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Les États-Unis aux prises avec la mortalité infantile

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Paul De Maeyer - publié le 29/08/18

L'Agence fédérale pour le contrôle et la prévention des maladies révèlent des données qui en disent long sur le fossé racial

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Les États-Unis possèdent plusieurs centres d’excellence en médecine. Deux des plus célèbres sont La clinique Mayo à Rochester (Minnesota) et l’hôpital Johns Hopkins à Baltimore (Maryland). Existent aussi le Children’s Hospital de Boston (Massachusetts) et le Childrdn’s Hospital Medical Center de Cincinnati (Ohio), deux établissements pédiatriques réputés.

Néanmoins, dans la plus grande économie du monde, le taux de mortalité infantile [1] est plus élevé que dans des pays comme l’Australie, le Canada, Cuba, la France, l’Allemagne, le Japon, la Nouvelle-Zélande ou le Royaume-Uni. En effet, pour l’année 2015 – avec 5,9 décès pour 1.000 enfants nés vivants – le taux est environ deux fois plus élevé aux États-Unis qu’en Italie (environ trois décès pour 1.000 enfants nés vivants).

Bien que le taux ait baissé de 14% par rapport à 2005 (6,86), ce qui surprend, et inquiète, c’est à la fois la grande disparité entre les différents États de l’Union et le fossé « racial » qui ressort des données pour la période 2013-2015, diffusées en janvier dernier par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), l’agence fédérale de contrôle et de prévention des maladies.


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Disparité entre les États

En effet, dans 21 états sur 50, soit près de la moitié d’entre eux, la mortalité infantile dépasse la moyenne nationale de 5,90. Il s’agit en particulier des pays du Sud, mais aussi du Centre-Nord. Le taux est également étonnamment élevé dans le District de Columbia (DC), c’est-à-dire dans le district fédéral de la capitale Washington (7,65).

L’état qui affiche le taux le plus élevé de tous les temps est le Mississippi (9,08). Suivent dans un ordre décroissant : L’Alabama (8,52), la Louisiane (7,92), l’Arkansas (7,63), la Géorgie (7,44), le Delaware (7,43), l’Oklahoma (7,42), la Virginie occidentale (7,22), l’Indiana (7,21), la Caroline du Nord (7,16) et l’Ohio (7,13).

En bas du classement se trouve le Massachusetts, où le taux de mortalité infantile est de 4,28%, soit moins de la moitié que celui du Mississippi. Les autres États où ce taux est peu élevé sont, dans l’ordre croissant : l’Iowa (4,41), la Californie (4,50), le Vermont (idem), le New Jersey (4,53), l’état de Washington (4,63), le New Hampshire (4,69), l’état de New York (4,72) et le Colorado (4,85). La Virginie (5,91) et le Wisconsin (5,92) sont les états où le taux se rapproche le plus de la moyenne nationale.

Comme le souligne Natalie Rahhal dans le Daily Mail, qui cite des données du World Fact Book de la CIA, l’état du Mississippi, avec un taux de 9,08%, s’inscrit entre Bahreïn (8,90) et la Thaïlande (9,20). Des pays comme le Sri Lanka (8,40), l’Ukraine (7,80) et le Liban (7,40) sont mieux lotis que le Mississippi. Sachant que les pays les plus vertueux en la matière sont officiellement la Principauté de Monaco (1,80), le Japon (2,0) et l’Islande (2,10).

Un fossé racial ?

Les données des CDC montrent également que le taux de mortalité le plus élevé chez les enfants nés de mères blanches non hispaniques était de 7,04 pour 1.000 enfants nés vivants dans l’État de l’Arkansas, alors que le taux le plus bas a été enregistré dans le district de Columbia : seulement 2,52.

Dans neuf autres états, la mortalité infantile chez les enfants de femmes blanches non hispaniques était « significativement » inférieure à la moyenne nationale (4,95), dont le New Jersey (3,15), le Massachusetts (3,44), le Connecticut (3,53), la Californie (3,75), New York (3,81), le Colorado (4,13) et l’Iowa (4,15).

