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Chronique de la France confinée (13). Générique de fin

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Jason Whitman | Shutterstock

Xavier Patier - publié le 19/05/20

La politique de « guerre » fondée sur la peur, était un aveu de faiblesse qui agit désormais comme le poison lent d’une crise de civilisation. On a privé les Français de vérité et de responsabilité : cela valait-il la peine ?

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Avant longtemps, un débat s’installera sur la question de savoir si nos sociétés, et d’abord la société française, n’ont pas surréagi à la crise du coronavirus. La guerre finie, il faudra compter les morts, réparer les dégâts et recenser les responsabilités. Le générique de fin risque de durer plus longtemps que le film qu’il conclura. Il faudra le lire jusqu’au bout. De la même manière que le virus lui-même est un moindre danger pour le malade du Covid-19 que la tempête immunitaire qu’il provoque en retour, c’est moins la pandémie elle-même que la politique suivie pour la combattre qui, peut-être, sera la plus violente à notre société. En tout cas, ce sera l’objet du débat.

La peur mortifère

Il ne s’agit pas de prétendre qu’il fallait laisser faire. Nul doute que sans les mesures de confinement, le coronavirus aurait provoqué dans l’immédiat bien plus de morts, en tout cas bien plus de morts du coronavirus. Les journaux ont publié des études qui estiment que nous aurions eu quarante ou cinquante mille décès supplémentaire en France sans les mesures de police. C’est considérable. En limitant les contacts, le gouvernement a fait ce qu’il devait. Mais en même temps, le confinement policier aura augmenté, et dans une proportion autrement difficile à calculer, et pour une durée bien plus longue, le nombre des morts d’autre chose.




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On aurait pu choisir de parier sur l’esprit de responsabilité plutôt que sur la peur du gendarme : il eût fallu pour cela un pouvoir assuré, capable de tout dire. La politique de « guerre » fondée sur la peur, qui fut au cœur des longs discours présidentiels, était un aveu de faiblesse, aveu qui agit désormais comme un poison lent. Le mal va durer. Il ne sera pas seulement physique. La peur est mortifère. On a privé les Français de responsabilité. Toutes les valeurs de liberté pour lesquelles nos ancêtres ont fait don de leur vie autrefois auront été tenu pour nulles, et nous n’avons rien dit, et nous n’avons pas protesté, et nous avons trouvé cela très judicieux, et notre société va bientôt — sans l’avouer — en éprouver de la honte. La question sera : cela valait-il la peine ? Serons-nous capables d’en débattre sans nous écharper ?

Stratégies comparées

Comparons-nous aux rares pays qui n’ont pas mis la peur au centre de leur stratégie : le Brésil, la Biélorussie, la Suède, par exemple. Les deux premiers ont été fortement critiqués d’avoir renâclé à confiner leur population, ils ont été traités avec mépris par les sachants. Leurs dirigeants ont été qualifiés de criminels. Le troisième, qui misait sur l’immunité de groupe, fut un peu moins égratigné, parce que la Suède reste dans nos imaginaires un pays plus convenable que le Brésil ou la Biélorussie. Mais il est frappant qu’aucun de ces trois pays, très dissemblables, n’aura pour finir connu davantage de victimes du coronavirus que les autres, toutes proportions gardées. Tous les pays sont arrivés par des voies différentes à des résultats comparables. Et l’Afrique, où l’on annonçait une catastrophe historique, a été relativement épargnée. L’homme ne peut pas tout, nous avions tendance à l’oublier.

Le choix de la survie

La réaction occidentale au coronavirus aura été un signe des temps : signe d’une aversion au risque exacerbée, mondialisée, médiatisée. Signe d’un monde qui ne sait plus ce qu’il cherche et se trouve réduit à ériger la survie individuelle en valeur suprême. Signe d’un monde qui aura fait du principe de précaution son seul dieu. Ce n’est pas le coronavirus qui est sans précédent : c’est la réaction policière, assortie d’un discours moral universel fondé sur une valeur unique, la survie. Voilà pourquoi, tout en ayant fait moins de morts, le Covid-19 fera sans doute à terme plus de dommages à notre civilisation que ne l’avait fait par exemple la grippe de Hong Kong en 1970.


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Dans ce drame, la politique aura perdu de son crédit. Des entreprises auront été détruites. Des familles auront été interdites de deuil. Des vérités auront été refoulées. Une jeune génération, peut-être, aura été sacrifiée. Nous avions cru que le pouvoir était accaparé par les puissances sanitaires : mais ce n’étaient pas les puissances sanitaires qui commandaient, c’étaient les puissances médiatiques. Jouer sur la peur était un piège dans lequel bien des gouvernants occidentaux sont tombés, et notamment, hélas, chez nous.

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