L’injonction divine rapportée par la Bible dans la Genèse est sans équivoque pour l’espèce humaine : “Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la” (Gn 1, 28). La fécondité et la multiplication des hommes constituent ainsi l’un des commandements premiers. Le rôle dévolu à la femme pour accomplir cette mission, même si l’homme ne saurait être écarté, reste central, c’est elle qui portera en son sein la descendance des hommes. Si la Bible manifeste un modèle classique de patriarcat dans lequel l’homme détient le pouvoir et l’autorité, la place des mères est ainsi plus particulière et importante de par la descendance qu’elles rendent possible.
Une lecture sensible de l’Ancien Testament permet de dresser le portrait de ces mères illustres ou anonymes qui ont marqué les premiers temps de la foi monothéiste. Si les affaires religieuses demeuraient la plupart du temps hors de la sphère d’influence de la femme, étant donné qu’elle se tenait séparée des hommes pour la célébration des cultes, l’amélioration de son statut lui venait de sa maternité, la stérilité étant considérée comme un déshonneur et une punition pour avoir péché contre Dieu.
Une mère donnant de nombreux enfants à son mari correspondait à un signe de fertilité, synonyme de prospérité, une image qui a longtemps perduré jusqu’aux temps modernes. Ce statut de mère ne l’empêchait pas pour autant de s’occuper des tâches ménagères et de se consacrer aux nombreux travaux des champs, autre persistance qui s’est également prolongée… Enfin, signe de sa grande précarité, une veuve sans enfant mâle se voyait contrainte d’épouser son beau-frère.
Ces maternités exceptionnelles de la Bible
Mais certaines femmes ne pouvant être mères vont cependant bénéficier dans les textes bibliques des plus grands miracles. L’Ancien et le Nouveau Testament ne comptent plus, en effet, le nombre de femmes stériles qui vont finalement pouvoir enfanter par leur foi en la grâce divine – même à un âge avancé. Il est intéressant de relever que le mot en hébreu qui désigne la stérilité est au féminin. Sarah, l’épouse stérile d’Abraham, enfantera Isaac malgré son grand âge. De même, la femme d’Isaac, Rébecca, ne pourra elle aussi lui donner d’enfant, jusqu’à ce que le Seigneur écoute sa prière et lui accorde les jumeaux Ésaü et Jacob.
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Anne, également stérile, promet quant à elle de donner son futur fils au service du Seigneur s’il accomplit son vœu ; elle donnera naissance à Samuel, un des prophètes. La stérilité sert de contrepoint à l’écoute de la Parole : si le cœur de l’homme – et de la femme en l’occurrence – se rapproche de Dieu en écoutant ses paroles, il donnera du fruit, métaphore trouvant grâce dans ces maternités exceptionnelles que la prophétie d’Isaïe sublime ainsi : “Crie de joie, femme stérile, toi qui n’as pas enfanté ; jubile, éclate en cris de joie, toi qui n’as pas connu les douleurs ! Car les fils de la délaissée seront plus nombreux que les fils de l’épouse, – dit le Seigneur” (Is 54, 1).
La Maternité divine
Élisabeth, cousine de la Vierge Marie, perpétue dans le Nouveau Testament cette longue lignée de femmes n’ayant pu enfanter. Alors qu’elle a atteint un âge avancé, l’ange Gabriel annonce à son mari Zacharie qu’elle donnera pourtant naissance à un enfant qui aura pour nom Jean, le futur Jean le Baptiste.