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Pourquoi dit-on « mettre sa main au feu » ?

mains près du feu

De Andreas Saldavs

Axelle Partaix - publié le 11/10/19

Notre culture et notre langue française sont fortement influencées par nos racines chrétiennes. Découvrez ces expressions que nous utilisons souvent sans soupçonner qu’elles puisent leur origine dans la tradition religieuse. Aujourd’hui : « mettre sa main au feu ».

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Voilà une expression que l’on emploie lorsque l’on est vraiment sûr de ce que l’on affirme ! Ceci dit, aujourd’hui le risque n’est pas bien grand, et même en cas d’erreur, il y a peu de chance que l’on vous oblige à mettre la main dans la cheminée ou à attraper les grillades à main nue sur le barbecue… Cela n’a pourtant pas toujours été le cas. L’origine de cette expression remonte en effet au Moyen Âge et à la pratique des ordalies. Dérivé du vieil anglo-saxon ordāl,qui signifie « départager », l’ordalie était une épreuve judiciaire permettant de trancher un litige en établissant l’innocence ou la culpabilité d’une personne. Si le mot ne vous est pas familier, son synonyme, « jugement de Dieu », l’est probablement davantage. Le principe en était le suivant : on soumettait la personne accusée à une épreuve physique très risquée, à l’issue parfois mortelle. Mais on estimait que Dieu ne pouvait laisser mourir un innocent, et que par conséquent, le résultat de l’épreuve serait indiscutablement en faveur du juste. 




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Le côté solennel et spectaculaire, voire magique, de l’ordalie, du fait de l’intervention supposée des forces divines, excitait l’imaginaire et rassemblait les foules. Il faut dire que les autorités judiciaires ne manquaient pas d’imagination. Les ordalies les plus courantes étaient celles par l’eau ou le feu. Ainsi, l’ordalie par l’eau froide consistait à plonger une personne dans de l’eau froide, souvent bénite, et à la laisser immergée pendant un certain  temps. L’historien D’Arbois de Jubainville (1827-1910) note l’interprétation parfois contraire que pouvaient avoir les « juges » d’un lieu à l’autre. Pour certains, si l’accusé se noyait, cela signifiait qu’il était coupable (une épreuve que certains apnéistes d’aujourd’hui pourraient fort bien réussir…). Mais, pour d’autres, l’eau étant bénite, s’il ne coulait pas, c’est que l’eau « refusait » de l’accepter, indiquant ainsi sa culpabilité. Il survivait donc à l’épreuve mais pas forcément à la sentence ultérieure ! 


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Pour l’ordalie par l’eau bouillante, dite aussi « épreuve du chaudron », et l’ordalie par le feu, l’accusé devait soit plonger la main dans un chaudron d’eau bouillante pour y récupérer un anneau béni, soit tenir une barre de fer rougie. Sa main était ensuite bandée et l’on regardait quelques jours plus tard l’évolution de sa plaie. Une « belle » plaie, signe d’une bonne cicatrisation, était la preuve que la personne était innocente et que sa parole ne devait pas être mise en doute, tandis qu’une plaie purulente montrait sa culpabilité. De là notre expression « mettre sa main au feu » !  

« Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu »

Si elle les a toléré, l’Église était peu favorable aux ordalies. D’Arbois de Jubainville rapporte que dès le IXesiècle, Agobard, archevêque de Lyon, écrit un ouvrage « Contre l’opinion perverse de ceux qui croient que la vérité du jugement de Dieu est manifestée par le feu, par l’eau, par la lutte à main armée ». « Nulle part, fait-il observer, on ne voit, dans l’Écriture sainte, un accusé dire : – “Envoie un des tiens qui engagera avec moi un combat singulier, et qui, s’il me tue, prouvera ma faute envers toi” ; ou “fais chauffer du fer ou de l’eau que je toucherai des mains sans en ressentir aucun mal.” Ni la loi divine, ni la loi humaine ne sanctionnent cette coutume que des hommes vains appellent “jugement de Dieu”. Serait-ce donc un jugement de Dieu, ce que jamais Dieu n’a ordonné ni voulu ? ». Les détracteurs de l’ordalie soulignent que le procédé est contraire aux paroles mêmes de Jésus : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » déclare le Christ à Satan au sommet du Temple (Mt 4, 7). 


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Mais les ordalies sont profondément ancrées dans la coutume, et la protestation d’Agobard reste longtemps sans effet. Il faut attendre 1215 pour que le pape Innocent III condamne ces usages lors du IVe concile de Latran et c’est en 1258 que saint Louis prononce leur interdiction officielle. Pour la petite histoire, savez-vous que les ordalies sont également à l’origine d’une autre expression couramment employée ? Lors de l’épreuve dite « du pain et du fromage », on gavait l’accusé de nourriture. S’il n’arrivait pas à avaler et s’étouffait, c’est donc qu’il était coupable. D’où l’expression « rester en travers de la gorge » !

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