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En Voix vers l’Unité des chrétiens !

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Constance Ory

Les Voix de l’Unité

Constance Ory - publié le 24/01/19

Voilà maintenant dix ans que le séminaire catholique Saint-Sulpice d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et le séminaire orthodoxe russe Sainte-Geneviève d'Epinay-sous-Sénart (Essonne) sont de grands amis. En septembre dernier, ils accordent leurs voix et sortent un album haut en couleurs intitulé "Les Voix de l’Unité" (Editions JADE) qui fait résonner les deux traditions en un même chœur. C’est une première en France !

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Aleteia : quel est le point de départ de cette amitié ?

Étienne Matrot, séminariste au séminaire catholique Saint-Sulpice : il y a dix ans, lors de la création du séminaire Sainte Geneviève, les supérieurs de chacun des séminaires, le père Alexandre Siniakov et Mgr Didier Berthet (aujourd’hui évêque de Saint-Dié), étaient amis ; c’est de leur profonde amitié que sont nés de fréquents échanges entre les deux maisons. Chaque année, pendant une semaine, des séminaristes échangent leur place pour apprendre à connaître la spiritualité de l’autre, vivre et développer cette amitié. Nous participons également à des temps de prière communs pour des temps forts comme un Vendredi Saint vécu ensemble il y a quelques années.

Comment cet album, « Les Voix de l’Unité », s’inscrit-il dans cette amitié ?

Etienne Matrot : il s’inscrit dans une véritable continuité avec ce que l’on peut appeler maintenant une grande amitié, une tradition, même ; mais elle a apporté quelque chose d’encore plus concret. Travailler ensemble à la réalisation d’un objet commun ; pas côte à côte, mais ensemble. Parfois l’œcuménisme a quelque chose de très abstrait, parfois d’idéal, parfois de superficiel ; mais là il s’agit, en plus de la prière, en plus de ces échanges habituels, de se mettre à la même table de travail, de planifier, de faire des remarques, de chanter, de recommencer et enfin, de se mettre d’accord sur la note finale.




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Chanter ensemble a consolidé votre amitié ?

Père Emmanuel Goulard, Recteur du séminaire catholique Saint-Sulpice : chanter ensemble, c’est particulier ; « Chanter, c’est prier deux fois » dit Saint Augustin. Cet album est une prière commune, une communion. Mais plus encore, chanter, c’est respirer ensemble, unir un même souffle créateur, chercher l’accord sans faire passer sa voix au-dessus de celle des autres. Chanter c’est mettre son corps au service de la prière, il y a quelque chose du poids de l’incarnation qui cherche à s’élever vers Dieu. Sentir que malgré les différences, nous faisons partie d’un même corps, et nous avons un même élan.

Quelle était la place de la prière dans cette amitié ?

Kirill Gibrov, séminariste au séminaire orthodoxe Sainte-Geneviève: Notre liturgie en est une partie visible à l’œil charnel, mais elle en est aussi une icône à travers laquelle comme par une porte nous accédons près du trône de Dieu. Bien évidemment, le chant y occupe une place très importante. En effet, dans toutes ces descriptions de la liturgie céleste, le chant est la forme essentielle de la louange que les puissances angéliques rendent à Dieu. Dans l’hymne de l’offertoire que nous chantons à la liturgie eucharistique depuis plus de mille ans, il y a ces paroles : « Nous qui représentons mystiquement les Chérubins et chantons à la vivifiante Trinité l’hymne trois fois saint, déposons tous nos soucis du monde. » La tradition liturgique témoigne par cela, que le chant de louange est la forme la plus élevée, peut-être la plus originelle et certainement la plus authentique des rapports entre la créature et son Créateur. C’est un avant-goût du Ciel qui se vit dans cette fraternité, dans ce chant.

Etienne Matrot : je crois d’ailleurs que le plus beau fruit de notre aventure Les Voix de l’Unité est que nous ayons pu si souvent nous retrouver pour chanter ensemble nos offices liturgiques, tantôt à Épinay tantôt à Issy ; en nous ouvrant ainsi aux traditions liturgiques de l’autre, nous avons formé ensemble une louange à notre Dieu, d’une même voix et d’un même cœur.

Comment vous êtes-vous mis d’accord sur le répertoire, à quelle source puisez-vous ?