Outre l’Arkansas, ce taux était « nettement » supérieur à la moyenne nationale dans treize autres pays de l’Union, tels que la Virginie occidentale (7,02), le Mississippi (6,91), l’Oklahoma (6,86) et le Maine (6,66).

En ce qui concerne les enfants nés de femmes hispaniques, le taux le plus élevé a été enregistré dans l’État du Michigan (7,28). Presque le double par rapport au taux le plus bas de 3,94 pour 1.000 enfants nés vivants enregistré dans l’Iowa. Seuls quatre autres États avaient un taux « significativement » inférieur à la moyenne nationale estimée à 4,99 : en Floride (4,23), en Californie (4,43), au New Jersey (4,52) et à New York (4,62).

En plus du Michigan, il y a sept états où le taux était « significativement » plus élevé que la moyenne nationale, comme dans l’Ohio (6,92), le Connecticut (6,91), le Mississippi (6,87) et l’Alabama (6,50).

La situation la plus dramatique touche les enfants nés de femmes noires non hispaniques. Dans ce « sous-groupe démographique », le taux de mortalité le plus élevé a été enregistré au Wisconsin : jusqu’à 14,28 décès pour mille enfants nés vivants. Ce taux, comme le souligne l’agence fédérale, est 1,7 fois plus élevé que le plus bas des taux (8,27) dans le Massachusetts.

Alors que la moyenne nationale pour ce groupe est de 11,10, il y a sept États en plus du Massachusetts où le taux était « significativement » plus bas. Parmi ces États, l’Iowa (8,46), Washington (8,55), New York (8,77) et le Colorado (8,87). Le taux était « significativement » plus élevé dans six autres pays (à l’exception du Wisconsin), par exemple en Ohio (13,46), en Alabama (13,40) et en Indiana (13,26).

Différence « très éloquente ».

Plus frappant encore, estiment les CDC, le fait que le taux de mortalité le plus bas chez les enfants de femmes noires non hispaniques – 8,27 au Massachusetts – était encore plus élevé que chez les enfants de femmes blanches non hispaniques (7,04 en Arkansas) et chez les enfants de femmes hispaniques (7,28 au Michigan).

On relève également que le taux de mortalité national moyen chez les enfants de femmes noires non hispaniques (11,10 pour mille enfants nés vivants) est deux fois plus élevé que chez les enfants de femmes blanches non hispaniques (4,95) et chez les enfants de femmes hispaniques (4,99). Comme dit l’auteur principal de la recherche, T.J. Mathews, démographe au National Center for Health Statistics, cité par Fatherly.com, « pour les personnes qui ne réfléchissent pas nécessairement à cette question, cela en dit long ».

L’exception californienne

Alors que la mortalité infantile est restée plus ou moins stable aux États-Unis entre 2014-2016, des progrès encourageants ont été réalisés dans l’État de Californie où, comme relève le Daily Mail du 9 août dernier, après avoir constaté ce phénomène alarmant il y a 20 ans, les médecins ont travaillé « méthodiquement » pour améliorer « les chances de survie des nouveau-nés ».

Dans cet État, qui est non seulement le plus peuplé de tous les États-Unis avec une population d’environ 40 millions d’habitants, mais aussi celui  où naît un enfant américain sur huit (488.827 en 2016), la mortalité périnatale a en effet diminué de 8%, passant de 5,22 décès pour 1.000 enfants nés vivants en 2014 à 4,79 en 2016.

C’est un programme lancé il y a vingt ans à l’initiative du Dr Jeffrey Gould, spécialiste en néonatologie à San Francisco, qui a fait la différence. Aujourd’hui le California Perinatal Quality Care Collaborative (CPQCC) comprend 140 unités de soins intensifs néonatals (NICU) disséminées dans tout l’État, dont le réseau recueille des données de 90% des hôpitaux californiens. Le modèle CPQCC a été suivi dans la plupart des États membres de l’Union, dans certains cas avec le soutien financier des CDC.


1] Par mortalité infantile on entend les décès d’enfants au cours de leur première année de vie. Le terme mortalité périnatale ou néonatale désigne les enfants nés morts ou décédés au cours de leur première semaine de vie.

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États-Unis
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