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Pier Giorgio Frassati raconté par sa nièce

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A gauche Pier Giorgio Frassati, à droite : Wanda Gawrońska, la nièce du bienheureux Pier Giorgio.

Marzena Devoud - publié le 04/07/18

La nièce du bienheureux Pier Giorgio, Wanda Gawronska, s’est confiée à Aleteia. Si elle n’a pas connu son oncle béatifié en 1990, la figure de ce jeune saint, mort le 4 juillet 1925 à l'âge de 24 ans, l’a bouleversée. À tel point qu’elle parcourt le monde, malgré ses 90 ans passés, pour témoigner de la sainteté tellement moderne et joyeuse de Pier Giorgio Frassati.

Aux JMJ de Cracovie en 2016, le pape François a invité les jeunes du monde entier à suivre l’exemple du saint patron de l’évènement, Pier Giorgio Frassati : “Soyez comme lui !” les a-t-il enjoint. Étudiant, alpiniste et membre du Tiers Ordre Dominicain, Pier Giorgio Frassati naît en 1901 dans une famille renommée et aisée. Plutôt que de jouir de cette situation, Pier Giorgio choisit la vie au service des plus pauvres et des malades dans les faubourgs de Turin, au nord de l’Italie.

Actif au sein de l’Apostolat de la Prière, il œuvre à Société de saint Vincent de Paul tout en s’engageant avec ambition dans la politique de son pays. C’est dans la prière qu’il trouve à l’évidence toute son énergie. Il assiste à la messe chaque jour et profite de tous ses moments libres pour méditer. D’une grande volonté, son humilité est désarmante, aux côtés d’une gaieté sans pareil et d’une énergie inépuisable. Il meurt soudainement le 4 juillet 1925 à l’âge de 24 ans, après avoir contracté la poliomyélite.

Béatifié en 1990 par saint Jean Paul II, le pape polonais en fera un modèle de sainteté pour les jeunes. Sa nièce, Wanda Gawronska y est indiscutablement pour quelque chose… C’est un Pier Giorgio Frassati “intime” qu’elle nous propose ici de découvrir.

Aleteia : Comment était Pier Giorgio enfant ? Que disait-on de lui dans la famille ?
Wanda Gawronska : Dès son plus jeune âge Pier Giorgio avait un lien particulier avec Jésus. Il en parlait. Il était sensible aux personnes dans le besoin et très attentif aux gens pauvres. Un jour, alors qu’il n’avait pas plus de cinq ans, il a vu une femme avec son enfant pieds nus qui s’étaient abrités sous le porche de sa maison. Allant au devant d’eux, il a ôté ses chaussures et les a tendues à la mère. C’était tout Pier Giorgio. On me demande souvent si Pier Giorgio a reçu une révélation spirituelle spéciale à un moment particulier de sa vie. En fait, rien de tel n’a jamais eu lieu. Il a reçu la grâce de Dieu à la naissance, c’est elle qui rendait sa foi encore plus profonde. Ce qui frappe dans sa vie c’est sa cohérence, sa continuité dans une vraie authenticité.

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Pier Giorgio avec son père Alfred Frassati, éditeur, journaliste et homme politique, fondateur et propriétaire du journal La Stampa. Turin, 1913.

Il était incapable, paraît-il, de mentir…
Cela ne lui serait jamais venu à l’esprit ! Je souligne toujours que c’est son éducation qui lui a donné sa grande droiture. Il y avait aussi autre chose : « Avoir peur » était interdit dans notre famille. Un enfant ne pouvait pas dire qu’il « avait peur ». Un jour, en pleine nuit, un cousin a avoué en présence de Pier Giorgio qu’il avait peur du noir. Pour donner l’exemple, la mère du futur bienheureux l’a immédiatement envoyé dans le jardin afin qu’il ferme le portail. Il n’était pas question d’avoir peur du noir !

Pier Giorgio a connu les échecs scolaires…
Il a redoublé deux fois sa classe, ce que lui a été finalement salutaire. Pour ne pas perdre une année scolaire, ses parents l’ont inscrit dans une école privée tenue par des Jésuites. Pour la première fois il se retrouvait alors dans un milieu où il pouvait approfondir sa foi. Sous l’impulsion de son directeur spirituel, Pier Giorgio allait communier tous les jours dès l’âge de 12 ans – fait exceptionnel pour l’époque. Mon oncle a gardé cette pratique de communier quotidiennement jusqu’à la fin de sa vie. On peut donc dire que ses échecs scolaires lui ont apporté quelque chose d’essentiel puisqu’ils lui ont permis de vivre une profonde expérience très tôt, grâce à sa nouvelle école.

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Pier Giorgio Frassati à lâge de 16 ans.

