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Petite histoire de nos églises en ruine

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Ruines de la chapelle Notre Dame Bon Secours (XIIIe) à Nyons (Drôme).

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Christophe Dickès - publié le 12/09/20
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Nos églises sont fragiles, beaucoup se dégradent, certaines sont désacralisées. Mais si les destructions d’églises ont toujours existé, les églises se sont sans cesse relevées, comme un signe de résurrection : “La ruine appelle le relèvement.” En partenariat avec la web radio StoriaVoce, Aleteia propose un entretien de l’historien Christophe Dickès avec l’auteur d’”Église en ruine”, l’historien Mathieu Lours.Le terme d'”église” vient du grec ekklesia signifiant l’assemblée ou la communauté des fidèles. Il faudra attendre le IXe siècle pour que le mot désigne aussi le lieu de culte tel que nous le connaissons aujourd’hui. En effet, pendant des siècles, les chrétiens manifestent une forme de rupture avec l’époque judaïque, ses synagogues et son Temple : les monuments qu’ils construisent ne sont pas à proprement des lieux de culte mais des lieux de mémoires. Les tombeaux de Pierre et de Paul sont des exemples connus. Ils renvoient tous deux au culte des reliques.  En revanche, le lieu du culte eucharistique à proprement parler est bien plus tardif. Or, depuis que les églises existent, celles-ci courent le risque de tomber en ruine. L’incendie de Notre-Dame nous a ainsi rappelé de façon dramatique “la fragilité du bâti”.

L’histoire d’une fragilité

Dans un livre intitulé Églises en ruine (Cerf), l’historien de l’architecture Mathieu Lours nous raconte l’histoire de cette fragilité à travers le temps, des invasions barbares jusqu’à nos jours. En effet, nous croyons toujours que tout est nouveau alors que nous repassons par les mêmes chemins par lesquels nos ancêtres sont passés. Et nos églises le savent trop bien : leur destruction est loin d’être un privilège de notre époque contemporaine, bien au contraire. Parce qu’elles concentraient des richesses et symbolisaient le pouvoir, les églises et les monastères furent la cible de nombreux pillages et profanations à l’époque du Haut Moyen Âge.

Mais la destruction d’un édifice puis sa reconstruction était aussi l’expression d’une puissance. Celle de la résurrection : “La ruine appelle le relèvement, nous dit Mathieu Lours, suivant une logique qui puise ses racines dans l’image du Temple de Jérusalem et qui est assumée, une fois pour toutes, par le corps du Christ lui-même, mort et ressuscité.” La dimension symbolique de la ruine d’une église est donc très forte. Nous connaissons tous la fresque de Giotto représentant le songe du pape Innocent III et saint François retenant la chute de l’Église….

Une figure du transitoire et de la renaissance

Bien plus tard, l’époque moderne n’est pas en reste : les guerres de religions virent les protestants s’en prendre aux églises. Au XVIe siècle, il exista un iconoclasme français destructeur : “C’est généralement la conjonction d’une logique purificatrice et d’une logique de déprédation guerrière qui plongèrent les édifices dans la ruine.” Et que dire de la Révolution française ou des guerres du XXe siècle ? Dans l’ensemble de ces exemples, nous voyons que les bâtiments de pierres sont les victimes des guerres et des conflits intérieurs et extérieurs. Pourtant, il existe bien d’autres causes aux ruines : incendie au cours d’un chantier, lieu délaissé, simple usure des temps, etc. Comme l’homme de passage sur terre, le lieu de culte est “une figure du transitoire, de l’effacement, de la mort, mais aussi de la renaissance”. Dans ce livre, mais aussi dans l’émission de radio disponible ci-dessous, Matthieu Lours nous invite à un voyage à travers les siècles, afin de mieux saisir ce phénomène si particulier de l’histoire du christianisme.

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Cerf

Églises en ruine, des invasions barbares à Notre-Dame de Paris, de Mathieu Lours, Éditions du Cerf, juin 2020, 22 euros.

 

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