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"Je suis l’Immaculée Conception" C’est par ces mots que, le 25 mars 1858, jour de la 16e apparition, Marie révéla enfin son nom à Bernadette qui le lui avait demandé à plusieurs reprises. En révélant ce nom, Marie confirme ainsi le dogme qui avait été proclamé par le pape Pie IX quatre ans auparavant. Mais ce nom est bien plus qu’un patronyme, c’est le sommet des dix-huit apparitions dont Bernadette a été gratifiée entre le 11 février et le 16 juillet 1858, avec une mission. Marie, l’Immaculée, est une femme toute disponible à l’action de Dieu en elle.
Conçue sans péché, elle ne manifeste aucun obstacle à la puissance transformatrice de l’amour. Elle est ainsi notre mère mais aussi notre sœur sur ce chemin d’humanité au goût parfois âpre, notre modèle dans l’écoute de la Parole faite chair. Sa mission est de transmettre au monde, sans obstacle, l’amour de Dieu pour chacun. Cette mission, nous la recevons aussi ; avec la grâce du baptême, Dieu nous offre le salut, objet de sa promesse. Et Dieu tient ses promesses. C’est en Église que nous avons à vivre cela.
L’Esprit de Pentecôte
Lourdes est avant tout le lieu d’une rencontre. Le message de Lourdes, c’est celui de la rencontre et de la fraternité. Au début, il y a la rencontre de Massabielle, mais aujourd’hui ces rencontres continuent. Car Lourdes, ce n’est pas simplement Marie, c’est Marie et Bernadette, rencontre de deux femmes. Aujourd’hui, c’est la rencontre entre les malades et les hospitaliers, la rencontre entre les générations, la rencontre entre les clercs et les laïcs, la rencontre entre les nations et les cultures pour que Babel se transforme toujours davantage en esprit de Pentecôte.
Cette rencontre se teinte ici d’une dimension importante : la compassion. C’est un des plus beaux sentiments que l’homme puisse éprouver. Cette compassion est la marque de Dieu. Dans le livre de l’Exode, Dieu dit à Moïse : J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, j’ai entendu ses cris […]. Oui, je connais ses souffrances (Ex 3, 7). Ici, la compassion de Dieu se manifeste par l’attention portée aux plus petits et aux plus faibles. Lourdes se vit à hauteur de fauteuil et de brancard. Cette rencontre est marquée par l’international. Marie parlait en bigourdan à Bernadette, c’est-à-dire que chacun doit ici pouvoir entendre Marie et son message dans sa propre culture. Il s’agit non de traduction mais d’inculturation. Que veut dire Lourdes pour un tamoul ou un Coréen, pour un Italien ou un Congolais ? C’est un défi que nous avons chaque jour à relever.
Lourdes n’est rien d’autre que l’Évangile vécu (...) Dans une société marquée par l’individualisme, Lourdes veut répondre par la fraternité.
La présence de chapelains de différentes nationalités et de communautés religieuses venant de plusieurs continents est un signe de cette universalité. La diversification d’origine des pèlerinages est également une marque de l’universalisme du message de Lourdes. Je le crois très profondément, le message de Lourdes est prophétique pour aujourd’hui. Parler ainsi, c’est dire que ce message nous dit quelque chose de Dieu et que Dieu parle par lui. Lourdes n’est rien d’autre que l’Évangile vécu. Son message est prophétique pour l’Église mais aussi pour la société. Il faudrait se garder de considérer que Lourdes n’est que pour les catholiques dûment estampillés comme tels. Marie et Bernadette ont quelque chose à dire au monde d’aujourd’hui.
Dans une société marquée par l’individualisme, Lourdes veut répondre par la fraternité. Dans une société marquée par la réussite matérielle, Lourdes veut répondre par le prix et la valeur de la pauvreté. Ici, les pauvres et les malades ont la première place. Dans une société marquée par le culte du corps, Lourdes veut répondre par la dignité de toute vie. Dans une société marquée par la défiance, Lourdes veut répondre par la confiance. Dans une société marquée par l’isolement et la solitude, Lourdes veut répondre par le rassemblement et la joie simple.
La Dame a demandé de venir ici en procession. Cela évoque une Église en mouvement, une Église pèlerine, et notre propre pèlerinage sur cette terre. Le chrétien est celui qui ne pourra jamais s’arrêter de marcher pensant soit qu’il a touché le but, soit qu’il n’y arrivera jamais.
Et les premiers pèlerinages ont été les premières processions. Lourdes a ce charisme de rassembler les foules en Église pour les processions eucharistiques (dès 1888) et les processions mariales (dès 1872) ainsi que pour les messes internationales. Dans une société marquée par le rationnel, Lourdes veut répondre en acceptant l’inexplicable. Soixante-dix fois depuis 1858 ont été déclarées miraculeuses des guérisons inexplicables en l’état actuel des connaissances médicales. On ne sort pas indemne d’une visite à Lourdes parce que le sourire que Marie adressait à Bernadette touche le cœur de tous ceux qui osent s’asseoir devant cette grotte et faire la vérité dans leur cœur. Alors, ils pourront découvrir que Marie guérit et protège parce qu’elle est toute entière tournée vers son Seigneur. Elle est l’Immaculée Conception.