"Souvenir de Tolbiac" est le second ouvrage d’un jeune poète de 28 ans, Pascal R. Wilhelm. La maladie, qui ne le quitte pas depuis l’adolescence, a orienté sa vie vers l’écriture, profonde et salvatrice. Il offre aujourd’hui avec son recueil un voyage dans le tréfond de l’âme.
Il se rêvait moine, mais la maladie et les grands textes de la littérature ont changé sa vie. Pascal Wilhelm, 28 ans, naît à Saint-Pol-sur-Mer, et après quelques années à Lille, suit sa famille à Pau. Il a 16 ans quand se déclare chez lui une maladie auto-immune de l’intestin, la maladie de Crohn, l’obligeant à se rendre régulièrement à l’hôpital. C’est là qu’il trouve le temps de lire et de se forger, dans l’adversité, les prémices d’une réflexion exigeante sur le sens des choses.
Il poursuit des études en khâgne et en histoire de l’art. Mais c’est lors d’une opération en urgence, dix ans plus tard, qu’il vit une expérience d’absolu à la frontière de la mort. De cette expérience ressort l’urgence d’écrire et il se tourne vers la poésie, seule possibilité selon lui d’ouvrir « les vannes de l’infini ». Aleteia l’a rencontré.
Aleteia : Comment vous est venue l’idée d’écrire de la poésie et pourquoi ?
Pascal Wilhelm : Parce que je l’aime et qu’elle manque au monde contemporain. Je suis atteint d’une maladie chronique qui m’a isolé du monde, et dans la solitude, j’ai entendu cet appel secret de la poésie. C’est une reine que j’ai voulu servir avec dévouement et humilité car elle peut nous aider à vivre.
Quelle est l’âme de votre ouvrage ?
Ce recueil-ci est mon second ouvrage édité. J’y cherche les chemins d’une vie possible dans un monde violent et chaotique. J’y interroge les origines de notre civilisation, son histoire, pour tenter d’en dégager la musique singulière. Il existe au sein de notre société un sentiment d’impasse, d’incomplétude. Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Écrire de la poésie, c’est regarder dans les yeux le néant de notre époque et tenter de lui arracher quelque chose. C’est résister par la beauté, en espérant qu’elle sauvera le monde.
« J’espère apporter au lecteur le réconfort de trouver dans mes livres une poésie vivante et moderne qui n’élude pas les aspects difficiles de la vie. »
Quels sont les épisodes historiques ou bibliques auxquels vous faites référence ?
La Bible et l’Histoire sont, avec les textes de l’Antiquité, mes principales sources d’inspiration. Les références sont multiples et parfois croisées. Je mentionne par exemple le combat de Jacob avec l’ange raconté dans l’Ancien Testament, car le mélange de puissance et de tendresse qu’a si bien représenté Rembrandt me semble paradoxal à tout point de vue. Et pourtant, au-delà de l’apparente contradiction des termes, dans le trouble même que m’inspire cette vision, j’y ressens une force à même de nous projeter collectivement dans un avenir meilleur. Pour l’Histoire, je convoque différentes figures ayant incarné la royauté : Agamemnon, Alexandre, Louis IX et finalementle roi David, car elles ont quelque chose à nous dire de la suprême noblesse qu’elles ont représenté pour les hommes du passé. Je crois que c’est en retrouvant sa grandeur d’âme que l’homme moderne pourra affronter les enjeux de son siècle.
Quel message souhaitez-vous faire passer à vos lecteurs ?
Il n’y pas de message à proprement parler, que celui qui germera dans l’esprit de chaque lecteur. Pour autant, j’espère lui apporter le réconfort de trouver dans mes livres une poésie vivante et moderne qui n’élude pas les aspects difficiles de la vie. Le public lit encore Une saison en enfer d’Arthur Rimbaud, car malgré la souffrance exprimée, il y a un effet consolant de mettre des mots de qualité sur les affres de notre condition. Enfin – et c’est le plus important – dans un temps où le sens est en échec, je crois qu’il est vital de s’armer de la puissance des symboles pour se donner les moyens de penser le monde.
La poésie n’est-elle pas un genre dépassé aujourd’hui ?
Non, précisément. Elle l’était hier mais nous changeons d’époque. La modernité s’essouffle et il me semble que devant tant de promesses non tenues, les lecteurs attendent autre chose qu’un énième roman désespéré. La poésie, par sa puissance évocatrice, par le souffle qui la caractérise, par sa liberté enfin, est seule capable de rouvrir les vannes de l’infini.
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