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Montreuil : des casiers en libre-service pour les gens de la rue

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Emmaus Alternatives

Amaury Bucco - publié le 18/10/18

Après une expérience réussie au Portugal, Emmaüs Alternatives vient de lancer en France les premiers casiers solidaires. Accessibles 24h/24 ils permettront aux SDF de mettre leurs affaires en sécurité tout en étant suivis.

L’initiative ne sort pas de nulle part. Venue du Portugal, où quelques 60 casiers sont installés dans la capitale, elle a su faire ses preuves depuis trois ans. “Nous avons été impressionnés par la simplicité de ce projet et par son impact positif immédiat sur la vie des personnes qui vivent dans la rue”, s’enthousiasme ainsi Catherine Di Maria, directrice générale d’Emmaüs Alternative, à l’initiative du lancement en France. Implantés dans l’espace public et accessibles 24 heures sur 24, douze casiers solidaires sont désormais accessibles depuis le 15 octobre dernier à Montreuil, place de la Croix de Chavaux. Ils permettront aux SDF de pouvoir mettre à l’abri leurs affaires dans un endroit sécurisé et ainsi de moins s’exposer aux risques quotidiens de vol (papiers, argent, vêtements, souvenirs…).

“Mais il ne s’agit pas de fixer les gens dans la rue !”, nuance Catherine Di Maria. Le stockage sécurisé des affaires personnelles est un bénéfice presque secondaire, le premier étant la réinsertion progressive des utilisateurs. Le contrat passé avec chacun d’eux comprend un accompagnement social hebdomadaire leur permettant de créer du lien social autour de l’accès au casier. Au Portugal, où la démarche est depuis longtemps expérimentée, les résultats sont bien là. Plus de deux tiers des personnes ayant quitté le dispositif ont pu sortir de la rue pour trouver un emploi, un logement, un centre de désintoxication ou une communauté d’insertion. Et les témoignages ne manquent pas : “Quand j’ouvre le casier, c’est comme si j’avais une maison”, atteste l’un des usagers portugais, tandis qu’un autre avoue qu’il se sent bien plus léger. “J’avais un problème sur la tête qui pesait 100 kg ; maintenant il pèse 40kg”.

Au moins 30 casiers en 2019

Sur un plan plus symbolique, cette action s’inscrit pour Emmaüs dans un contexte de lutte contre le “mobilier urbain” : grilles, jets d’eau ou bancs segmentés installés pour éviter la présence d’SDF. “Ces casiers rendent leur place aux personnes SDF dans l’espace public, là où la tendance est plutôt de les effacer”, ajoute la directrice générale d’Emmaüs Alternatives, qui espère pouvoir propager le dispositif ailleurs en France. Prochaine ville visée par l’association, Arras, mais aussi Paris. Le nombre de casiers solidaires pourraient ainsi passer de douze à trente en 2019, “voire plus, si d’autres villes comme Lyon ou Marseille décident de rejoindre l’aventure. Le projet a déjà fait ses preuves au Portugal, nous n’avons donc aucune raison d’attendre avant de l’étendre”.


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Mais l’élargissement du périmètre des casiers n’est pas chose aisée. En plus de l’accord et de la collaboration des villes, l’association fait face à la difficulté de recueillir des fonds. Pour cette première salve de casiers, Emmaüs Alternatives a pu s’appuyer sur la Fondation Abbé Pierre, SFR et Emmaüs France. Trois fondations privées. “Mais le plus difficile ce n’est pas tant la collecte de fonds et l’installation de casiers que l’accompagnement des utilisateurs. Car il nous faut un engagement constant des services publics pour pouvoir suivre les SDF et les réinsérer”, ajoute Catherine Di Maria.

Malgré l’automne tardif, l’hiver 2018-2019 est bien parti pour être le plus froid depuis dix ans. L’initiative d’Emmaüs Alternatives arrive donc au bon moment. Car si les casiers solidaires ne mettront pas directement les SDF à l’abri, ils pourront néanmoins contribuer à maintenir un lien social nécessaire pour éviter que leurs utilisateurs meurent de froid ou permettre de stocker des couvertures, par exemple. Chaque année de nombreux SDF meurent dans la rue, notamment à cause du froid. Entre le 1er janvier et le 14 février 2018, quarante-huit d’entre eux étaient décédés en France selon le collectif Morts de la rue.

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