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Procès de Mgr Barbarin : « Les feuilles mortes du buzz se ramassent à l’appel »

Cardinal Philippe Barbarin - fr

© Stéphane OUZOUNOFF/CIRIC

La rédaction d'Aleteia - publié le 25/11/19

Leurs noms sont cités dans une longue enquête de L’Obs sur le cardinal Barbarin. Puisque Frédéric Martel, son auteur, ne les a pas interrogés, nous l’avons fait. Anne Lorne, Natalia Trouiller, Pierre Durieux et Étienne Piquet-Gauthier ont choisi de répondre ensemble aux questions de Aleteia.

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Anne Lorne, Natalia Trouiller, Pierre Durieux et Étienne Piquet-Gauthier sont cités dans un portrait peu amène du cardinal Barbarin publié dans L’Obs une semaine avant l’ouverture de son procès en appel pour non-dénonciation d’abus sexuels commis sur mineurs. Non sollicités par son auteur, ils ont choisi de répondre aux questions de Aleteia.

Aleteia : Comment appréhendez-vous le procès en appel du cardinal Barbarin qui doit s’ouvrir le 28 novembre prochain ?
Anne Lorne, Natalia Trouiller, Pierre Durieux et Étienne Piquet-Gauthier :
C’est une échéance importante : la Cour d’Appel aura à dire qui a eu raison : les magistrats du Parquet de Lyon qui avaient classé sans suite, puis requis la relaxe du cardinal ou des magistrats du Tribunal de grande instance qui l’ont finalement condamné à six mois de prison avec sursis ? Autrement dit, est-ce que l’obligation de dénoncer des faits criminels s’applique dès lors que les victimes sont devenues majeures et que les faits sont présentés par les victimes elles-mêmes comme prescrits ? Fallait-il que le cardinal conseille aux victimes de porter plainte comme il l’a fait ou se devait-il, en plus, de saisir la justice lui-même, alors même que certaines victimes ne le souhaitaient pas ? Nous serons attentifs à ce jugement qui pourrait produire l’effet inverse à celui recherché : s’il n’est plus possible à un majeur de se confier à un autre majeur sans contraindre ce dernier à saisir la justice, la parole ne sera plus libérée mais… dans un certain nombre de cas, empêchée.

On a beaucoup parlé de silence dans cette histoire ?
C’est surtout l’histoire d’un cas de conscience : comment fallait-il réagir en 2014 lorsque le cardinal a reçu le premier témoignage d’une victime de Bernard Preynat pour des faits qui avaient 30 ans d’ancienneté ? On dit que le cardinal Barbarin a tardé à agir : lui-même le reconnait pour une part, mais il aura en fait réalisé en quelques mois ce que la justice française n’a pas su faire en 5 ans, puisque Preynat n’est toujours pas jugé. Nous comprenons que d’autres choix étaient possibles, et nous en parlions librement, mais personne ne peut dire que cette décision était facile à prendre.

Que pensez-vous de l’article de Frédéric Martel dans L’Obs ?
C’est une « enquête » propulsée sept jours avant l’appel : un calendrier qui rappelle le film d’Ozon diffusé 15 jours avant le jugement rendu en première instance. La justice de notre pays mérite mieux qu’un jeu de pression médiatique : elle veut un débat contradictoire, loin des idéologies, du buzz et du grand tribunal des réseaux sociaux. Elle veut regarder le droit. L’article de Martel est truffé d’erreurs factuelles que n’importe quel journaliste aurait pu vérifier en cinq appels téléphoniques. Comment expliquer en outre qu’il nous ait cités tous les quatre, sans jamais nous avoir interrogés, sans avoir pris contact avec les membres du conseil épiscopal ? Martel a voulu appuyer la thèse de son livre en n’interrogeant au fond que ceux qui pourraient aller dans son sens, ou ceux qu’il pourrait instrumentaliser, même contre leur gré. C’est l’automne du journalisme : les feuilles mortes du buzz se ramassent à l’appel.

Que dire des nouvelles accusations qui cette fois visent le cardinal lui-même ?
Qu’elles sont absurdes et infamantes ! Que des différends aient pu avoir lieu entre un évêque et ses prêtres ou ses séminaristes : c’est certain, mais au fond c’est le lot commun de la vie des hommes que d’être parfois en désaccord ou en conflit. Qu’un de ces différends ait pu être vécu douloureusement de la part d’un séminariste à qui le cardinal avait demandé de renoncer à la voie sacerdotale : cela aussi, nous le respectons, comme toute souffrance, que nous ne discutons pas, que nous ne connaissons pas et que nous voulons accueillir à genoux. Que ces faits soient qualifiés de harcèlement sexuel, voilà ce que nous estimons impensable et mensonger. D’ailleurs, nous observons que les témoignages plus récents de l’ancien séminariste n’emploient plus le qualificatif de sexuel. Nous qui avons côtoyé le cardinal pendant des années, nous pouvons attester sa cohérence de vie et son exigence morale, intérieure, toujours respectueuse des personnes. A-t-il interrogé son séminariste sur sa vie affective ? Peut-être. C’est à lui de le dire. Mais s’il ne l’avait pas fait, ne le lui aurait-on pas reproché plus gravement encore ? On a suffisamment insisté ces derniers temps sur la prévention, le discernement et la prudence pour lui faire ce grief-là. Voici que cette fois-ci, il décide : et on lui reproche encore. Ces affaires ont créé l’infaillibilité épiscopale : celle d’avoir infailliblement tort !


CARDINAL PHILIPPE BARBARIN

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Que va faire le cardinal Barbarin désormais ?
Dieu seul le sait. Le Pape peut-être un peu aussi. Une chose est sûre, le cardinal demandera à quitter le diocèse de Lyon, quelle que soit l’issue de l’appel, et il obéira au Pape. Mais notre conviction demeure : il peut encore donner beaucoup à l’Église. À nous qui avons reçu de lui sur les plans humains, professionnels et spirituels, nous savons que cet homme a donné sa vie à Jésus pour l’Évangile, qu’il vit actuellement un chemin de croix, et que dans ce chemin même, dans son silence, dans cette mort sociale et ecclésiale, il donne un témoignage de fidélité au Christ. Nous espérons que les Lyonnais qui l’ont aimé — ils sont nombreux — sauront lui dire au revoir et merci. Que l’histoire, à défaut de la justice des hommes, revienne à un peu plus de raison, de nuances et de perspectives. L’histoire appartient à Dieu et, nous avons appris — de lui — qu’elle s’achève par… la vérité et la miséricorde.

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