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Pour les chrétiens, le rituel n’est pas l’essentiel

Le Sermon sur la montagne, par Cosimo Rosselli, chapelle Sixtine.

Le Sermon sur la montagne, par Cosimo Rosselli, chapelle Sixtine, 1482.

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Jacques Perrier - publié le 16/02/20
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Pourquoi les chrétiens ne suivent-ils pas les lois perpétuelles données à Israël ? L’Écriture enseigne que le rituel n’est pas l’essentiel aux yeux de Dieu. Le sacrifice parfait s’accomplit par le Christ, dans sa mort et sa résurrection. Jésus invite à dépasser la Loi, qu’il n’abolit pas mais accomplit. La loi qu’il propose est une loi de liberté.

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La plupart des « lois perpétuelles données à Israël » concernent le rituel des sacrifices, dans les livres de l’Exode, du Lévitique et des Nombres. Or déjà les prophètes avaient enseigné que le rituel n’était pas l’essentiel aux yeux de Dieu. Le livre d’Isaïe s’ouvre par une expression de dégoût : « Que m’importent vos innombrables sacrifices… Vos réunions, mon âme les hait » (Is 1, 11-15). Jésus citera, en partie, un oracle du prophète Osée : « C’est l’amour qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes » (Os 6, 6 ; Mt 9, 13 et 12, 7). Quelles que soient les religions, le sacrifice a toujours pour but de concrétiser le désir qu’a l’être humain de s’offrir complètement à Dieu. Pour ne pas braver l’interdit du suicide, il se fait représenter par des produits de la nature ou par des animaux.

Jésus seul est allé au bout de la logique du sacrifice

Dans sa Passion, Jésus « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à l’extrême » (Jn 13, 1). Il ne s’est pas suicidé mais il a donné la preuve de son amour absolu envers son Père et envers les hommes. Sa résurrection au troisième jour manifeste que cette mort n’était pas un échec mais l’entrée, définitive, dans la vie. Dès lors, les sacrifices de l’ancienne Alliance se trouvent périmés, en même temps qu’ils reçoivent leur achèvement, comme l’explique longuement l’épître aux Hébreux (chapitres 8 à 10).


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Dans le Discours sur la Montagne, Jésus annonce : « Je ne suis pas venu abolir la Loi ou les Prophètes ; je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5, 17). Il précise qu’il n’est pas question d’amoindrir la Loi. Bien au contraire, ce qui suit est construit sur le schéma : « On vous a dit [dans la Loi] et moi je vous dis… » Et ce qu’il dit, c’est d’aller jusqu’à aimer ses ennemis et de prier pour ses persécuteurs (Mt 5, 17 et 44). Il réalisera lui-même, sur la Croix, la parole qu’il a prononcée sur la Montagne, au début de son ministère : « Père, pardonne-leur… Entre tes mains, je remets mon esprit. »

La liberté dans le Christ

Mais le début des Actes des Apôtres montre bien que, jusqu’à la Pentecôte, les disciples n’ont rien compris. Ils sont toujours dans la logique, tout humaine, de la réussite (Ac 1, 6). Pour que ses disciples puissent entrer dans la logique du salut par la Croix, le Christ leur envoie l’Esprit saint. Par le baptême, le chrétien « revêt l’homme nouveau ». Sur la Croix, le Christ a « supprimé la Loi des préceptes avec ses ordonnances » (Éph 2, 15). Aux Galates, Paul reproche avec véhémence d’être retombés dans les pièges du ritualisme et du formalisme : « C’est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés. Donc, tenez bon et ne vous remettez pas sous le joug de l’esclavage » (Gal 5, 1). « Laissez-vous mener par l’Esprit… Si l’Esprit vous anime, vous n’êtes pas sous la Loi… Puisque l’Esprit est notre vie, que l’Esprit nous fasse aussi agir » (Gal 5, 16, 18 et 25).


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Il ne faut pourtant pas s’y méprendre : pour un disciple de Jésus, la liberté n’est pas celle de l’indifférence, mais celle du Christ. Si bien que Paul professe qu’il « n’est pas sujet de la Loi », mais qu’il n’est pas « sans une loi de Dieu, étant sous la loi du Christ » (1Cor 9, 20-21). Pierre et Jacques parlent d’une « loi de liberté » (Jc 1, 25), alors que, dans le vocabulaire courant, « loi » et « liberté » sont deux mots presque contradictoires.

Ce n’est pas la loi qui sauve

À Antioche et à Jérusalem, Paul avait plaidé avec passion pour que les païens convertis ne soient pas soumis aux observances juives. Ce n’était pas, à ses yeux, une simple question disciplinaire ou un enjeu tactique. Le cœur de la foi chrétienne était en cause. Est-ce par l’observance, forcément imparfaite, de la Loi que nous sommes sauvés de la mort et devenons enfants de Dieu ? Ou est-ce par la foi au Christ Jésus et le don de son Esprit ? La réponse est dans la question…

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