La traite des êtres humains est aussi vieille que l’humanité. La crise au Venezuela en est un révélateur. Fuyant leurs pays, de plus en plus de vénézuéliennes gagnent l’Espagne et en sont victimes.L’exode des Vénézuéliens fuyant la crise dans leur pays a entraîné une augmentation de la traite des êtres humains. C’est notamment vrai en Espagne. Les jeunes femmes, déterminées à quitter leur pays d’origine y sont exploitées sexuellement. L’une des inspectrices de l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre a donné quelques détails sur ce fléau : cette année, la police nationale a sauvé plus de 200 femmes victimes de la traite en Espagne. Si la plupart d’entre elles sont de nationalité roumaine, nigériane et dominicaine, le nombre de Vénézuéliennes commence à augmenter. “Il y a eu une augmentation significative”, déclare-t-elle. “Entre 2016 et 2017, le nombre de femmes vénézuéliennes sauvées des réseaux de traite d’êtres humains avait augmenté de 50%.”
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Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime d’ailleurs que 2% des Vénézuéliennes âgées de 15 à 49 ans vivant à l’étranger ont survécu à des violences sexuelles. “Leur estime de soi est au plus bas”, révèlent les rapports, “les femmes sont totalement brisées et ont le sentiment que leur corps n’est que de la chair”. La plupart d’entre elles souffrent de stress post-traumatique dû à leur vécu (notamment le passage à tabac de ceux qui les forcent à se prostituer). Selon les mêmes données officielles, 90% des prostituées ne sont pas libres.
L’histoire de Laura, une mineure vénézuélienne, racontée par CNN en espagnol est à ce titre édifiante : “Il y a quelques semaines, elle a pris l’avion pour l’Espagne depuis son Venezuela natal. Ce qu’elle ignorait, c’est que sa famille l’avait vendue et qu’elle arrivait dans le pays ibérique pour se prostituer, selon l’hypothèse des autorités espagnoles qui enquêtent toujours sur son cas. À l’aéroport de la capitale, des membres d’un réseau de traite des personnes l’attendaient pour l’amener dans un appartement où, d’après les autorités, elle serait exploitée sexuellement et soumise à divers harcèlements. Heureusement, les agents de la police nationale, formés pour identifier ce type de victimes, ont été plus rapides et l’ont récupérée à temps.”
D’une dure réalité à une autre
Comment arrivent-elles en Espagne ? Tous les jours, des petites barques partant des côtes de la péninsule de Paraguaná (Venezuela) accostent sur les rives de Curaçao et “déchargent” les filles vénézuéliennes qui ne portent souvent rien d’autre que des maillots de bain, pour tromper les garde-côtes qui surveillent l’arrivée des étrangers dans ce pays des Caraïbes. Elles se dirigent droit vers un esclavage dont elles ne reviendront pas, malgré les efforts des ONG. Toutefois, elles sont prêtes à tout pour échapper à l’hyperinflation qui prévaut au Venezuela.
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Elles deviennent des victimes à partir du moment où elles acceptent que des mafias de la traite des personnes paient leur billet d’avion pour un autre pays, les reçoivent à l’aéroport. Elles sont alors priées de se prostituer pour régler à leurs négriers hébergement et nourriture. Assommées par ces dettes, elles ne peuvent pas faire autrement. Quand ces mafias, pour mieux les retenir et les soumettre, ne leur “prête” pas de l’argent qu’elles sont priées de rembourser en travaillant dans les bars. Il leur est presque impossible de se débarrasser de ces dettes qu’elles contractent indéfiniment. Les esclaves sexuelles qui ont pu être sauvées avouent avoir vécu un véritable enfer. Mais retourner dans un pays en ruines n’était pour elles pas une option.