Mère Nazaria Ignazia March Mesa, espagnole mais active en Bolivie, sera canonisée par le pape François.“Toi, Nazaria, suis-moi”. La jeune Espagnole n’a que 9 ans quand elle entend son premier appel du Seigneur. C’est le jour de sa première communion. Depuis, elle ne pense qu’à embrasser la vie religieuse. “Je vais suivre Jésus, d’aussi près que le peut une créature humaine”, ne cesse-t-elle de clamer. Même si cela n’est forcément pas du goût de sa famille qui, agacé par ses dévotions, va jusqu’à l’empêcher, un jour, d’aller à la messe.
Quatrième d’une fratrie de dix enfants, Nazaria Ignazia March Mesa est issue d’une famille modeste et nombreuse de Madrid. Ses parents s’expatrient au Mexique dans l’espoir du trouver du travail et une vie meilleure. Au cours de la traversée, Nazaria a un premier contact avec des religieuses qui provoquent en elle une grande admiration et l’envie de se consacrer, comme elles, aux personnes âgées abandonnées. C’est décidé, elle rejoindra leur institut — Instituto de Hermanitas de Ancianos Desamparados — en 1908, sous le nom de Nazaria Ignacia de Sainte-Thérèse-de-Jésus. Elle prononce ses vœux perpétuels en 1915, et la congrégation l’envoie aussitôt à Oruro, en Bolivie
“L’heure de Dieu est venue…”
Quelques années plus tard, inspirée par les exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, Nazaria se sent appelée à établir un nouvel ordre consacré à la mission, à l’évangélisation et à l’éducation religieuse. Elle fonde en 1925 la première communauté religieuse bolivienne pour femmes, sous le nom de Missionnaires de la croisade pontificale, renommée plus tard congrégation des Missionnaires croisées de l’Église. “L’heure de Dieu est venue”, lui a dit son évêque en approuvant son initiative. “La route sera terrible, douloureuse à l’extrême — l’a-t-il prévenue — et vous devrez la parcourir seule. Mais dites-vous que vous travaillerez pour l’Église, pour la gloire de Dieu et des âmes”. Dans son journal, elle écrit : “Je me suis sentie avec la force et la foi des martyrs. Je suis prête à donner mon sang, ma vie, à hisser le drapeau papal, et à former un régiment d’âmes apostoliques qui luttent pour la Sainte Église aux côtés du Pape et de ses évêques”.
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La religieuse espagnole met tout son cœur et toute son énergie à répandre son œuvre en Bolivie, où ses missionnaires se distinguent pour leurs idées considérées audacieuses pour l’époque, soutenant en particulier la promotion sociale et professionnelle des femmes dans le pays. Prophètes de la Nouvelle évangélisation, leur expansion ne se fait pas attendre. Dans toute l’Amérique du Sud, au Portugal, en Espagne, en France, en Italie et au Cameroun. Leur mission : soutenir la catéchisation des enfants et des adultes, tout en soutenant les prêtres, en menant des missions et en imprimant des tracts religieux.
Son corps resté intact
Mère Nazaria est morte de pneumonie à Buenos Aires, en Argentine, le 6 juillet 1943, laissant derrière elle une grande réputation de sainteté et de bonté. “Soyez unies, soyez unies ! toutes ensemble, toutes ensembles”, recommande-t-elle à ses missionnaires avant d’expirer. Son corps a été transféré à Oruro dans la chapelle de la congrégation qu’elle avait fondée. Un an après sa béatification par Jean Paul II, en 1992, sa dépouille a été retrouvée presque intacte lors de son déplacement dans une autre crypte. Une découverte considérée depuis comme “un signe de sainteté” par les Boliviens.
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