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Vers un big brother éducatif ?

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Thomas SAMSON / AFP

Guillaume de Prémare - publié le 25/06/20

Les déclarations du ministre de l’Éducation nationale sur l’emploi du temps des enfants en dehors du temps scolaire sont révélatrices des tentations de contrôle de l’État sur la vie privée des citoyens.

Entre le 18 mai et le 18 juin 2020, trois décisions judiciaires ont conforté les libertés publiques face aux abus de pouvoir du gouvernement et du législateur : la levée par le Conseil d’État de “l’interdiction générale et absolue de réunion dans les lieux de culte”, puis de l’interdiction de manifester. Vînt ensuite l’annulation par le Conseil constitutionnel des principales dispositions de la fameuse loi Avia, “visant à lutter contre les contenus haineux sur Internet”. Ces trois décisions dans un laps de temps si court ne sont certainement pas neutres. L’expérience montre que tout pouvoir tend à abuser de ses prérogatives. En période de crise, cette tentation naturelle se renforce. Il est sain que des citoyens, des corps intermédiaires et des parlementaires montent au front pour défendre les libertés publiques par les moyens de droit.

L’État-Léviathan

Nous faisons face en effet aujourd’hui à la tentation de l’État-Léviathan, théorisé par Thomas Hobbes au XVIIe siècle, cet État fort du contrat social qui prétend assurer la sécurité de tous et obtient en échange l’obéissance des citoyens. Une autre conception de l’État s’oppose au Léviathan : celle d’un État qui est au service de la société, un État auquel les citoyens délèguent des missions d’intérêt général, non pas en toute chose mais dans des matières et avec une portée bien précises, sous le contrôle des citoyens.

“Une autre conception de l’État s’oppose au Léviathan : celle d’un État qui est au service de la société (…)”

Le 18 juin dernier, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, était auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur la radicalisation islamiste. Ce dernier a tenu des propos inquiétants. Prônant ce qu’il appelle “une vision complète du temps de l’enfant” pour voir “ce qu’il se passe dans son environnement”,  il a affirmé : “Je suis de plus en plus favorable à une vision où l’emploi du temps de l’enfant serait vu, pas seulement sur les heures de cours, mais un petit peu sur ce qui se passe dans sa vie le mercredi et le week-end, sans qu’on arrive à un Big Brother éducatif.”

La tentation autoritaire

Sous couvert de lutter contre la radicalisation islamiste, voici une manière de glisser vers un “Big Brother éducatif”, tout en le niant. Jean-Michel Blanquer doit comprendre qu’il est payé depuis bien longtemps par les citoyens, comme haut-fonctionnaire puis comme ministre de l’Éducation nationale, pour assurer à nos enfants une transmission correcte des savoirs et non pour contrôler l’emploi du temps des familles le week-end. C’est bien aux citoyens qu’il revient de lui demander des comptes sur l’échec retentissant de sa mission essentielle de transmission des savoirs, plutôt qu’à lui de demander aux citoyens des comptes sur la manière dont ils s’occupent de leurs enfants le mercredi, le samedi et le dimanche.

Nous voyons aujourd’hui se multiplier les signaux de la tentation autoritaire d’un État-Léviathan. Plus l’histoire se durcira, plus la pression de l’État sera forte. Et plus cette pression sera forte, plus la société civile devra lui résister. Il ne s’agit évidemment pas de promouvoir une quelconque rébellion, mais de veiller à exercer toujours davantage ses responsabilités civiques en défendant les libertés publiques.


FAMILY LOVE

Lire aussi :
Éducation des enfants : les quatre attitudes à éviter

Chronique publiée en partenariat avec Radio Espérance, le 24 juin 2020.

Tags:
ÉducationEnfantsliberté
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