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Courir des risques, c’est l’histoire de la vie

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Benoît Durand / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Guillaume de Prémare - publié le 26/09/20

Nulle vie n’est sans danger, a fortiori en temps de risque sanitaire. Mais la vie est-elle sans risque ?

Il était une fois un homme qui, approchant les quatre-vingt-dix ans, affichait une forme physique presque insolente pour son âge et menait une vie active, multipliant les déplacements, parfois assez longs, en voiture ou en train. Un matin, son dernier fils partageait avec lui un café et le trouva fatigué. Il lui posa la question : “Ne crois-tu pas, papa, que tu devrais te ménager un peu ?” Son père leva le nez de sa tasse et lui répondit : “Pourquoi voudrais-tu que je me ménage ?”

Une leçon de sagesse

Le fils ne répondit rien : il avait compris à cet instant que son père avait choisi de vivre pleinement les dernières années qui lui étaient offertes sur cette terre, quitte à risquer la fatigue ou l’accident. Il pensa que son père ne venait pas de lui faire une réponse de tête brûlée, mais qu’il lui donnait au contraire une leçon de sagesse : à quoi bon se ménager pour prétendre allonger sa vie de quelques années au prix d’un affadissement de ce qui fait la saveur de la vie ?




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Quelques années plus tard, le vieil homme approchait les quatre-vingt-quinze ans et le fils aperçut son père en haut d’un escabeau, taillant la vigne vierge. Il s’abstint cette fois de mettre en garde son père et le complimenta pour son pied encore alerte et son geste assez sûr. Son père le remercia et ajouta : “Je profite que tu sois là pour le faire, je ne monte pas sur l’escabeau quand je suis seul.” Voici une remarque instructive : si le vieil homme est prêt à prendre des risques pour continuer à vivre tel qu’il conçoit la vraie vie, il n’est pas prêt à prendre tous les risques.

Courir un risque

Courir un risque, c’est s’exposer volontairement à un danger dans l’espoir d’en tirer un avantage que l’on juge suffisamment essentiel pour justifier le risque. D’une certaine manière, c’est l’histoire de la vie. Par exemple, quel père ou mère de famille, n’a vécu ce moment angoissant où l’on juge son enfant suffisamment prêt pour se rendre seul à l’école, traverser seul la rue, faire un tour seul à vélo ?

On limite le risque en ayant pris soin d’apprendre à l’enfant la perception des dangers, mais le petit ne sera jamais à l’abri d’un moment d’étourderie ou bien sûr d’un chauffard.  Et pourtant, tous les parents prennent ce risque. Ils savent qu’ils ne peuvent faire grandir et vivre leur enfant sous cloche. Ils expérimentent alors cette douloureuse forme de lâcher-prise qui consiste à renoncer à tout maîtriser.

Dans cette affaire, il n’y pas que la loi et les règlementations qui comptent, il y a la vie humaine, son sens, ses saveurs et douceurs.

Cela fait désormais plus de six mois que nous vivons au rythme du risque sanitaire. Et cela pourrait durer encore. Nous sommes certainement tentés de vivre sous cloche, tenaillés par une peur plus ou moins secrète, que nous cachons parfois plus ou moins consciemment derrière la juste intention de ne pas mettre en danger les plus fragiles. Dans cette affaire, il n’y pas que la loi et les règlementations qui comptent, il y a la vie humaine, son sens, ses saveurs et douceurs. Et les risques qui leur sont liés.


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Alors, revenons un instant à notre vieil homme. Comment procède-t-il ? Fidèle à son tempérament, il choisit de voir ses enfants et petits-enfants ou encore de se rendre à un événement familial, sans masque… mais sans embrasser non plus. Une fois encore, il prend un risque mesuré, il ne prend pas tous les risques mais choisit de vivre le plus pleinement possible. Imaginons qu’il arrive quelque chose à ce vieil homme ; son fils sera peut-être tenté d’écrire comme épitaphe sur le marbre de sa tombe : “Il est mort d’avoir vécu.”

Chronique publiée en partenariat avec Radio Espérance, 23 septembre 2020.

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