Aleteia logoAleteia logoAleteia
Mardi 19 mars |
Saint Joseph
Aleteia logo
Décryptage
separateurCreated with Sketch.

« Et là, levant la tête, de la fumée. Horreur. » Un témoin présent à Notre-Dame raconte

notre-dame-paris-capture.jpg

Capture Twitter Tom Masson

Un incendie ravage Notre-Dame de Paris, 15 avril 2019.

Hélène Bodenez - publié le 16/04/19

EXCLUSIF : Hélène Bodenez, professeur de Lettres à Paris, était à la messe à Notre-Dame lundi en fin de journée quand l'alarme incendie s'est déclenchée. Elle raconte comment elle a vécu cet évènement tragique. L’Alléluia de dimanche promet une saveur particulière.

Sans donateurs, l’avenir d'Aleteia s’écrit en pointillé.
Pour qu'Aleteia reste gratuit et pour faire rayonner l’espérance qui est en vous,
faites un don à Aleteia !

JE FAIS UN DON

(avec déduction fiscale)

Pas de messe dans ma paroisse le lundi. En prenant le 47, en ce Lundi saint, je serai rapidement à Notre-Dame. J’arrive à 18h20, un peu en retard pour la messe de 18h15 célébrée par mon ancien curé de la paroisse Saint-Lambert, le père Carrau.

L’alarme en pleine messe

La lecture vient de se terminer et j’entends le psaume 26 chanté « Le Seigneur est ma lumière et mon salut. » L’évangile de saint Jean, l’onction à Béthanie, est proclamé. L’homélie commence. Le père Carrau n’a pas eu le temps de prononcer grand-chose quand une sorte d’alarme fait entendre alternativement une sirène puis une voix très forte qui dit un message inaudible, en plusieurs langues.




Lire aussi :
Notre-Dame brûle, la France sur la croix

Dans le chœur, la dame à côté de moi me demande si j’ai entendu comme elle « le gros bruit ». Je lui réponds par l’affirmative bien que ne sachant pas précisément d’où ça venait ni ce que cela recouvrait. Plutôt en hauteur et à gauche. Habituée aux alertes incendie en tant qu’enseignante, je me demande cependant si c’en est une. Mais les vigiles arrivent et font évacuer tout le monde. Mêmes les fidèles de la messe. Aux alentours de 18h35.

Quand nous nous retrouvons dehors, nous ne savons pas ce qu’il en est. Les vigiles non plus. Très à cheval sur les procédures, ils rembarrent vigoureusement tous ceux qui veulent passer outre. Les grilles se ferment. Puis, alors que les touristes ne peuvent plus entrer, quelques fidèles dont je suis sont autorisés à rentrer, à rejoindre le prêtre pour continuer la messe interrompue. Plus de micro. Mais des personnes derrière et autour de l’autel s’affairent bruyamment dans cette cathédrale désormais vide, silencieuse. Le père Carrau a quitté l’ambon pour être plus proche de cette poignée de fidèles et commence deux phrases pour être interrompu très très vite : des hurlements nous intiment de sortir. On sent l’affolement grave. On obtempère sur le champ ; nous sommes dehors à nouveau à la vitesse de l’éclair. Incendie, attentat ? On déguerpit sans demander son reste.




Lire aussi :
Notre-Dame de Paris défigurée mais debout

La fumée entre les deux tours

Dehors à nouveau. Un peu sonnée. La messe ce n’est pas pour ce soir. Et là, levant la tête, de la fumée. Horreur. Il est aux alentours de 18h50. L’incendie est déclaré. Personne autour de moi ne croit pourtant que c’est grave. Ce n’est simplement pas possible. Mais au fur et à mesure que les minutes s’écoulent la sidération est palpable, celle de tous ceux qui sont présents, la mienne évidemment énorme. Les larmes me montent aux yeux.

Les périmètres de sécurité commencent à être mis en place. Les sirènes de police et de pompier à retentir. Les policiers arrivés en renfort nous font reculer sur un ton qui ne souffre pas d’opposition. D’abord un peu, et puis quelques minutes plus tard beaucoup plus loin pour évacuer toute la foule agglutinée. Une lourde fumée sort de la petite rosace qui me fait face. Mais bientôt après la fumée, l’orange et le rouge des flammes s’élancent dans le ciel. Des flammèches commencent à voler. La flèche est atteinte. La vitesse du feu est hallucinante. Des exclamations épouvantées fusent avec des « oh non ! » poignants.

en_01372451_1286.jpg
FRANCOIS GUILLOT/AFP/East News

L’arc-en-ciel et le pompier

La zone est à libérer. D’urgence. Je décide de ne pas rester. Je pars au moment où la grande échelle des pompiers de trente mètres lance enfin de sa lance sur les quatre-vingt-dix mètres de hauteur l’eau tant espérée. Un arc-en-ciel se forme dans les éclaboussures d’eau. Au cœur du malheur, toujours ces petits signes… Depuis le déluge, nous savons qu’il est le signe de l’alliance indéfectible de Dieu et de son peuple.

En ce début de semaine sainte 2019, après le « Hosanna au plus des Cieux » des Rameaux d’hier, à deux jours de la messe chrismale, Pâques se profile décidément dans une épreuve toujours plus lourde et qui paraît n’avoir pas de fin. L’Alléluia de dimanche promet une saveur particulière.




Lire aussi :
Témoignages : les flammes de Notre-Dame brûlent le cœur des Français

En images : l'incendie de Notre-Dame de Paris
Tags:
Notre-Dame de Paris
Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Faites du soutien de notre mission votre effort de Carême 2024.

Notre mission ? Offrir une lecture chrétienne de l’actualité et transmettre l’espérance du Christ sur le continent numérique.

Nous sommes les missionnaires du XXIème siècle : accompagnez-nous par vos dons !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts.

(avec déduction fiscale)
ASSISE-Ictus-x-Aleteia.gif
Le coin prière
La fête du jour





Top 10
Afficher La Suite
Newsletter
Recevez Aleteia chaque jour. Abonnez-vous gratuitement