La basilique Saint-Pierre, la chapelle Sixtine et même la paroisse Sainte-Anne sont connues des visiteurs et pèlerins du Vatican. Le petit État compte toutefois d’autres lieux de prière, habituellement fermés au public. Découvrez aujourd’hui Saint-Étienne-des-Abyssins. Derrière le chevet de la majestueuse basilique Saint-Pierre de Rome, se cache une église de taille bien plus modeste quoique plus ancienne. Celle-ci porte le nom du premier martyr chrétien : saint Étienne.
Le 14 juillet 2018, une photo avait fait le tour du monde, celle du pape François recevant, comme un simple curé de paroisse, le consentement d′un couple — un Garde suisse et une employée des Musées du Vatican — se mariant dans le plus petit État du monde. La célébration de la messe du mariage se tenait à Saint-Étienne-des-Abyssins. Blotti entre le palais de justice et la tombe de l′apôtre Pierre, cet édifice religieux est traditionnellement choisi par les employés du Saint-Siège pour s’y marier.
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Dans son unique nef à six travées, guère plus d′une centaine de personnes peuvent se tenir assises sur les bancs de part et d′autre de l′allée centrale. L’intérieur est simple et sobre. Fraîchement repeints lors d’un récent ravalement, les murs affichent une couleur rose. Unique décoration, une frise ornée de motifs géométriques fait le tour de l’édifice sur le mur au dessous du toit à chevrons. Une grande arche traverse par ailleurs l’église. Mais fait notable : elle n’est pas centrée sur l’axe principal de l’église, mais légèrement décalée sur la gauche.
De multiples restaurations
Petite, certes, mais assurément antique. Le pape Léon le Grand (440-461) avait décidé de bâtir une église sur les ruines d′un ancien temple païen. Initialement, on avait choisi de conserver les plans de l′ancien édifice, c′est-à-dire circulaire avec vingt colonnes corinthiennes. À cette période déjà, on l′a placée sous la vocable de saint Étienne. Un saint que l′Église commémore désormais le 26 décembre.
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L′édifice connaît ensuite plusieurs restaurations. Près de sept siècles plus tard, en 1159, elle est d′abord reconstruite par Alexandre III (1159-1181). Le souverain pontife en profite alors pour y ajouter un monastère qu′il confie à des moines originaires de la Corne de l′Afrique, l′Abyssinie. En 1479, le pape Sixte IV (1471-1484) la remet à neuf pour l′assigner à son tour à des moines coptes d′Ethyopie et d′Erythrée. C′est à ce moment que l′église prendra définitivement le nom de Saint-Étienne-des-Abyssins. Aujourd′hui encore, le Collège pontifical éthiopien, au service des chrétiens d’Éthiopie et d’Érythrée, y demeure relié.
Premier diacre, premier martyr
Sous son fronton triangulaire, sur la façade de type baroque tardif, on y lit l′épigraphe datant de 1706 “S. STEPHANO PROTOMARTYR”, ce qui signifie “saint Étienne premier martyr”. La Tradition chrétienne le considère également comme le premier diacre chargé d′assister les apôtres. D′après les Actes des Apôtres dans le Nouveau Testament, c′est un homme plein de foi, de grâce et de puissance. Instruit et prêchant avec ardeur, Étienne n′hésite pas à se rendre au cœur de la vie de foi de ses contemporains, dans les synagogues, pour annoncer la Bonne Nouvelle annoncée par le Christ : la promesse du Salut.
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C′est au cours de l′un de ses discours, à Jérusalem, qu′il est accusé de blasphèmes puis condamné à mort. On le traîne hors de la Ville sainte, vers l′actuel couvent des dominicains de Saint-Étienne de Jérusalem, afin qu′il soit lapidé. Un témoin particulier, marqué à jamais, assistera à cette mort cruelle : un certain Saül, futur saint Paul. À quelques pas seulement de Saint-Étienne-des-Abyssins, sur la place Saint-Pierre, se dresse d’ailleurs une statue de ce citoyen romain devenu par la suite l’apôtre des gentils, et mort à son tour en martyr de la foi.