Le pape Benoît XVI a rendu hommage à sa miséricorde : “Giorgio était une personne simple et efficace. C’est au travers de gestes simples qu’il transmettait la Parole de l’Evangile”.
C’est sa foi qui lui donnait cette simplicité. Pier Giorgio n’était pas un philosophe. Ses actes étaient spontanés, ils étaient la conséquence de ce en quoi il croyait. Il lui était impossible d’agir autrement. Pier Giorgio s’occupait des malades, sa présence auprès d’eux et son écoute étaient exceptionnelles. Les pauvres et les personnes en situation de précarité sont devenus une seconde famille pour lui.




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Les soins corporels ne lui faisaient pas peur : il a été très actif pendant l’épidémie de grippe espagnole (en 1918 ndlr.). Pier Giorgio apportait aussi une aide financière, mais ce n’était pas le plus important. Ce qui comptait le plus pour lui, c’était de donner un sentiment de dignité à ceux qui en manquent le plus. Je suis furieuse lorsque je lis que Pier Giorgio donnait aux pauvres tout ce qu’il avait en poche. Certes, lorsqu’il avait de l’argent sur lui, et si cet argent devait servir à payer son ticket de tramway, il le donnait si l’occasion se présentait, et rentrait chez lui à pied… Mais avant tout il donnait de sa personne. Il aimait être avec les démunis, il les cherchait, il les écoutait, il se souciait d’eux, il les soignait. Il se sentait responsable de leur devenir.

Sur son lit de mort, il donnait encore des recommandations ce qu’il fallait aider pour les uns ou les autres…
Oui, c’est vrai. Un jour Pier Giorgio a dit à ses amis : “le Christ vient me rendre visite tous les jours lors de la communion”. Moi, je lui rends visite en étant auprès des gens dans le besoin, je rends visite à Ses pauvres”. Lorsqu’on lui demandait où il trouvait la force d’aller dans les taudis puants, il répondait : “C’est parmi ceux qui souffrent et parmi les pauvres, que je vois la lumière. Cette lumière que nous n’avons pas”. Ma mère m’a raconté qu’il avait constamment les poches pleines de feuilles de papiers, des ordonnances rédigées par des médecins pour soigner les uns, des adresses utiles pour les autres. Juste avant sa mort, il a demandé à sa soeur de regarder dans sa poche où se trouvaient des seringues et des bouts de papier remplis de notes. Il lui a demandé de lui donner une feuille et un stylo.




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De sa main presque entièrement paralysée par la maladie, il a rédigé d’une écriture à peine lisible ses dernières volontés à l’attention de ses amis : “Ce sont des seringues pour Conversa, le récipissé du mont-de-piété est à Sappa, transfères-le sur mon compte”. Ensuite il a perdu connaissance. Il s’occupait de ses malades avec un dévouement bouleversant. Il accompagnait les mourants. Un jour, lors d’une visite à un lépreux, il a dit à une amie une phrase qui ne m’a jamais quittée : “Tu vois, nous qui sommes en bonne santé, nous devons la consacrer à ceux qui sont malades car si nous ne le faisions pas nous serions des traîtres vis-à-vis de Dieu”. Nous sommes en bonne santé afin d’aider ceux qui en sont dépourvus. Mes jambes marchent parce que les leurs n’avancent pas. Ce n’était pas de la grande philosophie. C’était juste spontané, naturel et simple.

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Wanda Gawrońska avec le pape Jean Paul II à l'exposition consacrée à Pier Giorgio. Basilique du Latran à Rome, 1984.

Il n’avait alors que 24 ans !
Même s’il était très jeune, Pier Giorgio a été assurément un des précurseurs du rôle des laïcs au sein de l’Église. Quarante ans avant le Concile Vatican II, il avait parfaitement compris l’importance du laïcat dans l’Église. Il le ressentait intuitivement et il a montré l’exemple en l’appliquant. C’est pour cette raison que le pape Jean-Paul II l’a érigé en modèle de sainteté lors du Synode des évêques sur le laïcat en 1983.

L’amitié était pour lui quelque chose de très important
Oh oui, l’amitié était sacrée. Il a créé avec ses amis la “Compagnie des types louches” dont le mot d’ordre était : “nous sommes peu nombreux mais délicieux comme des pâtes”. Pier Giorgio était persuadé que la foi ne pouvait se transmettre que dans la joie. Le but de cette compagnie était d’organiser des randonnées en montagne. Mais comme il l’écrivait : “Nous serons indéfectiblement liés par la foi qui nous a réuni pendant nos excursions. C’est elle qui est le fondement d’airain de notre amitié”. Ce lien indéfectible était la prière. Aujourd’hui, aux quatre coins du monde, des groupes de jeunes se réunissent sous la bannière des “Types louches”.

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Déjeuner avec ses amis. Turin, 1924. Ensemble, ils ont crée la « Compagnie des types louches ».

