L’interview d’une mère qui avoue sans exprimer de regrets avoir tué son jeune fils lourdement handicapé a indigné ces derniers jours une partie de l’opinion et du personnel politique.
Le média en ligne Konbini, très présent sur les réseaux sociaux, concentre tout ce qu’on peut imaginer de superficialité, de médiocrité, de facilité… Servi par un grand professionnalisme, il cible les moins de 30 ans. Et rejoint sa cible avec efficacité.
Si je vous parle de ce site d’« infodivertissement », c’est parce qu’il a créé l’événement le 4 mars dernier, en donnant la parole, par le biais d’une vidéo largement visionnée, à Anne Ratier, qui revendique d’avoir provoqué la mort de son fils handicapé il y a trente-deux ans. Le handicap du petit garçon était très lourd, consécutif à une anoxie néonatale. Il a été tué par sa mère, à l’âge de 3 ans, au moyen d’un surdosage massif de neuroleptiques, un empoisonnement. La mère se félicite publiquement de ce geste, en parlant de dignité, demandant une attitude similaire pour elle-même si elle venait à subir un lourd handicap.
« Toute vie vaut la peine d’être vécue »
En première approche, on pourrait être tenté d’exprimer de la compréhension, d’hésiter à porter un jugement négatif. L’Union nationale des associations de parents inadaptés a réagi en parlant d’« interview biaisée par des sous-entendus ». L’Unapei encourage Hugo Clément, le journaliste qui interviewe Anne Ratier, à s’informer sur le polyhandicap : « Les personnes polyhandicapées sont des êtres humains à part entière et leur existence ne se résume pas à une somme de déficits. » Pour l’Unapei, « fondamentalement, toute vie vaut la peine d’être vécue, et personne n’a le droit de prendre ou reprendre la vie d’un autre ».