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Vacances avec sa belle-famille : apprendre à pardonner

KTO MOŻE BYĆ DUCHOWYM PIELGRZYMEM

Edifa - publié le 02/08/19 - mis à jour le 11/07/22

Il n’y a pas de belle-fille parfaite, ni de gendre idéal, ni de belle-mère idyllique, ni de beau-père irréprochable. "Les hommes ne peuvent vivre ensemble s’ils ne se pardonnent pas les uns les autres de n’être que ce qu’ils sont", disait le père François Varillon. À lire avant les vacances familiales !

La vie de famille blesse. Comparaisons, jalousie, humiliations, critiques, manque de reconnaissance, fausses appréciations, calomnies, gaffes diverses, sans parler des offenses profondes, la vie de famille est l’occasion de mille égratignures, parfois de profondes meurtrissures. “Les relations familiales sont les plus difficiles à vivre, alors qu’on rêve qu’elles soient les plus faciles, souligne Christine Ponsard. L’amour rend vulnérable : on est plus profondément blessé par un enfant ou un conjoint que par la voisine ou la boulangère.” Les blessures sont d’autant plus vives que les attentes sont fortes, les susceptibilités aiguës, et les incompréhensions fréquentes entre familles différentes.

“Le pardon, c’est le pain quotidien des familles, car on y attend beaucoup les uns des autres”, confirme le père Jean Monbourquette, auteur de Comment pardonner ? (ed. Bayard). Dans ses retraites de pardon, ce prêtre et psychologue québécois insiste beaucoup sur la nécessité de pardonner la déception. “Parents, enfants, conjoints, beaux-parents, chacun voudrait que l’autre soit parfait, dit-il. Il y a des espoirs, des frustrations. La déception créée une blessure, qu’il faut guérir.”

Désamorcer les charges affectives

Nombre de quiproquos et d’équivoques sont provoqués entre conjoints par les charges émotionnelles qui se cachent sous les mots comme autant de pains de plastic. “Ma maman, c’est dans mes tripes ; ta mère, c’est dans mon cerveau !”, lance à des jeunes mariés le père Marie-Christophe lors d’une réunion de son “SAM” (service après mariage), où les questions de famille sont évoquées sans “langue de buis”.

Le prêtre explique sa boutade : “Quand vous parlez de votre maman, il y a 90 % d’affectif et 10 % de rationnel dans vos propos ; quand votre conjoint évoque votre maman, la proportion s’inverse : 10 % d’affectif et 90 % de rationnel. C’est normal, ce n’est pas sa mère ; mais ce déséquilibre émotionnel fausse beaucoup de discussions conjugales. Il y a sous les mots une charge affective énorme amassée au long des années, avec ses connivences, ses affections, mais aussi ses blessures, ses souffrances, que l’autre n’éprouve pas, et qu’il va falloir se dire”.

Pour désamorcer ces mines, la communication conjugale exige une douce patience et une écoute délicate. Sinon, on peut très vite se faire très mal. Et tomber dans le cercle vicieux du ressentiment.

Le ressentiment, une drogue dure

“Le ressentiment, c’est le poison de la famille, prévient le psychiatre Dominique Megglé, qui en constate les ravages chez certains patients. C’est une drogue dure : il procure un plaisir vicieux et destructeur, et créé une accoutumance qui pousse à accroître les doses. Dès qu’il apparaît, il faut l’évacuer !”

Pour cela, le pardon est une médication à consommer sans modération. La seule solution pour absoudre “ces mots de belle-mère qui comptent double”, ou les flèches des belles-filles. “L’une d’elles, à qui je demandais en entrant dans sa cuisine si je ne la dérangeais pas, m’a répondu, très cool : “De toutes façons, vous me dérangerez toujours !””, témoigne Laurence, 62 ans, membre de la “guilde des BIB” (Belles-mères intimement blessées).

Brigitte, 68 ans, trois belles-filles, ne cache pas quant à elle avoir reçu un certain nombre de “claques” : “Je ressemble aujourd’hui à cette statue des trois petits singes, dont l’un a les mains sur les yeux, le second les mains sur les oreilles, le troisième les mains sur la bouche : je suis devenue sourde, aveugle et muette. Je réponds “oui” à tout ce que mes belles-filles demandent. J’ai appris la patience et l’abnégation. Ma priorité : que ça marche dans les ménages. Alors, je m’écrase”.

Le seul fait d’avoir blessé doit susciter une démarche de pardon.

“Il y a deux raisons de demander pardon, précise le père Marie-Christophe : parce que j’ai eu tort ; et parce que j’ai blessé. Or il est très masculin de penser — et certains beaux-pères réagissent ainsi — : “Mais j’ai raison ! Donc je n’ai pas à demander pardon !” Or, avoir raison n’empêche pas de blesser. Au contraire, on blesse souvent quand on a raison, par arrogance. Le seul fait d’avoir blessé doit susciter une démarche de pardon.”