Sa soeur en faisait partie ?
Non, leur amitié fraternelle était d’un autre ordre. Ils étaient très liés depuis leur plus tendre enfance. Face à l’éducation sévère de leurs parents, ils se tenaient les coudes, leur différence d’âge étant insignifiante. En février 1925, ma mère s’est mariée avec Jan Gawronski, un diplomate polonais qu’elle avait connu à Berlin lorsque son père y était ambassadeur d’Italie. Ma mère m’a raconté la grande émotion de Pier Giorgio quand il l’accompagnait à la gare le jour de son mariage. Elle savait qu’il était très ému. Son départ pour l’Allemagne était pour lui « un véritable coup en plein cœur » comme il l’a avoué à l’un de ses amis. Ma mère lui a très vite écrit une lettre. Il lui a répondu : “Tu me demandes si je suis joyeux, mais comment ne pas l’être, tant que la foi me donne de la force. Je suis toujours joyeux ! La tristesse ne devrait pas exister dans l’âme des catholiques ! La souffrance n’est pas triste ! La tristesse est la pire des maladies“.

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Pier Giorgio avec sa soeur Luciana, mère de Wanda. Berlin, 1922.

Votre famille était au courant de sa vraie vie ?
En réalité, notre famille a découvert son vrai visage au moment de son enterrement. La foule innombrable venue assister aux obsèques a été une grande surprise, ainsi que le nombre de condoléances, de télégrammes ou de lettres. Elles venaient des hospices, des hôpitaux, des refuges et d’autres endroits les plus divers. Aujourd’hui, je me demande encore comment Pier Giorgio a pu trouver du temps pour tant de monde ? Lui qui n’a vécu que 24 ans et qui terminait tout juste ses études universitaires.

PIER GIORGIO FRASSATI
Pier Giorgio Frassati | Facebook

Bienheureux Pier Giorgio Frassati

Son père, Alfred Frassati, avait fondé le journal “La Stampa” à Turin. Il était aussi sénateur. Il devait certainement avoir un plan de carrière pour son fils ?
A vrai dire, il n’y avait pas de dialogue entre eux. Peu de temps avant l’obtention de son diplôme d’ingénieur, son père a demandé à Pier Giorgio, par l’intermédiaire de l’un de ses amis, s’il serait d’accord de travailler dans le service administratif de “La Stampa”. C’était pour lui un drame. Mais comme ses parents vivaient une période difficile, au bord de la séparation, Pier Giorgio a dit oui – il était prêt à tout pour que ses parents restent ensemble. L’idée de travailler dans l’administration devait lui peser énormément mais il a accepté avec l’espoir que son père ne se séparerait pas de sa femme. A cette époque il a écrit à un ami : “J’aimerais, dans la mesure où Dieu me le permettra, transmettre la seule vérité qui soit.” Dieu lui a fait don de l’éternité, car il est mort deux mois plus tard, et ses parents ne se sont pas séparés.

Il avait placé la barre très haut…
Certainement ! Dans son appel à la jeunesse hollandaise, le pape François l’a formulé d’une manière que je trouve très belle : « (…) Dîtes non à la culture futile et superficielle qui vous met en position d’êtres faibles, incapables de relever de grands défis ! Soyez ambitieux ! Comme le bienheureux Pier Giorgio qui a écrit : « La vie sans la foi, sans héritage à défendre, sans combat pour la vérité, ce n’est pas une vie, c’est être dans un état végétatif. Nous ne devrions jamais nous laisser aller à cet état, mais vivre pleinement »

Comment vivre pleinement selon Pier Giorgio Frassati ?
Il était convaincu que pour s’engager pleinement dans la vie, il fallait être formé. La prière, les longues adorations nocturnes, le chapelet l’ont aidé à approfondir sa foi et à affermir sa force de caractère. Jean-Paul II disait que Pier Giorgio était un modèle pour nous tous. J’ai reçu récemment une lettre d’un jeune polonais qui me confiait que si “Pier Giorgio a réussi à atteindre la sainteté, pourquoi est-ce que je n’y parviendrais pas ? Cela vaut la peine d’essayer.”

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Le pape Jean Paul II prie sur la tombe de Pier Giorgio à Pollone, en Italie, juillet 1989

Jean Paul II disait que Pier Giorgio a montré que l’on pouvait être moderne et chrétien. Comment transmettre aujourd’hui le meilleur de Pier Giorgio ?
En suivant son exemple. La jeunesse de nos jours sait parfaitement qu’elle peut s’identifier à lui. Elle sait qu’en suivant son exemple, elle peut transformer sa vie en “une merveilleuse aventure”. C’est ainsi que le pape Jean-Paul II qualifiait la vie de Pier Giorgio. Oui, sa vie a été une “merveilleuse aventure”.

Découvrez de magnifiques photos de la vie de Pier Giorgio Frassati :

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