Il y passait du sens, une sensibilité accordée à l’intelligence et au coeur, et tout autant de fragilité que de force. Il en sortait un timbre unique dans lequel se confondaient la pureté, la douceur, l’exigence, la faille et l’abondance. Entre le sage, l’espiègle et le conteur, il y jonglait de ses multiples dons. C’était la voix de Michael Lonsdale.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi le vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
L’homme a joué l’acteur et l’acteur a révélé l’homme. Il était devenu impossible de dissocier les deux, tant l’un nourrissait l’autre, comme toute bonne vocation qui se respecte. Et Michael Lonsdale a commencé très tôt à répondre à l’appel de la parole. Dès l’âge de 12 ans, il animait des émissions de radio pour enfant au Maroc. Ensuite, suivent les cours de théâtre à Paris, une quantité innombrable de films, une trentaine de livres audios, une carrière en voix-off mais aussi des livres, une vingtaine, dans lesquels sa propre voix continuait de s’exprimer. C’était un homme du verbe tout entier, d’ailleurs, lui qui avait un profond respect pour le Verbe de Dieu qu’il n’hésitait pas à dire publiquement.
Un style entre deux pays
Si Michael Lonsdale a majoritairement vécu en France, il n’a jamais délaissé ses racines anglaises, jusqu’aux menus qu’il choisissait, à table. Oui, sa bouche était anglaise avant d’être française, même s’il n’y apparaissait aucun accent anglais. Cachée au-dessus d’une épaisse barbe surmontée d’une moustache, elle exprimait le flegme tout anglais, dans lequel l’émotion ne partait jamais en éclat — a contrario du timbre plus français. On l’écoutait parce que sa voix intriguait par sa capacité à faire passer à peu près tout en un minimum d’efforts. Son visage était impassible quand sa voix, elle, exprimait l’essentiel.
Lire aussi :
Michael Lonsdale (1931-2020), frère pacifique
Même quand ses rôles au cinéma étaient secondaires, on se souvient de son jeu et de sa belle diction, dans Le Procès (1962), adapté du roman de Franz Kafka par Orson Welles, dans Baisers volés (1968) de François Truffaut ou encore dans Des hommes et des dieux (2010) de Xavier Beauvois, dans lequel il laissait poindre son sens de l’humour, notamment dans cette réplique du frère Luc : “Laissez passer l’homme libre.”
Par ses lectures publiques ou celles de livres audio, il a permis à nombre d’auditeurs d’entrer dans le mystère du texte ou d’une histoire. Sa voix exprimait la bonté tout autant que son besoin d’être au contact de la bonté. Elle était à la fois sérieuse, insaisissable et douce, on sentait de loin son intention de vouloir plutôt parler à ceux qu’il aime ou qu’il voudrait aimer. Comme si parler lui permettait de revenir ou de voyager au pays d’un monde sans péchés, là où se trouve la grâce. Cette voix singulière, inoubliable, aura marqué plus d’un demi-siècle. Et on l’entend gronder encore, enfin arrivée dans les hauteurs où elle ne semblait qu’aspirer à aller.