La traduction de la Bible en langue anglaise remonte au VIIe siècle, date de l’évangélisation du pays. C’est le vieil anglais qui fut alors la langue de traductions partielles et de paraphrases poétiques réalisées à partir de la Vulgate latine. Selon la tradition, ce serait le moine et lettré Bède le Vénérable qui le premier entreprit une traduction en vieil anglais des Écritures, initiant ainsi un grand nombre de textes ultérieurs, tels ceux de l’évêque Aldhem qui traduisit l’intégralité des Psaumes et quelques autres livres de la Bible.
Mais il faudra attendre le XIVe siècle pour disposer dans cette langue d’une Bible complète. Elle sera le fruit d’un effort collectif dirigé par l’érudit John Wyclif et mené en 1382-1384. Ce fin lettré fut un précurseur de la Réforme anglaise et protestante en plaçant l’autorité de l’Église en retrait face à l’autorité de la grâce accordée directement par Dieu. Cette contestation de l’autorité ecclésiastique n’allait pas cependant rencontrer un accueil favorable des responsables religieux et Wyclif sera condamné par Rome avant de s’éteindre dans la solitude. Quarante après sa mort, le pape ordonna même que son corps soit exhumé et brûlé en tant qu’hérétique…
Bible de Tyndale et King James Version
La Bible anglophone naîtra véritablement avec la traduction réalisée par l’érudit William Tyndale (1494-1536). Polyglotte et ouvert aux idées d’Érasme et de Luther, c’est tout d’abord à partir du grec qu’il traduisit le Nouveau Testament en moyen anglais en 1525. Puis, à partir de l’hébreu, Tyndale proposera des traductions de certaines parties de l’Ancien Testament avant d’être, lui aussi, condamné comme hérétique par les autorités religieuses. Il sera étranglé, puis brûlé. Mais, son élan n’allait pas, cependant, être stoppé par cette terrible répression et sa Bible dite “Bible de Tyndale” s’imposera en modèle de traduction sur un plan littéraire.
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Ce sera, en fin de compte, le roi Jacques 1er (1566-1625) qui le premier décidera de manière moins violente que soit réalisée sous son règne une traduction de la Bible en langue anglaise. La démarche qu’il retiendra anticipera de manière moderne ce qui sera réalisé plusieurs siècles plus tard en ordonnant que plusieurs comités soient pour ce travail mis en place avec des experts et savants usant d’outils (y compris de traductions catholiques) et de méthodes spécifiques. Cet important travail de traduction de la Bible en langue anglaise aboutira à un monument, la “King James Version” en 1611, véritable phare qui rayonnera dans tout le royaume jusqu’à la fin du XIXe siècle.