Dans une vidéo vue par près de 10.000 personnes, Pedro Correa, se tient sur l’estrade d’un amphithéâtre d’une classe d’ingénieurs en Belgique. Ils se préparent à entrer dans la vie active. Lui-même diplômé de cette école et docteur en sciences appliquées, il n’est pourtant pas là pour les abreuver de conseils de carrière. C’est son témoignage qu’il a voulu donner à ces futurs ingénieurs lors de leur remise de diplômes, le 28 novembre dernier. Depuis quelques années, il s’est reconverti dans un métier à risque : artiste et photographe.
Il a commencé par féliciter l’école de parler de plus en plus de « sens », de « bonheur » et de « joie au travail ». Termes dont il n’entendait jamais parler à son époque, qui mettait l’accent sur le « sacrifice », le « sérieux » et la « compétitivité ». À la « surconsommation » et l’ »égocentrisme » succèdent maintenant d’autres valeurs comme la « solidarité », la « collaboration » et la « quête de sens », qu’il remarque dans cette nouvelle génération.
Les ingénieurs aiment les chiffres, mais ceux qu’il leur donne sont là pour leur faire peur. « C’est une statistique incroyable […] qui devrait nous indiquer que quelque chose va très mal aujourd’hui : depuis 5 ans, la Belgique dépense une plus grande part de son budget national en malades de longue durée (dépressions et burn-outs) qu’en charges liées au chômage », expose-t-il. « Contrairement à ce qu’on nous martèle chaque jour à propos du chômage, cela veut dire qu’en sortant d’ici vous avez plus de risque de tomber malade ou en dépression à cause de votre job que de ne pas en trouver. »
Il les enjoint alors à parvenir à écouter leur propre voix et à ne pas en avoir peur. Lui, c’est à la suite du décès brutal de son père, à 56 ans, qu’il s’est enfin décidé à le faire. Un choix qu’il ne regrette pas, puisqu’il lui a fait découvrir le bonheur.