Matthias et Agnès, un couple de lavallois, et leurs deux enfants Isaure, 10 ans, et Côme, 2 ans, ont navigué sur la Méditerranée pendant six mois. Sillonnant les côtes adriatiques, découvrant la renversante beauté de la Création. Ils avaient trois objectifs : vivre une aventure familiale, nettoyer les plages des déchets plastiques et rendre grâce à Dieu. À l’occasion de la journée mondiale du nettoyage de la planète ce 21 septembre, Aleteia a décidé de vous partager leur témoignage.Tout a commencé à l’hiver 2018. Alors que le froid fatigue les enfants et décourage certains foyers, le cœur de Matthias est en feu. “C’est en écoutant le sermon de notre prêtre un dimanche de février que j’ai eu la conviction qu’il fallait que nous vivions un temps fort, une aventure en famille pour resserrer nos liens, pour apporter de la matière à cette vie de famille, cette vie de couple et y mettre du ciment”. Prenant conscience que “cette vie monotone et régulière pouvait être un peu toxique”, cet amoureux de la mer et de la navigation, décide de mettre sa famille en mouvement.
En réfléchissant, il s’imagine prendre la mer six mois. Avant les 3 ans du petit dernier Côme, il peut demander à son employeur, six mois de congé parental. Les cases pragmatiques sont cochées. Maintenant, il faut en parler à son épouse, Agnès. “Partir avec un camping-car, sur la terre ferme, pourquoi pas. Mais partir en bateau, c’était plus compliqué”, se remémore-t-il. Si Matthias maîtrise la voile, elle non.
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Pourtant, ils en reparlent sérieusement l’été suivant. Matthias a le temps de mûrir son projet. “Assez vite, j’ai eu la conviction qu’il fallait apporter des dimensions supplémentaires à cette aventure” détaille Matthias. Il s’intéresse à la pollution plastique des eaux : les chiffres sont faramineux. Il décide alors d’œuvrer pour la préservation de la maison commune. Pour Agnès, il s’agit également d’un pèlerinage d’action de grâce. Comment ne pas remercier Dieu pour les deux merveilleux enfants venus au monde après des complications.
Ils décident d’emporter avec eux plus de 80 intentions de prière qu’on leur a confié et qu’ils liront lors de la prière du soir. Le plus compliqué est de trouver le bateau. Heureusement, la Providence survole leur projet avec bienveillance. Un navigateur leur en prête un. Les choses se mettent progressivement en place et, au bout de quelques semaines, la famille est prête à partir.
La vie sur le bateau
Concrètement, la famille vit au jour le jour. Le matin, le capitaine de bord regarde la météo marine et la journée se dessine en fonction de celle-ci. “La matinée était libre pour faire une promenade, une visite et on naviguait l’après midi pendant la sieste de Côme. Et quand la météo commandait de faire différemment, on faisait différemment”. Isaure avait deux heures de classe par jour. Cette vie qui s’adapte à tout moment, est une autre forme de lâcher prise. “Le temps est notre parcours”, assurent le couple. Un lâcher prise qui ne va pas sans tension. Car sur un bateau, la vie n’est pas de tout repos. Ils racontent : “Le soir on se couche tôt car le vent fatigue. Le bateau bouge et sans arrêt on doit compenser son équilibre : même musculairement c’est fatiguant”.
Quant aux plages qu’ils découvrent, ils gardent en tête leurs objectifs environnementaux et nettoient les déchets, les mettant dans des sacs réutilisables. Mais le travail est immense. Rapidement, un paradoxe les peine : le cadre est idyllique, la Création est à l’apothéose de sa beauté, notamment “dans une petite crique paradisiaque d’Ithaque, c’était une des plus belles que nous ayons vue, pourtant c’était également ici qu’il y avait la plus grosse concentration de déchets. Nous avons ramassé près de 200 bouteilles”. La beauté est salie. Agnès ajoute : “Ulysse aurait pleuré en revenant de Troie”. Pailles, bâtons de sucettes, bouteilles en plastique, fragments de polystyrène ou de sac en plastique, la famille passe trois quarts d’heures sur les plages à ramasser ces déchets. En partant, regardant derrière eux, ils pouvaient être frustrés : il restait encore beaucoup de chose à faire. Pourtant, “c’était très satisfaisant de repartir en se disant : cet endroit est plus propre après mon départ, qu’à mon arrivée”.
Six mois d’aventure… un quotidien qui change.
Après six mois d’aventure, il semble impossible que le quotidien de cette famille ne soit pas impacté. Ils ont pris conscience, notamment, de leurs niveaux de confort, “sur le bateau la vie est rustique, l’eau n’est pas courante, l’électricité n’est pas illimitée, nous devons gérer l’eau, l’électricité, la vaisselle, le linge… “. En revenant dans leurs maisons, ils estiment avoir beaucoup de chance, c’est un motif d’action de grâce en plus.
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Ils ont également appris la prière quotidienne. “Sur le bateau, nous dînions et puis après il n’y avait rien d’autre à faire que de prier”. La superficialité d’une vie semble être élaguée, ne laissant que l’essentiel. Enfin, Matthias conclue en rappelant que “nous pouvons être un touriste ou un promeneur normal tout en ramassant ce que l’on voit”. L’écologie n’est plus un cliché pour eux, elle est une manière de vivre. Agnès témoigne : “Il y a eu une conversion que je n’avais pas opérée avant. C’était la première fois, dans ma prière que je demandais pardon à Dieu pour la Création que les hommes abîment”.