alliance offerte par Dieu à Israël, et que la nécessité vitale du pardon, déjà manifestée dans la Bible comme summum de la puissance divine, s’est imposée à l’homme dans l’Évangile comme un don à faire aussi bien qu’à recevoir (cf. par exemple Mt 18, 21-35). Aujourd’hui où tant de décisions sont, qu’on le veuille ou non, des réponses à la question : « Qu’est-ce que l’homme ? », l’anthropologie (comme disent les cuistres pour parler de ce qui peut définir l’humanité et la guider dans l’exercice de ses libertés) peut et doit plus que jamais se rappeler que le pardon et l’engagement de la promesse sont ses ressources propres et les plus précieuses.

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Pardon
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