Sergey Volkov, chef de chœur du Séminaire orthodoxe Sainte-Geneviève: d’un côté, il fallait que nous choisissions les œuvres qui représentent bien l’esthétique actuelle de la musique sacrée orthodoxe de la tradition slave. D’un autre côté, ces œuvres devaient être adaptées à la langue française pour souligner l’universalité de notre tradition et pour donner le sens et la vie à la structure musicale des hymnes. Le problème pouvait paraître insurmontable.

Clément Ryder, chef de chœur du séminaire catholique Saint-Sulpice : il fallait honorer la richesse de nos deux traditions en assumant nos identités respectives. Il y a à la fois des résonances catholiques avec les notes du dominicain André Gouzes, le Salve Regina chanté en grégorien dans la tradition bénédictine et de belles compositions comme le O Salutaris Hostia de Caplet et des résonances orthodoxes qui se trouvent dans les chants de tradition byzantine. L’ensemble trouve sa cohérence autour du thème de l’eucharistie, central. C’est ce qui nous réunit par-dessus tout. À une ou deux exceptions près, toutes les pièces que nous avons choisies sont des pièces que nous chantons réellement dans les liturgies de nos séminaires.




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Sergey Volkov : depuis le XVIIe siècle les églises orthodoxes de tradition slave ont développé un chant sacré polyphonique que l’on entend aujourd’hui dans la plupart des paroisses. En revanche, les églises orthodoxes de tradition grecque ont gardé le style ancien monophonique du chant ecclésiastique byzantin. Celui-ci, ensemble avec son frère cadet — le chant grégorien — m’intéresse beaucoup comme la seule tradition musicale ininterrompue de l’Église chrétienne. Je l’écoute beaucoup, il m’aide à méditer et mieux comprendre les textes liturgiques byzantins dont la plupart ont été composés sur cette musique. Dans les célébrations communautaires, nous utilisons le chant polyphonique et pour moi cela représente toute une autre expérience. Nous chantons en chœur et je le trouve très précieux dans la prière de l’assemblée chrétienne : chacun ayant sa partition et son rôle dans le chant, nous formons un corps unique et harmonieux afin de glorifier Dieu du même cœur et par les mêmes lèvres.

Vous êtes deux chefs de chœur, comment cela s’est-il passé ?

Clément Ryder : très bien ! Nous nous sommes mis au travail ensemble, et avons dirigé chacun à notre tour, alternant direction et chant ! Il faut dire que le travail d’harmonisation a été beaucoup plus facile que prévu : les timbres de voix des uns et des autres se sont mélangés très naturellement !

Vous parlez d’amitié entre les séminaires ; cette amitié est-elle vécue entre les séminaristes ?

Etienne Matrot : oui ! Les séminaristes se voient régulièrement, et de façon tout à fait informelle. Certains, par exemple, vont le dimanche soir chez les orthodoxes pour les vêpres, se voient en dehors du séminaire. Nous allons à nos ordinations respectives. Le jeudi soir, des séminaristes orthodoxes viennent jouer avec nous au foot sur un terrain que nous prête la ville d’Issy. D’ailleurs, notre équipe se prépare pour le tournoi inter séminaires qui aura lieu à Lyon le 4 mai ! Et dans notre équipe, deux joueurs viennent du séminaire orthodoxe ! Nous unissons nos forces jusque sur le terrain !

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Constance Ory
Les membres des deux séminaires.

Quelles différences se font le plus ressentir lorsque vous travaillez ensemble ?

Etienne Matrot : le bon point de départ, c’est que nous nous reposons sur une véritable confiance respective : nous sommes bien différents et cette différence nous empêche de nous comparer en permanence. Aucun de nous n’essaye de tirer la couverture à soi et personne ne soupçonne l’autre de vouloir le faire ! C’est la force de notre foi commune. Cependant, il est vrai que par nos cultures respectives nous n’avons pas la même manière de travailler et nous ne pensons pas forcément les choses de la même manière : il faut faire un effort supplémentaire pour être sûrs de bien se comprendre.

Un point particulier à noter en écoutant votre CD ?

Etienne Matrot : oui, faites attention au premier titre, le Notre Père de Rimski-Korsakov et au dernier titre, Allez par toute la terre de Berthier qui ont la particularité d’être chantés par la totalité des membres des deux séminaires, une soixantaine de séminaristes et prêtres catholiques et orthodoxes ! Ils unissent ainsi leurs voix au chœur, composé de onze catholiques et de sept orthodoxes. Tous les bénéfices de ce projet vont à l’Aide à l’Eglise en Détresse, pour le chrétiens de Syrie. Une raison de plus de se rassembler.

Tags:
MusiqueoecumenismeOrthodoxesseminariste
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