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« Au nom de la terre », un hommage au dur quotidien de ceux qui nous nourrissent

Au nom de la terre

© Nord Ouest films

Guillaume Canet dans le film "Au nom de la Terre".

Louise Alméras - publié le 11/10/19

Sorti au cinéma le 25 septembre, le film d'Édouard Bergeon "Au nom de la terre" caracole en tête du box-office depuis deux semaines avec 837.742 entrées en cumulé depuis sa sortie. De quoi ravaler Rambo à un héros de second rang. Le film aborde le délicat sujet du suicide chez les agriculteurs. Guillaume Canet y incarne un agriculteur bouleversant de crédibilité.

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Le sujet touche et interpelle. Jusqu’à l’an dernier, les chiffres officiels évoquaient un suicide tous les deux jours chez les agriculteurs. Aujourd’hui, chaque jour a son mort. Et pourtant, l’histoire vraie qui a inspiré le film a eu lieu à la fin des années 1990, il y a deux décennies déjà. Ce n’est autre que l’histoire du père du réalisateur. Ayant grandi dans ce milieu, dont il connaît la dureté et la réalité, Guillaume Canet a immédiatement accepté de revêtir le rôle du protagoniste Pierre Jarjeau.

La beauté du métier face aux désillusions

Cheveux au vent, soleil d’été, champs de blé et belle moto, l’entrée en matière de Guillaume Canet fait rêver. Il revient d’un séjour dans un ranch américain. Nous sommes à l’aube des années 1980 et Pierre Jarjeau s’apprête à racheter avec sa femme l’exploitation familiale. Un beau projet d’avenir qui ne va pas se passer comme prévu. Pour rentabiliser ses bâtiments et éponger ses dettes, il se lance dans l’élevage intensif de poulets, avec la promesse de mise sur le marché par le vendeur du concept. C’est le début d’un engrenage de prêts, d’heures de travail, d’accumulation de productions diverses. Face à un père exigeant, orgueilleux et habitué au travail, il n’a aucun soutien dans ses essais pour tenter de faire vivre la ferme.

Quand son père se moque de son élevage en batterie et de la piètre nourriture qu’il donne aux poussins, nous sentons bien le piège dans lequel nombre d’entre eux sont tombés. Le père lui-même piquait ses chevreaux aux antibiotiques. Parce que la loi, ce sont les acheteurs et les distributeurs qui la font. Et que les investissements sont colossaux quand il s’agit de travailler dans le milieu agricole. Quand Pierre lui lance, — et l’on sent bien la vérité de ses mots — : « Ils ne veulent pas mettre d’argent dans ce qu’ils mangent, alors s’ils préfèrent avaler de la merde, c’est ce que je vais produire. » Le déclin arrive quand le bâtiment prend feu. Une longue descente aux enfers commence. Guillaume Canet parvient d’ailleurs, avec un grand talent, à rendre compte de cet état de défaillance, où la vie devient bientôt une course sans fin aux remboursements de prêts. Bientôt, la dépression, puis un séjour dans un centre de santé. Sans jamais n’avoir aucune satisfaction ni gratification du travail bien fait, avec des prix du marché sans cesse en baisse, comment se sentir fort et capable de tenir ?

Du drame à la prise de conscience : la société peut-elle changer ?

Le ton du film est clairement dramatique. Mais le réalisateur a tenu à rendre visible la vivacité de la jeunesse et ses espoirs qu’incarne le fils de Pierre Jarjeau joué par Anthony Bajon (La Prière).

Au nom de la terre
© Nord Ouest films

Ce sont aussi ceux qu’Édouard Bergeon souhaite susciter chez le public, et plus particulièrement les futurs agriculteurs, qu’il rencontre lors de projections spéciales. Trouver des solutions, penser autrement, ne pas baisser les bras sont instinctivement les réactions que l’on éprouve même si l’on sort également hébété du film. Surtout dans une époque où le virtuel est bientôt en passe de se faire doubler par un besoin pressant de protéger la nature. Le succès du film évoque encore autre chose : le décalage entre l’ignorance et le dénigrement des métiers agricoles, le fameux agribashing, qui fait fureur ces derniers mois sur les réseaux sociaux et dans de nombreux médias, avec l’intérêt du public pour un tel sujet. Suite aux scandales liés au glyphosate et à la mode de la production biologique, il devient presque criminel de travailler la terre aux yeux de certains, qui ne savent pas grand chose de la réalité du métier et des intentions et désirs réels des producteurs.

Au nom de la terre
© Nord Ouest films

Avec un suicide par jour, nous tuons l’homme et le nourricier avec lui. Un système permis par des normes à grande échelle et une politique de consommation et de profit. Le film rappelle enfin une partie du Sérotonine de Michel Houellebecq ou, plutôt, lui fait écho à travers la défense du milieu agricole. Et l’on y pense aussi quand Pierre Jarjeau est sous antidépresseurs, cette sérotonine que l’on vend pour tenter de réparer ce qui a été vidé de son sens. La fin de tout cela ne devrait pas être celle que l’on voit à l’écran et qui a existé pour de vrai. Le long-métrage est un bel hommage du réalisateur à son père, à tous ceux qui ont connu cette fin tragique et à ceux qui voudraient encore pouvoir l’éviter.

Au nom de la terre
© Imdb

Au nom de la terre (2019), d’Édouard Bergeon, avec Guillaume Canet et Anthony Bajon, 1h50.




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Tags:
AgricultureCinéma
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