“Décider de pardonner est primordial, souligne Paulette Boudet, mère de famille et écrivain, auteur de Le Pardon, chemin de vie (Desclée de Brouwer). Mais le chemin peut en être très long. Les blessures profondes demandent tout un travail de guérison avant qu’il puisse être question de pardon”.

Faire la vérité sur les non-dits

“Nombre de ruptures familiales sont liées à la rigidité d’esprit des parents, à leur indifférence ou à celle des enfants, à un amour maternel possessif, à des questions d’argent, d’héritage, de jalousie, de rivalités entre frères et sœurs”, note un curé de paroisse après vingt ans d’observation. Ce prêtre d’une cinquantaine d’années ne cache pas sa tristesse devant les blocages apparemment insolubles de certaines relations. “Prenez par exemple cette femme et sa belle-fille : elles habitent à trente secondes à pied l’une de l’autre, et ne se parlent plus depuis cinq ans ! Chacune croit avoir raison et campe sur son bon droit ; aucune ne fait le premier pas vers l’autre.”

Le plus difficile à pardonner à ses beaux-parents, bien souvent, ce ne sont pas leurs ingérences ou leurs vexations, mais les blessures qu’ils ont pu infliger à leur enfant la plupart du temps involontairement. “Je ne peux aimer mon conjoint en vérité que si je le reçois comme fils ou fille de ses parents, insiste Christine Ponsard. Or chaque enfant est blessé, car chaque parent est blessant. Il faut donc, un jour ou l’autre, que je pardonne à mes beaux-parents ces blessures que je rencontre chez leur enfant et qui rejaillissent plus ou moins gravement sur notre vie conjugale.”

couple

Catherine, sage-femme, mère de trois enfants, confie à ce propos : « Je supportais difficilement chez mon mari son manque de confiance en lui, cela m’énervait profondément. Cela provenait de son père qui l’avait toujours écrasé de son autorité toute-puissante. Je n’ai pu pardonner ce manque à mon mari tant que je n’ai pas pardonné à mon beau-père ».

“Mais la réconciliation est difficile, prévient le père Marie-Christophe. Elle suppose la lucidité sur la blessure causée, et une ouverture réciproque des deux “partis”. Or certains parents refusent l’idée qu’ils aient pu blesser leurs enfants. Certains ont écrasé et étouffé leurs enfants ; d’autres ne leur ont fourni aucun repère. De véritables pathologies familiales se développent parce que ces dégâts sont niés. Elles aboutissent à des choses très mal vécues qui ne peuvent être mises à la lumière. Il faut beaucoup d’humilité pour reconnaître les imperfections de son éducation et constater ce qui se vit mal dans sa famille.” Le conjoint peut aider dans cette douloureuse mise au jour, si son regard demeure bienveillant, exempt de tout jugement.

“La réconciliation en famille implique parfois de faire la vérité sur des non-dits familiaux qui pèsent lourd sur les relations, et tenter d’éliminer le poison de ce qu’on appelle les “secrets de famille”, qui peuvent rendre invivables certaines situations”, confirme Christine Ponsard, qui voit dans la belle-famille “un don de Dieu, un défi, et un trésor” : “C’est, comme le couple, un amour à construire, que nous n’aurons jamais fini de construire”.

Plonger nos blessures dans la miséricorde

Des paroisses organisent parfois des cérémonies spéciales de réconciliation familiale. “Afin de remettre les compteurs à zéro dans nos familles, dit un pasteur qui se félicite de l’initiative ; de redonner une juste relation parents-enfants par une démarche concrète de réconciliation ; de plonger nos blessures familiales dans la miséricorde du Père.” Peut-être ne faut-il pas attendre pour renouveler ces “grands pardons” et les inscrire dans nos liturgies familiales et paroissiales ?

“Il y a un mystère pascal de crucifixion et de résurrection dans les relations familiales, assure Jean Villeminot, père de cinq enfants, et diacre. Il faut que le lien du sang meure, d’une certaine façon, pour renaître dans un autre type de communion.” Selon le prophète Malachie, “l’annonce de la venue du Messie va être le retour du cœur des pères vers leurs fils et le retour des fils vers leurs pères”, lit-on dans l’Ancien Testament. On aimerait ajouter : “le retour du cœur des belles-filles et des gendres vers leurs beaux-parents, et des beaux-parents vers leurs belles-filles et leurs gendres”. Et dès demain si vous le voulez bien. Grâce au courage de la lucidité, à l’audace de la communication, à la conversion du regard, à l’humilité du pardon, à la prière de supplication, les “pièces rapportées” peuvent devenir des “valeurs ajoutées”, et la “belle-doche” une belle-maman. Le bonheur, quoi.

Luc Adrian

Tags:
FamillePardonVacances
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